Un choix stratégique réitéré

Ouverture des capitaux de banques publiques

Le Premier ministre, alors en charge également du portefeuille des Finances, annonçait, le 5 décembre 2021, l’ouverture, en 2022, du capital de banques publiques. Bien que ce calendrier n’ait pas été honoré, puisqu’en 2022, aucune banque publique n’a vu ouvrir son capital au privé, il semble bien que cette option relève d’un choix stratégique et fasse l’objet d’une attention soutenue de la part du Gouvernement.
En effet, une année et quelques semaines plus plus tard, soit le 26 décembre 2022, le Premier ministre, M. Aïmène Benabderrahmane, réitérait la même annonce, avec cette précision qu’il est question de l’ouverture, durant l’année 2023, d’au moins deux banques publiques. Annonce que le haut responsable gouvernemental accompagnait de l’information portant la préconisation de l’ouverture de succursales bancaires dans plusieurs pays arabes en coordination avec le Fonds monétaire arabe.
Quelle forme cette ouverture des capitaux des banques publiques au privé prendra-t-elle ? Quelle sera sa dimension ? Quelles réformes réglementaires et législatives nécessite-t-elle pour susciter une manifestation d’intérêt ? Quels partenaires l’Algérie choisira-t-elle d’intégrer dans le cadre d’une prise de parts dans des banques publiques, sachant que les attentes et les implications d’un tel choix sont importantes ?
Il est évident que l’ouverture du capital de banques publiques est un geste fort de la part de l’Etat, allant dans le sens de la concrétisation des mutations bancaires tant attendues afin de faire jouer le rôle qu’il faut à ces acteurs financiers, et ce, du fait de la place qu’ils occupent dans le financement de l’économie nationale.
Il est tout aussi évident que depuis son annonce, cette ouverture est attendue par des banques étrangères, très intéressées par le taux de pénétration des banques publiques en Algérie, pays très vaste, aux potentialités financières et d’épargne très importantes, et qui savent très bien que moyennant quelques mutations dans le système bancaire national, il est possible de transformer les banques publiques algériennes pour leur donner le rôle effectif de bateau amiral du développement économique et social en Algérie.
Qu’elles soient de capitaux arabes ou mixtes, notamment AGB, ABC, Fransabank, ou de capitaux français, en l’occurrence BNP-Paribas et Société Générale, toutes ces banques attendent pour voir quelle place elles pourront avoir dans ce nouveau paysage bancaire qui se profile à l’horizon de l’ouverture des capitaux des banques publiques.
Par ailleurs, le fait que la politique gouvernementale, en matière d’encouragement des IDE, se soit tournée, ces dernières années, vers les investissements arabes, notamment en direction des pays du Golfe, et le fait, surtout, que l’annonce de l’ouverture des capitaux coïncide avec celle de l’ouverture de succursales bancaires dans les pays arabes en coordination avec le Fonds monétaire arabe, semble augurer d’une volonté de diversification des acteurs qui sera certainement profitable, en dernier ressorts, à l’économie nationale. Wait and see.
A. Rehani