Ramadhan 2023, le plus cher en dix ans

Les prix échappent au contrôle de l’Etat

Au dix-septième jour du mois de Ramadhan 2023, soit après avoir passé plus de la moitié du mois sacré, la mercuriale des prix des produits alimentaires au niveau du marché national n’est toujours pas clémente, des prix trop excessifs de la grande partie des produits alimentaires sont observés.

Des produits alimentaires industriels à des prix records, des fruits et légumes à des coûts abusifs et excessifs et des viandes ovines et bovines proposés à des prix de folie, le Ramadhan 2023 est sans aucun doute le mois sacré le plus cher durant ces dix dernières années.
Contrairement aux attentes des citoyens qui espéraient vivre un mois religieux dans la quiétude en matière du pouvoir d’achat, ces derniers étaient surpris de voir un déchaînement sans précédent des prix des produits alimentaires. «C’est le Ramadhan le plus cher qu’on n’a jamais vécu auparavant», disent la plupart des Algériens.
Non seulement les produits alimentaires mais, la hausse vertigineuse des prix, a touché également d’autres produits tels qu’électroniques, les détergents, les cosmétiques et même au-delà de ces produits. «On s’attendait à vivre un Ramadhan beaucoup plus à l’aise en matière des prix et de la disponibilité des produits alimentaires, surtout après l’augmentation des salaires, allocations-chômage et pensions de retraite, toutefois notre surprise fut grande lorsque nous avons assisté à un autre scénario, très contraire», décrypte G. Farid un sexagénaire habitant dans la commune d’Ouled Fayet (Alger).
Un plateau d’œuf marchandé à 650 DA, un kilogramme de la viande rouge vendue à 2.200 DA, un kilogramme des bananes à 550 DA, des oignons rouges vendus jusqu’à 350 DA/kg, les tomates à 200 DA/kg, même les prix des gâteaux du Ramadhan ont pris des ailes au niveau des pâtisseries et boulangeries. Une augmentation générale des prix des produits consommables. Devant et à ce rythme mercuriale, les revenus des citoyens ne peuvent tenir que la moitié d’un mois.

Aucune trace de la viande rouge brésilienne à 1.200 DA
Depuis que le Gouvernement avait pris la décision d’importer de la viande bovine et ovine depuis le Brésil, le Soudan et de quelques pays du Sahel, dans le but de réguler les prix marché national et répondre à la forte demande de la viande rouge attendue durant ce mois sacré, les citoyens ont été surpris et déçus à la fois face à l’absence totale de la viande rouge dans les étals des boucheries. Et pour cause, la viande rouge importée depuis le Brésil censée répondre aux besoins des consommateurs algériens à un prix de 1.200 DA/kg proposé et fixé à l’avance, est tout simplement inexistante au niveau des boucheries du pays. Vendues que dans les points de vente appartenant à l’Onilev, les grandes quantités de vaches importées du Brésil avant d’êtres sacrifiées à travers des abattoirs du pays, n’ont pas suffis pour répondre à la forte demande et n’ont pas pu couvrir même la moitié du marché national. Au niveau des boucheries de la capitale, ici la viande rouge importée du Brésil pour être vendue à 1.200 DA/kg spécialement pour le mois de Ramadhan, n’existe pas.
«Ils se foutent de nous, ils nous ont expliqué qu’ils vont importer des vaches et moutons depuis de nombreux pays musulmans, que les prix de la viande rouge allait baisser durant le Ramadhan, à un prix imbattable et concurrentiel, mais finalement et après plus de la moitié de Ramadhan passée, aucune trace de la viande brésilienne dans les boucheries d’Alger.
Pis, les prix de la viande rouge ont grimpé durant le mois sacré pour atteindre les 2.200 DA/kg», dira Ami Hocine, un septuagénaire résidant à Ouled Fayet.

Les coupures d’eau potable devenues trop fréquentes à Alger
Le Ramadhan de cette année a été difficile pour les ménages, car en plus des prix chers des produits alimentaires, les familles ont fait face à un autre grand souci, celui des coupures de l’eau potable vécues depuis le premier jour du Ramadhan. La Société des Eaux et de l’Assainissement d’Alger (Seaal) est en train de traverser une rude et très difficile période en ce Ramadhan 2023, où la gestion et l’alimentation de l’eau potable dans les wilayas du pays obéissent à un nouveau règlement et à un calendrier nouveau en raison de la persévérance de la sécheresse qui n’a fait que persister depuis ces quatre dernières années.
Les coupures de l’eau potable sont devenues trop fréquentes dans les plus grandes villes du pays à l’image de la capitale algéroise, où de nombreuses communes qui étaient avant le début du Ramadhan épargnées par les coupures de l’eau potable, sont durement affectées. C’est le cas dans les communes de l’Ouest d’Alger, notamment à Ouled Fayet, Douéra, Baba Hassen, Souidania, Bouchaoui ou encore Ben Aknoun, Bouzaréah, où les habitants de nombreux quartiers populaires trouvent de grandes difficultés pour s’alimenter en eau potable. «Avant l’arrivée du Ramadhan, l’eau potable coulait jour et nuit dans nos robinets mais, dès le premier jour du mois sacré, tout le monde était surpris de voir l’eau potable disparaître de nos robinets.
Désormais, l’eau n’arrive qu’une fois sur deux à trois jours. Un souci majeur qui annone un prochain été très difficile», nous dira Ami Farouk, un septuagénaire résidant à la cité des 940 logements AADL d’Ouled Fayet 3. En face de lui, un autre résidant du même quartier, Youssef âgé de 55 ans et père de deux enfants, fait part de sa colère face aux coupures drastiques et systématiques de l’eau potable en plein mois du Ramadhan.
«J’habite à Ouled Fayet depuis neuf années déjà et pendant tout ce temps passé je n’ai jamais fait face au souci de l’eau potable comme ce fut le cas durant le Ramadhan de cette année. L’eau n’arrive qu’une seule fois sur trois jours dans nos robinets, et en plus elle fuse pendant quelques heures seulement avant de disparaître à nouveau, nous sommes en train de traverser un difficile Ramadhan en matière de l’eau potable», explique le jeune père Youssef.
L’ONS et le dernier
rapport sur les prix
Malgré une hausse très significative enregistrée dans le domaine de la production alimentaire nationale et l’augmentation du volume et des capacités productives industrielles, toutefois l’Office national des statistiques (ONS) a recensé une hausse des prix des produits alimentaires sur le marché national. Dans son dernier rapport récemment rendu public et concernant le mois de février 2023, l’Office national des statistiques (ONS) a indiqué que l’indice global des prix à la consommation a enregistré une nouvelle hausse à Alger, voire une troisième consécutive au cours des trois premiers de l’année 2023.
L’indice brut des prix à la consommation de la ville d’Alger a enregistré une hausse de 1,1% en février 2023 par rapport à janvier de la même année. Les prix des produits agricoles frais ont marqué une hausse de 3,2%, notamment, la viande de poulet (+19,1%), la viande et abats de mouton (+3,3%) et les légumes (+8,2%), a indiqué le dernier rapport de l’ONS.
Selon l’Office national des statistiques, ce crescendo à la hausse, essentiellement les prix des biens alimentaires, a durement affecté le portefeuille, voire le pouvoir d’achat du citoyen.
Des produits alimentaires industriels tels que les œufs, le lait fromage-dérivés, les huiles et graisses, ont connus une hausse des prix autour d’un taux de +0,5%», poursuit la même source.
Les prix des produits manufacturés et les services, note encore l’ONS dans son dernier bulletin, ont augmenté de 0,4% et 0,2% respectivement.
S’agissant des prix des biens alimentaires, ces derniers ont enregistré une hausse de 2,0% en février 2023 par rapport au mois précédent qui a inscrit un taux dans les mêmes proportions (+1,9%). Tout comme les produits agricoles frais qui affichent une variation de +3,2%.
«En dehors des fruits et de la pomme de terre, le reste des produits accuse des hausses, les plus importantes touchent les légumes (+8,2%), la viande de poulet (+19,1%) et à un degré moindre la viande et abats de mouton (+3,3%)», fait observer le rapport de l’ONS.
Sofiane Abi