Du terrorisme islamiste à l’islamisme terrorisant

Intégrisme

Ainsi, emmailloté dans ses langes religieux enfantins et infantiles, l’Algérien refuse de s’élever à l’âge adulte de la pensée, de la rationalité, de la raison raisonnante raisonnable moderne et universelle.

Il ne tolère pas la diversité d’opinions. La diversité culturelle. La pluralité religieuse. La liberté de conscience. La conscience libérée, délibérante, délirante. La critique religieuse. La satire irréligieuse, irrévérencieuse. Le débat politique. La critique radicale. La controverse philosophique. La relégation de la religion dans la sphère privée, donc la dénationalisation de la religion (la sécularisation).
L’égalité sexuelle. Il ne tolère pas la tolérance. Surtout il ne se tolère pas lui-même, étant en conflit avec sa personnalité fragmentée, son moi clivé, en dissension avec son identité déculturée, en guerre permanente contre sa vie qu’il refuse de bâtir de ses mains dans la paix, préférant remettre son sort à la fatalité, à son Créateur, à sa rentière Nation bâtie sur ses provisions pétrolières provisoires sur fond d’un désert industriel productif. Ainsi, toute la vie de l’Algérien contemporain tourne autour de sa religion. Religion qui tire sa raison d’être d’un lointain passé depuis longtemps révolu.
Paradoxalement, cette fixation obsessionnelle sur cette période pourtant révolue et désuète de l’islam primitif et primaire de la genèse, réputée mythiquement comme glorieuse, n’est pas sans rappeler les premiers moments de vie de l’enfant accroché aux flancs de sa mère dans une relation fusionnelle et symbiotique. Cette période de l’enfance marquée par un amour exclusif et possessif manifesté par l’enfant à l’égard de sa mère. L’individuation est traumatique pour cet enfant longtemps couvé par sa mère.
Le sevrage lui est difficile, douloureux, angoissant. Toute l’existence de l’enfant tourne autour de sa personne. Le Moi règne en maître. La pensée magique domine son univers. (La pensée magique se définit comme une forme de pensée qui s’attribue ou attribue à autrui le pouvoir de provoquer l’accomplissement de désirs, l’empêchement d’événements ou la résolution de problèmes sans intervention matérielle. Ce type de pensée se manifeste principalement au cours de l’enfance et est, à l’âge adulte, appréhendé par la médecine comme un symptôme d’immaturité ou de déséquilibre psychologique.
La pensée magique est souvent associée au mysticisme, à la religion. Elle était très répandue dans les premières sociétés humaines primitives, sous la forme de l’animisme.
L’enfant vit dans sa bulle. Il ne peut concevoir d’autres univers que le sien. Il perçoit le monde adulte comme un univers menaçant. C’est aussi l’âge d’opposition. Opposition à tout ce qui contrecarre son principe de plaisir. Le principe de réalité est ignoré, méconnu. La réalité doit s’effacer devant l’imagination infantile. Aucune logique ne peut venir à bout de cette pensée magique. Pour l’enfant, son univers puéril n’a pas de début ni de fin. C’est l’éternité de l’esprit enfantin, l’infinitude de l’enfance. C’est par le prisme de la pensée magique qu’il appréhende l’existence. Son univers puéril est peuplé de fantômes. Sa personnalité est envahie par la peur irrationnelle. Sa pensée est dominée par l’animisme. Sa notion du bien et du mal est très subjective, limitative, réductrice.
Tout comme l’a magistralement analysé et développé le célèbre psychiatre algérien Khaled Benmiloud dans son ouvrage : « La Raison paramagique », traitant des fondements du sous-développement des pays du Tiers-monde, la raison prélogique
domine encore la pensée de ces populations par ailleurs imprégnées de religiosité, à l’instar de l’Algérie.
Somme toute, tout comme l’enfant réfractaire à tout processus d’individuation, cette prise de conscience d’être distinct et différent de sa mère, d’être un individu doté d’une personnalité entière capable d’évolution et de maturation accomplies par soi-même en dehors du giron maternel, l’Algérien, par sa mue régressive islamiste, éprouve également le même traumatisme à l’idée de s’affranchir de certaines de ses croyances surannées, pourtant inopérantes et inadaptées à notre époque hautement scientifique et technologique.
La régression est ce mouvement psychique de repli, retour de l’individu à ces premières phases dépassées de sa croissance, son stade infantile, opérée sous l’effet de frustrations, régression adoptée comme mécanisme défensif contre les tensions intolérables (en l’espèce, pour l’islamiste, la modernité).
La régression est couplée à celle de fixation obsessionnelle (observance fanatiquement littérale de l’islam) à l’un des stades du développement de l’individu (à la genèse de cette période de l’islam fantasmé).
La régression se caractérise également par des sentiments d’infériorité vis-à-vis de soi-même (complexe d’infériorité due au sous-développement économique), de là résulte ces manifestations d’agressivité et de violence contre les autres et soi-même (cette politique islamiste destructrice et suicidaire).
Pareillement, avec son investissement régressif de la religion, appliquée de manière pathologique, l’islamiste s’enferme-t-il dans une forme de psychose religieuse, cette perte du sens de la réalité où la pensée ne s’embarrasse pas des cadres
logiques, ni de logique encadrée par l’État civil, républicain, démocratique (il ne prête foi qu’à la Chariaâ et ne se plie que devant sa Oumma fantasmée, l’État islamique).
De là découle son rejet instinctif de tout mode de vie incompatible avec sa vision théologique islamique régressive. Son refus radical de tout autre mode de pensée, de paradigme réflexif, de modèle de vie.
De là provient sa propension fanatique à refuser toute innovation, à rejeter toute évolution. Corrélativement son inclination à plier tout Algérien à son mode de pensée primaire et d’existence archaïque, même au prix du terrorisme religieux, autrement dit l’islamisme terrorisant.
De même, tout comme l’enfant tyran qui exerce une domination sur ses parents et d’autres personnes de son entourage par une opposition pathologique systématique où la hiérarchie familiale est inversée, opérée au moyen de « mini coups d’État », l’islamiste, en conflit permanent contre l’ensemble de la société et l’autorité gouvernementale, s’acharne-t-il tyranniquement à imposer son mode de vie obscurantiste à toute la population terrorisée, à régenter le monde même au prix de dégâts collatéraux sanglants, du sacrifice d’une partie de l’humanité.
Son intolérance à la modernité sociétale suscite chez lui contrariété, hostilité, agressivité, rébellion, qui peut virer à la violence physique, voire terroriste, pour imposer son modèle de vie archaïque, son univers infantile régi par des normes sociales rétrogrades, peuplé d’utopies paradisiaques fantasmées.
Pour lui au dogme tranchant : hors de l’islam, point de salut. Son salut est au bout de la lame du couteau tranchante.
Néanmoins, le peuple algérien, désormais conscient de la toxicité et de la dangerosité de l’islamisme, ne se laissera pas leurrer une deuxième fois. Comme l’a fait remarquer le Chef d’Etat-Major de l’ANP, Saïd Chanegriha : « Le peuple algérien qui a enduré les tourments du terrorisme barbare (…) ne permettra jamais (aux extrémistes) de le leurrer une nouvelle fois. Car il est désormais conscient de leur mode opératoire sournois qui consiste à user de l’attachement des Algériens à leur religion pour atteindre des objectifs politiciens douteux, et qui s’inscrivent dans le cadre de projets destructeurs et d’agendas étrangers hostiles »
« L’État algérien ne permettra jamais le retour de ces aventuriers qui ont failli mener le pays vers le précipice et causer l’effondrement de l’État national. Ces extrémistes, doivent savoir que leur temps est révolu», a-t-il affirmé.
Avant de terminer son allocution, Saïd Chanegriha a tenu à rappeler que la lutte contre l’intégrisme est l’affaire de tous.
« Le combat contre l’extrémisme, sous toutes ses formes, doit être mené à tous les niveaux en impliquant l’ensemble des acteurs. Un effort qui commence depuis la famille, puis l’école qui est appelée à inculquer aux générations montantes une bonne éducation civique basée sur l’ancrage des valeurs de la citoyenneté et l’enseignement des devoirs du citoyen envers son pays et sa société », a-t-il expliqué.

Khider Mesloub
(Suite et fin)