Pour une presse grande à la hauteur de la grandeur de l’Algérie

Le président de la République favorable à sa restructuration

En prenant la parole au début de la rencontre, le Président a commencé par affirmer le caractère inclusif de sa démarche, le fait que tous les médias ne soient pas représentés n’étant qu’une commodité qui s’adapte avec les contraintes de l’espace où se déroule la rencontre.

Mais à vrai dire, une vingtaine de représentants des médias, parmi les professionnels les plus aguerris, était une gageure, le Président Tebboune nous ayant habitué à son franc-parler et à sa disponibilité à s’affronter avec n’importe quelle question.
Preuve en est qu’à l’inauguration de la rencontre, c’est la question du classement de l’Algérie par une ONG internationale, en l’occurrence ‘’Reporters Sans Frontières’’, qui relègue la liberté d’expression et les autres libertés en Algérie, qui est venue en premier pour voir le chef de l’Etat rappeler à son auditoire la nécessité de replacer ces organisations dans leur véritable dimension, précisant que celles-ci ne sont que des associations qui portent la stratégie des instances qui les financent et qui fixent leurs objectifs. Ce qui hypothèque l’objectivité et la crédibilité de ces ONG. Sur cette lancée, le Président qui a tenu à mettre en valeur la dynamique extraordinaire exclusive à notre pays parmi tant d’autres, qui concerne la foison des médias et des journaux et l’existence d’une presse avec ses personnalités et ses spécificités, a invité la corporation à envisager un conseil d’éthique et de déontologie, rappelant avec insistance que les journalistes ont besoin de créer leur syndicat, car «nous avons besoin d’un syndicat des journalistes fort et d’une haute instance d’éthique professionnelle. Avec ces instances que nous sommes prêts à soutenir et à renforcer, le journaliste n’aurait pas maille à partir ni avec la justice ni avec la chose politique. Ces instances seraient alors plus à même d’évaluer, d’arbitrer, de sanctionner et de mettre en garde le journaliste défaillant «qui contrevient aux principes de l’éthique et de la déontologie professionnelles».
A la question de savoir sa conception d’une presse forte dans le contexte géopolitique actuel, le Président s’est contenté d’énoncer les principes cardinaux qui structurent le bon journalisme, à savoir «le professionnalisme, le patriotisme, les moyens et l’organisation». Et de s’étaler sur l’esprit patriotique qui était la boussole des premiers journalistes qui avaient eu à s’affronter avec le colonisateur français, sans moyens, avec pour seules armes leurs plumes et leurs voix.
Certains intervenants ont posé des questions spécifiques qui pouvaient distinguer une certaine presse par rapport à d’autres. Tout en prenant acte de leurs attentes avec le sens de l’écoute qui lui est propre, le chef de l’Etat a fait comprendre à son auditoire qu’il se voulait rassembleur et que pour ce faire, il voudrait que les pouvoirs publics puissent avoir pour interlocuteurs, au sein de la corporation, des instances représentatives de la corporation qui soient légitimes et fortes. Et de réaffirmer, en répétant ce qu’il avait déjà énoncé, son vœu de voir la presse algérienne se doter de structures représentatives qui lui permettrait de penser et de poser toutes les préoccupations professionnelles, avec d’autant plus de force qu’elles bénéficieront d’une écoute conséquente de la part des autorités.
Opportune, mais trop courte et trop restreinte pour constituer un espace de débats exhaustifs, la rencontre des représentants de la presse nationale avec le Président n’en a pas moins été l’occasion de voir en acte un moment historique dans l’Algérie indépendante où, directement, s’exprimait la volonté politique de donner ses lettres de noblesse à la profession pour peu que ses principaux acteurs, les éditeurs et les journalistes le veuillent enfin en mettant de côté tout ce qui les divise en tant qu’individus et que titres de presse, et recherchent plutôt ce qui les unit et ce qui fonde leurs intérêts communs et celui, bien compris, de l’Algérie au premier chef.
C’est dans cet ordre d’idées que le président de la République a invité ceux avec qui il a célébré la Journée internationale de la liberté de la presse et qu’il a bien voulu écouter pour les voir mettre sur la table ce qui les préoccupe, à s’asseoir ensemble pendant quelques heures pour donner corps aux instances qui leur permettront d’unifier leurs rangs pour parler d’une seule voix de leur avenir avec les pouvoirs publics et pourquoi pas aussi, à penser à des fusions qui viabilisent les petits titres et mettent fin à une atomisation qui ne sert personne.
La réflexion est posée et vaut son pesant de réalisme, de pragmatisme et de pertinence économique et professionnelle.
Par Ahmed Rehani