La diaspora franco-algérienne toujours en force

France : Célébration de la journée du 8 Mai 1945 à Lille

Le 8 Mai 1945 marque officiellement la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. C’est la victoire des alliés sur l’Allemagne nazie. Le conflit a fait des dizaines de millions de morts sur le continent. Depuis, le rituel veut que chaque 8 mai, le président de la République Française passe en revue les troupes place de l’Étoile, ravive la flamme du tombeau du Soldat inconnu et dépose une gerbe de fleurs…
Une autre date, par ailleurs, un autre événement et un rappel d’un passé peu glorieux de la France coloniale en Algérie. Ce même jour du 8 mai 1945 reste, de l’avis de tous les historiens algériens voire français et étrangers, une tâche noire et indélébile dans l’histoire du colonialisme français.
En effet, cette date, commémorée chaque année en Algérie depuis 78 ans renvoie à un « massacre de masse » de la population civile algérienne au moment même où le Monde et l’Europe célébraient la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Trois villes algériennes de l’Est du pays ont vécu l’horreur, plusieurs jours durant. Il s’agit de Sétif, Guelma, et Kherrata où plus de 45.000 Algériennes et Algériens ont été sauvagement assassinés alors qu’ils sortaient pour une marche pacifique.
Pour rappel, des douars entiers ont été décimés, des villages incendiés et des familles brûlées vives par l’armée coloniale
« Cette même France coloniale, qui pensait avoir anéanti l’unité du peuple algérien et son aspiration à libérer en fait son pays, a signé, à travers ses massacres, son début de la fin en Algérie.
« C’est à partir de là d’ailleurs qu’a commencé l’idée de la lutte armée qui est intervenue effectivement en 1954 », déclare un historien algérien.
Dans le cadre du 78ème anniversaire de cette date noire qu’a connue l’Est algérien et l’Algérie entière, des Algériennes et Algériens de toutes les tranches d’âge confondu arborant le drapeau algérien et scandant l’hymne national au Nord de la France, sont sorties célébrer cette journée en hommage aux victimes du massacre avant-hier dimanche à la place de la République en plein centre de la ville de Lille suite à l’appel lancé par le collectif régional de la diaspora franco-algérienne Mohamed Bousnane, Franco-Algérien porte parole dudit collectif ancien cadre de l’éducation nationale en France et président de l’association TuttiFruttids Internationale, bénévole depuis plus de 30 ans auprès de plusieurs associations à vocation sociale et des droits humains, Engagé fermement dans la Région Nord-Pas-de-Calais déclare après la minute de silence observée devant la foule de la diaspora algérienne : « Nous avons passé une bonne célébration du 8 Mai 45 en hommage aux victimes du massacre perpétré par le pouvoir colonial. Nous aurions pu être plus nombreux mais nous savons la difficulté à mobiliser massivement et conscientiser les nôtres… En tous cas, ce fut solennel et respectueux des sacrifices faits pour l’indépendance de l’Algérie. Merci à toutes et à tous d’avoir contribué d’une façon ou d’une autre. »
Avant d’expliquer aux présents lors de cette journée de célébration le rôle important de la diaspora algérienne et franco-algérienne :
Qu’est ce que la diaspora algérienne et franco-algérienne?
« Ce sont tout simplement toutes les personnes en France qui ont un lien direct avec l’identité algérienne de par leurs parents, grands-parents, paternels ou maternels, immigrés, issus de l’immigration, nés en France ou à l’étranger, de nationalité française, algérienne, binationaux pour la très grande majorité, Qu’ils disposent ou non des cartes nationales algériennes ou d’un passeport algérien.
C’est donc avoir une identité liée à l’Algérie quelle que soit la génération, ce qui implique un lien affectif particulier, un rapport commun à la France et à l’Algérie et bien souvent des difficultés communes liées à cette origine.
Cette diaspora a une diversité totale de pensée politique que ce soit sur la politique en France ou celle en Algérie. » Tout en insistant « cette diversité politique n’enlève en rien les intérêts communs liées aux politiques publiques en France, le traitement de cette diaspora par l’Algérie, les revendications et la défense des droits légitimes des familles et le devoir de mémoire pour une histoire commune. C’est pourquoi, il y a la commémoration des dates festives ou encore celles douloureuses qui rappellent le sacrifice de ceux qui se sont battus pour la liberté et ceux qui ont été lâchement massacrés durant la période coloniale.
Cette diaspora peut représenter une faiblesse dans un contexte toujours plus compliqué qui accentue les amalgames et les préjugés contre les jeunes ou les familles mais cette diaspora peut aussi représenter une force collective, un apport indéniable à la France et à l’Algérie si la conscience est prise de la richesse que représente la diaspora et la nécessité de s’unir autour d’un destin commun. Il est grand temps d’être plus efficace avec ceux qui ont compris cette conscience car la perte d’énergie fatigue et démotive à long terme.
Ce qui explique l’Etat désastreux de notre diaspora qui fait fonctionner les individualités au dépend de l’intérêt de tous. » Et conclut : « Je propose de constituer un fichier de notre diaspora avec ceux qui recevront les informations et pourront contribuer selon leur possibilités aux efforts de mobilisation. »
De Paris, Hadj Hamiani