Les chances de renaissance de la Ligue arabe hypothéquées

Après les efforts du Président Tebboune, la sortie de MBS

Il a pris de court le monde arabe dans sa totalité et surpris le reste du monde, à l’exception, peut-être, unilatéral de Mohamed Ben Salmane, Prince héritier pleins pouvoirs en Arabie Saoudite, de convier le président Zelensky au 32e Sommet arabe qui a débuté hier vendredi à Djeddah.

Pourquoi Zelensky et pas Vladimir Poutine ? Pourquoi pas les deux en même temps ? Après tout, le fait d’inviter les deux à ce Sommet aurait conforté les positions des pays membres de la Ligue des Etats arabes, dont une majorité a préféré se situer à équidistance entre les deux belligérants lors de ce conflit, dont les tenants, par trop complexes, ont entraîné un engagement occidental en faveur de l’Ukraine contre la Russie.
On sait, en tout cas, pourquoi ce ne pouvait pas être Poutine, l’Arabie saoudite semblant vouloir revenir aux affaires du leadership arabe par le biais des USA, sans doute pour que MBS redore son blason auprès de l’Occident qui lui reproche l’assassinat en Turquie de Jamal Kashoggi, journaliste saoudien et néanmoins farouche opposant à la famille royale saoudienne.
Dans la lancée de cette décision qui semble tout bouleverser au sein de la Ligue arabe lors d’un Sommet qui était censé signifier un retour de cette organisation panarabe aux affaires internationales dans le cadre de la gestion des grandes questions et causes arabes, la Syrie, alors soutenue à grands renforts de diplomatie par le Président Tebboune, pour retrouver sa place au sein de la Ligue arabe, se trouve dans une position inconfortable, réduite soit à endosser des positions en porte-à-faux avec ses alliés stratégiques, l’Iran et la Russie, soit à pratiquer la politique de la chaise vide avant même d’avoir chauffé son siège vide depuis plus de douze années et renoncer, ainsi, aux chances qu’elle aurait de bénéficier de l’aide arabe dans l’effort de reconstruction, et dans le processus d’un retour de la Syrie dans le giron de la communauté internationale. La Syrie est sans doute la grande victime de la décision du prince Mohamed Ben Salmane.
Sans être une victime dans cette histoire étriquée, aux tenants peu honorables pour ses artisans, l’Algérie, qui avait déployé des efforts extraordinaires pour redonner ses chances de s’édifier sur de nouvelles bases démocratiques, à la Ligue des Etats arabes, fondées sur la concertation et le principe du consensus sur les grandes questions qui engagent la souveraineté des Etats Membres, voit ses efforts compromis, voire anéantis, de faire de ce 32e Sommet arabe l’espace d’un nouveau départ pour la Nation arabe qui a besoin, plus que jamais, de prendre en charge, à bras-le-corps, les affaires communes, dont les chaudrons yéménite et soudanais, ainsi que la mère des causes, la Nakba palestinienne, devenue aujourd’hui emblématique à l’échelle de l’opinion universelle.
L’Algérie qui, du sommet de l’Etat jusqu’à sa base populaire, est engagée corps et âme au service des causes arabes, et qui a fait de sa souveraineté et de celle de la nation arabe une valeur incessible qui ne se monnaie pas sur les autels des compromissions politiques, ne peut pas avoir un rôle dans ce jeu d’allégeances qui se trame par suzerainetés interposées au service de puissances aux dépens d’autres puissances, alors que l’on sait très bien que l’une des grandes valeurs qui structurent sa politique, c’est le non-alignement et donc aussi le refus d’appartenir à des sphères d’influence.
Quelle chance donc pour un Sommet, qui portait tant d’espoirs, et qui se met du côté d’un conflit, où la Ligue arabe était partie pour être un arbitre salvateur ?
La chance de voir des Etats arabes, unis, au sortir de ce Sommet, sont nulles, qui pouvaient aller au secours du Soudan, panser les plaies du Yémen, secourir la Tunisie, parler d’une seule voix pour mettre un terme aux dérives sionistes dans les territoires occupés, et bien d’autres actions à l’international, sans oublier celles qui pouvaient/pourraient aider à promouvoir et renforcer les échanges interarabes dans une aire en proie aux crises économiques et financières et au chômage endémique.
On l’avait vu et cru susceptible de pousser la politique du Royaume saoudien hors de l’emprise américaine quand il a refusé de faire le lit de la politique pétrolière US. contre la Russie aux dépens des intérêts des pays de l’OPEP, quand il s’est réconcilié avec l’Iran, et quand il a accepté un retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, cela bien qu’il ait impulsé un processus de réconciliation avec l’entité sioniste.
Mais cette dernière décision de MBS, et qui pointe de manière patente, en direction de la source, semble être la boussole véritable qui détermine les choix d’alliance du dirigeant saoudien.
Par Ahmed Rehani

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