Face au nouvel ordre économique mondial, quelle est la situation économique des pays arabes ?

Economie

La puissance d’une Nation dans les relations internationales est fonction de son poids économique. Aussi, à l’occasion du 32ème sommet de la Ligue arabe tenu le 19 mai 2023 en Arabie Saoudite, cette présente contribution se propose d’analyser le poids économique de cette organisation.
Les résultats étant fonction de la fiabilité de l’appareil statistique, un rapport de l’Union européenne de janvier 2022, enquête pour 2021, donne une estimation intéressante du PIB de la majorité des pays de la Ligue arabe par ordre alphabétique qui traduit d’‘importantes disparités Algérie, 44,77 millions d’habitants pour un PIB de 137.841 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 3120 euros ; l’Arabie Saoudite, 34,11 millions d’habitants pour un PIB de 1051 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 30.826 euros ; Bahreïn, 1,5 millions d’habitants pour un PIB 33,20 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant 22.075 euros ; Comores, 921 millions d’habitants pour un PIB de 1, 08 milliard d’euros et un PIB par tête d’habitant de 1.179 euros ; Djibouti, 1,10 millions d’habitants pour un PIB de 2,9 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 2939 euros ; Egypte, 102 millions d’habitants pour un PIB de 459,93 milliards d’euros et un PIB 450,93 euros par tête d’habitant ; Emiraties, 9,55 millions d’habitants pour un PIB 30,66 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 36.689 euros, millions d’habitants ; Etat de Palestine, 5,22 millions d’habitants pour un PIB 15,3 de milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 2927 euros ; Irak, 43,53 millions d’habitant pour un PIB 174,49 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 4.008 euros ; Jordanie, 10,26 millions d’habitants pour un PIB de 38,70 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 3769 euros ; Koweït ,4,81 millions d’habitants pour un PIB 92,83 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 19.876 euros ; Liban, 5,59 millions d’habitants pour un PIB de 19,55 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 3497 euros ; Libye, 6,73 millions d’habitant pour un PIB 32,95 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 4893 euros; Maroc, 36,13 millions d’habitants pour un PIB de 120,71 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 3324 euros ; Mauritanie 4,61 millions d’habitants pour un PIB de 8,35 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 1811 euros. Oman, 4,25 millions d’habitants pour un PIB de 74,51 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 74.516 euros ; Qatar, 2,61 millions d’habitants pour un PIB 151,81 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 57.981 euros le plus élevé du monde arabe ; Somalie, 17,06 millions d’habitants pour un PIB de 6,44 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 378 euros un des plus faible du monde arabe ; Soudan 45,65 millions d’habitants pour un PIB de 29,02 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 636 euros ; la Syrie, l’évènement le plus important qui réintègre la ligue arabe, 21,32 millions d’habitants pour un PIB de 9,7 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 467 euros ; Tunisie 12,26 millions d’habitants pour un PIB de 39,45 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 3.217 euros ; Yémen 33,32 millions d’habitants pour un PIB de 17,80 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 56 euros.
L’indicateur produit intérieur brut PIB est un indicateur global, ne reflétant pas la répartition du revenu national par couches sociales, l’indice du développement humain étant plus fiable. Selon le rapport de 2022 du PNUD, les EAU se classent au 26ème rang mondial et au 1er rang régional. Pour le sautes pays arabes nous avons : Arabie Saoudite 35ème ; Qatar 42ème ; Oman 54ème ; Algérie 91ème; Egypte 97ème ; Tunisie et Jordanie 102ème ; Libye 104ème, Palestine 106ème ; Liban 112ème, Irak 112ème ; Maroc 123ème ; Syrie 150ème ; Comores 156ème ; Mauritanie 156eme ; Djibouti 170ème ; Soudan du Nord 172ème ; Ethiopie 175ème ; Soudan du Sud 191ème ; le Yémen n’ayant pas été noté Les enquêtes internationales montrent une profonde inégalité des revenus dans la majorité des pays arabes. Le magazine américain FORBES a publié la liste de classement annuelle des personnes les plus riches du monde en 2023, et la liste comprenait 2640 milliardaires, par rapport à la liste de l’année dernière, qui comprenait 2 668 milliardaires. Le rapport indique que bien que 9 milliardaires arabes sur 21 ont moins de richesses aujourd’hui qu’il y a un an, cependant, leur richesse combinée est passée de 52,9 milliards de dollars en 2022 à 53,9 milliards de dollars en 2023.
Les 31 plus grands milliardaires arabes sont aussi riches que le reste de la population de la région possédant autant de richesses que le reste de la population (92,1 milliards de dollars en 2020, contre 37 milliardaires qui comptabilisent 108 milliards de dollars en 2019. D’une manière générale, malgré les multiples tentatives pour la réalisation de l’intégration économique arabe notamment à travers le Fonds monétaire arabe (FMA), le Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES), l’Organisation arabe pour le développement agricole (OADA) et le projet de la GZALE, adopté en 1997,les résultats sont loin des attentes le commerce interarabe ne dépasse pas les 10/ 11%. Si l’on s’en tient au PIB, les pays arabes avec un PIB annuel global pour 2021 d’environ de 2.490.734 milliards d’euros pour une population totale d’environ 440 millions est inférieur à celui de l’Allemagne qui a un PIB de 3867 milliards de dollars pour une population de 84,3 millions d’habitants, proche du PIB de la France de 2021, estimé à 2642 milliards d’euros pour une population de 68 millions.
Le PIB mondial en 2022 ayant dépassé les 100.000 milliards de dollars pour une population dépassant les 8 milliards d’habitants, le PIB global des pays arabes malgré toutes leurs richesses représente 0,25% du PIB mondial. Où en sont dans la pratique les différentes recommandations économiques lors des différentes rencontres depuis plus d’une décennie des dirigeants des pays arabes concernant les quatre libertés qui renforcent l’intégration économique arabe, à savoir la liberté de circulation des personnes, la liberté de circulation des capitaux, la liberté de circulation des marchandises, ainsi que la liberté de transfert des services, l’établissement de chaînes de valeur et d’approvisionnement arabes par le biais de ports, de lignes maritimes et de centres logistiques, et le soutien au transport multimodal, ainsi que l’établissement d’une bourse de marchandises arabe, l’encouragement du secteur privé à jouer son rôle sociétal en développant et en soutenant l’éducation, la formation et l’esprit d’entreprise afin de créer des générations productives qui suivent le rythme des évolutions, en mettant l’accent sur les jeunes entrepreneurs et enfin la participation des femmes à l’activité économique, à favoriser les partenariats publics-privés dans tous les secteurs économiques et à activer le rôle des banques et des fonds arabes de développement pour soutenir les investissements.

En conclusion, les résultats mitigés, renvoyant à la gouvernance, montrent, contrairement aux discours, dans la pratique des affaires n’existant pas de sentiments, qu’il reste un long chemin à parcourir afin de réaliser la diversification des ressources notamment énergétiques et agricoles dans les pays arabes qui constitue un défi majeur en vue de réaliser l’intégration économique.
Professeur des universités, expert
international Dr Abderrahmane Mebtoul