Démocratie Le peuple triomphera-t-il ? (II)

Il paraît que le vent de la démocratie inspiré par les Algériens, cette fois-ci, est inversé par la force intrinsèque du système politique aux rhizomes déracinables acquis au profit d’une poignée de personnes qui se recycle éternellement, dans un laboratoire politico-électoral.
Une entorse institutionnelle de plus que personne n’en parle !
Maintenant, que le jeu de cartes est servi il en reste aux Algériens, certes, déterminés à poursuivre la manifestation dans la rue en exigeant le départ du système politique en place, mais aussi, en dépit des aléas bureaucratiques et éventuelle fraude coutumière; de participer massivement aux urnes par la sanction du système.
De la sacralisation du pouvoir politique au retour à la souveraineté du peuple
Comme l’Algérie perd successivement ces rendez-vous, à travers l’histoire, avec le maillage démocratique, déjà en 1962, les hommes révolutionnaires se sont pas entendus sur la nature du régime et les documents de base de l’Etat algérien, en 1963 le Front des forces socialistes conteste le pouvoir mis en place et fronde, en 1965, un coup d’Etat est perpétué contre le Président Ben Bella contesté pour ses positions politiques internes et externes, lui succède Boumediène qui gouverne avec un Conseil révolutionnaire. Puis, en 1980; entre Mohamed Salah Yahyaoui qui était coordinateur du FLN et Chadli promu à l’instant en qualité du coordinateur de l’armée remplace Boumediène sur un consentement militaire , est confrontée aux évènements de la Kabylie «le printemps noir 1980» ayant engendré des assassinats et arrestations aux nombreux militants des droits de l’Homme et la violation de l’intégrité de l’université de Hasnaoua à Tizi-Ouzou, suite au refus du pouvoir de tenir une conférence de M. Mouloud Mammeri, un anthropologue et linguiste de renom . En 1991, avec l’ouverture démocratique suite à la constitution de 1989 ; les islamistes sous l’obédience du FIS dissous par la suite, ont triomphé aux élections législatives avec la majorité écrasante. Le pouvoir en place décide d’annuler les élections L’Algérie a vécu, depuis durant une dizaine d’années sous les feux et confrontation sous forme de guerre civile comme témoignent les observateurs avertis.
Depuis 1995; l’Algérie revient à la légitimité électorale avec M. Zeroual comme Président de la République après avoir brigué une année comme chef d’Etat, ce dernier, mis en place un édifice institutionnel politique d’Etat moderne et écourte son séjour présidentiel au profit des élections présidentielles avec une compagne de haut niveau avec lesquels M. Bouteflika, arrive, après son exil volontaire aux pays du Golf, malgré le retrait à la veille des élections de 06 candidats, M. Bouteflika déclaré Président, semble-t-il avec la bénédiction de l’armée selon la sentence des personnels politiques algériens. Après un règne de 20 ans Bouteflika commet l’erreur d’annuler l’élection présidentiel du 18 avril 2019 avec le sentiment de prolonger son mandat d’une année.
Sous la contrainte des manifestants à travers le territoire national, ce dernier renonce et démission le 03/04/2019. Les voix s’élèvent pour l’application des dispositions constitutionnelles alors ce document fondamental est verrouillé car l’appareil étatique est géré par une secte ou clan in détachable constituant un système politique renouvelable en fonction des ancrages situationnels chapeautés par des tètes de façade en adéquation. Paraît-il, aucun changement ne peut être opéré en dehors du système, même à l’époque de l’anecdote «tab djnana». Qui croit ?
Ce pouvoir politique qui a régné vingt ans durant, certes synchronise des réalisations mais sont en déphasage avec les aspirations du peuple. Le budget investi augure , selon des spécialistes, un environnement meilleur, mais pas l’austérité et pénurie. De nombreuses défaillances sont relevées au niveau des secteurs d’activités tels que l’éducation nationale, non seulement illustré par les cycles de grève, mais aussi des réformes interminables; la santé qui est malade de sa propre politique décorée par la réapparition des maladies moyenâgeuses; le sport qui offre des scènes de violences condamnables et un mauvais niveau de sportivité des joueurs du championnat car l’équipe nationale est constituée des joueurs évoluant à l’étranger ; les routes en déroute…
En matière de gouvernance, cette phase historique est abondamment accumulée par des succursales négatives à tous les niveaux et agissements contrairement aux aspirations du peuple comme suit :
-Au plan politique: déjà l’accession du Bouteflika est entachée par le retrait à la veille de l’élection présidentielle avril 1999 de sept candidats pour cause le parti pris du système en place en faveur du Bouteflika.

1- La répression des évènements de Kabylie, suivie d’une tuerie de 127 jeunes à leur tète le jeune lycéen Guermah Massinissa lors des manifestations en réclamant la reconnaissance de la langue tamazight. Et celles de In Salah contre le gaz du schiste ainsi que l’interdiction des marches à la capitale.

2- La répression des mouvements populaires catégoriels, ceux des médecins tabassés par les forces de l’ordre et ceux des enseignants et des militaires réservistes réclamant leurs droits constitutionnels.

3- La question des disparus durant les années de braise pour cause la machine terroriste meurtrière, reste irrésolue en dépit de l’arrogance du pouvoir d’avoir ancrée une réconciliation nationale.

4- Le déséquilibre dans la répartition des richesses du pays présenté par une grille des salaires en catégories d’une manière arbitraire. La nomination par décret présidentiel à tous les niveaux administratifs et politiques est une pression minée de la dépendance au système politique.

5- La dévaluation de la monnaie nationale engendrant un pouvoir d’achat exorbitant au citoyen.

6- Le lancement de la machine de la planche à billets qui met à genoux et fragilise notre monnaie devant la concurrence financière internationale.

7- les marchés octroyés aux partenaires étrangers au détriment de l’outil national de production.

8- Le classement de l’Algérie en dernière position dans tous les domaines notamment l’université et recherche scientifique. L’encadrement universitaire fait défaut à tous les niveaux. Les mesures pédagogiques prises par A. Hadjar au sujet de la soutenance des doctorants par l’irrespect des conditions pédagogiques renseignent sur la médiocrité scientifique instaurée par le politique.

9- Un investissement orienté qui ne présente aucune relance économique. Aucun secteur d’activité n’est en bonne posture ou répond aux besoins stratégiques ou domestiques des Algériens. Un fiasco !

10- La dépendance alimentaire et produits pharmaceutiques de l’étranger. Le paillasson financier accordé ne cesse d’augmenter en crescendo. Pour exemple, les Algériens se trouvent constamment à la recherche d’un sachet de lait d’une manière régulière.

11- Le blocage des initiatives économiques nationales pouvant permettre l’ouverture de postes d’emploi direct.

12- La souffrance des Algériens en matière de soins. Si les gouvernants prennent une destination étrangère pour se soigner suite à un simple maux de tête, les Algériens attendent des rendez-vous de soins ou d’intervention chirurgicale pour une longue période. Effectuer une radiologie dans un hôpital relève de l’utopie pour un simple citoyen.

13- Le tourisme: la destination Algérie est toujours déconseillée aux standards internationaux du fait d’une négligence et déclassement des infrastructures hôtelières associée à une politique touristique non attractive aux nationaux qu’aux étrangers. Nos voisins attirent mieux en dépit de la beauté pittoresque de notre pays.

14- Le barricade du champ politique par la main mise sur les espaces et réglementation.

15- Le contrôle du champ de la liberté d’expression. Des chaînes de télévision privée communiquent à partir de l’étranger.

16 – La main mise sur le mouvement associatif par la promulgation de la loi n°06-12 relative aux associations. Les agréments sont délivrés au compte-gouttes à la tête du client. Le champ d’action est réduit.

17- Les droits constitutionnels acquis tels que le logement, le travail, l’éducation ; la santé et un environnement sain demeurent inassouvis. Car, les postulants aux logements au titre de l’année 2001 et 2002 sont en expectative à ce jour. L’ouverture des inscriptions au profit des Algériens sans toit reste bloquée depuis 2013. L’administration de l’habitat est illustrée par son caractère inerte et indétermination. La qualité, le coût, et les délais sont toujours contestés par les acquéreurs qui se manifestent inlassablement.

18- L’austérité engagée par la politique du Bouteflika minée par l’appauvrissement des Algériens qui s’accentue davantage forcé par un SNMG misérable des fonctionnaires et des pensions dérisoires accordées aux handicapés. En contrepartie, l’oligarchie se permet de s’enrichir sur le dos du trésor public en sommes faramineuses incalculables. L’accès à la propriété et l’acquisition d’un véhicule en des exemples édifiants de leur politique d’asthénie.

19- Au plan international, au regard de l’incapacité du Bouteflika, la voix de l’Algérie jadis, de très haute résonnance, est réduite à la présence dans la forme par des représentants. Car, l’Algérie est un acteur mobile sur le plan africain, méditerranéen et au sein des institutions internationales, n’est un fauteuil occupé seulement.

20- L’accès aux sphères étatiques de gouvernance se fait selon des alliances caractérisées par le népotisme, entourage obscur, favoritisme, clientélisme; privilèges et ventrisme au détriment des compétences nationales formées à coup de milliards sur le dos du contribuable forcées à l’immigration voire la fuite des cerveaux. Leur retour est imminent si cette oligarchie disparait. Tel est la thésaurisation d’une gestion opaque du pays à l’ère bouteflikienne.
Suite et fin
Hama Nadir
DPGS en Management des Projets