Risque de banqueroute aux Etats-Unis, l’économie mondiale prise en otage

Le FMI appelle à résoudre la crise de la dette avant le 5 juin

Le monde entier regarde ce qui se passe aux Etats-Unis. Le suspense devrait durer jusqu’au 5 juin prochain. En effet, la date de défaut de paiement aux Etats-Unis est reportée au 5 juin, ce qui laisse un peu de temps pour le Président américain, Joe Biden afin de trouver une solution, éviter la banqueroute et relever éventuellement le plafond de leur dette. L’échec des négociations risque de précipiter le pays vers le défaut de paiement et d’entraîner des conséquences potentiellement catastrophiques pour l’économie américaine et mondiale. Cette incertitude perturbe les marchés financiers, celui des matières premières ainsi que les équilibres financiers. Les investisseurs, les gouvernements et les institutions financières du monde entier ont les yeux rivés sur le marché américain.
Le Fonds monétaire international (FMI) ne cache pas son inquiétude quant aux répercussions durables et dévastatrices d’un défaut de paiement aux Etats-Unis sur l’économie mondiale, déjà fragilisée par un contexte économique international extrêmement incertain.
Dans sa dernière déclaration, avant-hier, lors d’un forum à Doha, au Qatar, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a appelé les Etats-Unis à « une résolution aussi rapide que possible des négociations concernant le plafond de la dette américaine ».
«Trouver une solution était primordial pour l’économie mondiale», a-t-elle commenté, estimant que «l’économie mondiale, déjà confrontée à une si forte incertitude, aurait pu se passer des négociations interminables à Washington». Le pays aurait pu résoudre ce problème il y a déjà des mois et éviter au monde entier un stress inutile. Les Etats-Unis ont atteint, pour rappel, la limite «actuelle «de la dette fédérale estimée à 31.400 milliards de dollars à la mi-janvier, soit depuis presque cinq mois.
Et, sans un relèvement du plafond, le pays pourrait se retrouver en défaut de paiement dès le 5 juin. Un scénario qu’exclut le Président américain Joe Biden qui se dit optimiste quant à la sortie des Etats-Unis de cette impasse.
«Les Etats-Unis ne se retrouveraient pas en défaut de paiement», a-t-il assuré, vendredi dernier, estimant que le pays a toujours les capacités d’honorer ses engagements financiers qu’il s’agisse de salaires, de retraites, ou de remboursements à leurs créanciers au niveau national et international. Un discours plutôt électoraliste.
«Les républicains, quant à eux, refusent de relever le plafond de la dette américaine, sans condition et considèrent les propositions de Biden insuffisantes». A noter que les républicains exigent pour valider la demande des démocrates de «tailler dans la dépense publique». Le parti de Biden préfère, quant à lui, «taxer davantage les plus riches et les grandes entreprises, sans toucher ni aux prestations sociales ni aux immenses projets d’investissement», ce qui est difficilement faisable.
Les deux parties rivales devraient certainement s’accorder sur un accord avant la date-butoir, 5 juin 2023. Même s’ils arrivent à s’entendre sur une augmentation du plafond de la dette, l’économie américaine et mondiale en «pâtirait», selon certains experts. «Mais un accord ferait aussi mal». Selon l’agence Bloomberg, de nombreux économistes estiment que l’économie se dirige «vers une récession». La dette américaine met en péril la campagne électorale de Joe Biden, candidat à la présidentielle en 2024.
Les effets de la décision que prendraient les parties rivales pour résoudre le problème de la dette américaine serait «immédiat» sur les marchés financiers, avec la possibilité d’«un crach boursier, du fait de l’inquiétude générée». Ceci risque de provoquer une panique générale à l’échelle mondiale. La directrice générale du FMI a averti de l’effet psychodrame de la dette américaine, estimant qu’un accord éviterait la banqueroute au pays. «Nous devons toujours rester conscients que le risque est là», a-elle averti, par ailleurs.
En attendant qu’un compromis soit trouvé entre les deux parties, la crainte d’un défaut de paiement aux Etats-Unis se propage à travers le monde. Les bourses européennes évoluent depuis quelques jours en ordre dispersé. Quant aux prix du pétrole, ils restent volatiles, malgré une légère hausse constatée vendredi dernier.
«Des tendances macro-économiques comme les négociations sur le plafond de la dette américaine et la possibilité de hausses de taux de la Réserve fédérale restent au coeur du marché du pétrole», a expliqué Stephen Brennock, analyste chez PVM, cité par le site spécialisé, leprix-dubaril.com.
A noter que la résolution de ce problème requinquerait les cours du pétrole qui tentent depuis des semaines de trouver leur trajectoire.
Samira Takharboucht