L’islamologue acquitté

Procès Tariq Ramadan en Suisse

Accusé de viol et de contrainte sexuelle par une plaignante suisse, plus connue sous le surnom de « Brigitte », Tariq Ramadan, l’islamologue genevois, a toutes les raisons de se réjouir, en ce mercredi 24 mai placé sous d’heureux auspices judiciaires.
Une semaine après avoir comparu devant le Tribunal correctionnel de Genève, le procès rondement mené du prédicateur musulman a connu son épilogue. Et c’est un verdict en sa faveur qui est tombé : les juges ne parvenant pas à se forger une intime conviction – ils ont relevé certaines incohérences dans le témoignage de son accusatrice, pourtant jugé circonstancié – ont décidé de l’acquitter au bénéfice du doute. Rappelons que trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis, avaient été requis à son encontre. Cette sentence a été explicitée dans un communiqué de presse, qui stipulait en substance : si le tribunal reconnaît que le « récit de la plaignante était globalement constant et détaillé », il pointe toutefois « certaines contradictions ». « Aucun élément matériel, tel que des traces de sperme ou de sang, des images de vidéosurveillance de l’hôtel ou des constats de lésions traumatiques » n’a pu prouver la culpabilité du prévenu, estime par ailleurs la cour. « Il ne fait aucun doute que la plaignante a mal vécu la soirée », a souligné le président du tribunal, mais « l’existence de ce stress», qui a été rapporté aux psychiatres, « ne permet pas de confirmer la matérialité des faits dénoncés». A l’énoncé du verdict, la plaignante « Brigitte », 57 ans, a quitté précipitamment la salle d’audience, faisant savoir par l’entremise de ses avocats sa ferme volonté de ne pas en rester là. Elle fera appel.
« Elle s’est levée parce qu’elle a été choquée de ne pas avoir été entendue », a expliqué Me Assaël. Du côté de Tariq Ramadan, le soulagement primait. Il a quitté le tribunal entouré des siens, sans faire de commentaire. « Ce verdict n’est ni un coup de tête, ni un coup de cœur, c’est un verdict inspiré de raison », a déclaré son avocate suisse, Me Yaël Hayat. L’islamologue genevois recevra, en outre, environ 151 000 francs suisses (environ 154.400 euros) d’indemnités de l’Etat de Genève, pour compenser ses frais d’avocat en lien avec la procédure suisse. Alors que la page judiciaire helvète se tourne pour Tariq Ramadan, une autre risque fort de s’ouvrir prochainement en France, peut-être aux Assises, ainsi que l’a requis le parquet de Paris en juillet 2022, où pas moins de quatre femmes l’accusent de viols, entre 2009 et 2016.n