Un projet déjà mort, la dernière cueillette date de 1972 pour les cotonniers d’Annaba

Relance de la culture du coton en Algérie

Le coton n’est pas en Algérie une plante spontanée ; il y est réellement venu d’Asie depuis des millénaires, puisque les Romains le connurent et que les Turcs le cultivèrent ainsi que le lin au XVe siècle, selon les témoignages des géographes historiens des siècles obscurs du Maghreb.Depuis l’historique de la culture du coton est liée à celui des conflits internationaux des XIXe siècles : guerre des sécession des Etats- Unis, guerre franco- allemande, Première et Deuxième Guerre mondiales, A la suite de ces conflits, le coton se faisait rare sur les marchés européens, les pouvoirs publics, royaux, impériaux, républicains s’adressaient alors à l’Algérie pour la culture du coton.
Or la France consomme annuellement plus de 265 000 tonnes de coton, elle importe de l’étranger environ selon l’Union agricole de l’est algérien les 2 250 000 tonnes, précise-t-on. Ces achats de coton contribuent considérablement à aggraver le déficit de la balance commerciale française. Chaque kilo de coton produit en Algérie permet une économie de près d’un dollar, ce qui ne sera pas à dédaigner lorsque la production algérienne passera de 2500 à 5000 tonnes. Dans cette optique l’on apprend auprès des services de la direction de l’agriculture de la wilaya d’El Taref que 100 ha de terres agricoles qui étaient consacrées à la culture depuis 25 années déjà en disparition de cette valeureuse culture sont toujours à l’oubliette et sans perspective d’avenir.
En effet les cotonniers avaient connu leur dernière cueillette en 1972 dans la région de Annaba et revenir à la culture du coton avec une nouvelle politique est plus que nécessaire sachant qu’en 1970 l’Algérie se dotait d’une industrie de filatures et de tissage moderne d’une capacité de consommation évaluée à 40 000 tonnes de coton par an, estime-t-on.
A ce titre, il faut savoir que notre pays importe des textiles pour un coût de 6 milliards de dinars annuellement malgré que la consommation algérienne en matière de textile qui est presque insignifiante par rapport aux pays de l’hexagone soit indique-t-on, une consommation par personne équivalent à 5 kg en produit textile alors que la moyenne internationale est de 9 kg par personne.
De nombreux promoteurs de la région de l’Est s’étaient lancés dans la culture du coton il y a deux années de cela malgré le peu de moyens qu’ils avaient, le résultat était une perte sèche de leurs récoltes causées par de fortes pluies qui avaient détruits près de 80% des récoltes, a-t-on informé. Le mystère de l’exportation, il y a quelques années de cinq containeurs de graine de coton à partir du port de Annaba vers Israël via l’Afghanistan pour laquelle des travailleurs et un responsable de la Coopérative agricole (Carsci) Lalymia Lakhdar de Annaba qui de nos jours a fermé ses portes, ils avaient affirmé que des experts français de la société mixte algéro-française Somicoton les avaient informés que les 5 containeurs de graine de coton étaient bel et bien destinés à Israël. Cette exportation douteuse avait été suivie par le départ précipité d’Annaba des experts français et la dissolution 18 mois après sa création, de Somicoton à l’origine de l’opération. Telle avait été le constat durant le déplacement des deux juristes dépêchés début 2007 à Annaba.
Ils n’avaient fait que confirmer l’absence des experts français tant au siège de la direction sise à route de El Karma (El Hadjar) que dans la villa qu’ils avaient loués à la rue de Tagaste Annaba et l’affaire avait été ainsi classée.
Sous la colonisation, la région d’Annaba représentait plus de 20% des quelque 70 000 t/an représentant la production cotonnière en Algérie répartie entre El Harrouch, Sig, Chlef et Relizane. Cette performance n’est plus qu’une vieille histoire.
En 2004 la production des 200 hectares exploités pour des essais dans le cadre d’une opération pilote, n’avait pas été bien prise en charge dans les wilayas d’Annaba, El Tarf, Guelma et Skikda.
Il s’agissait beaucoup plus de blocage généré par la bureaucratie des institutions de l’Etat que de la mauvaise volonté des principaux acteurs sur le terrain.
La société mixte algéro-française Somecoton avait été chargée de concrétiser en toute priorité deux projets : réaliser des tests dans les zones traditionnellement vouées à la culture du coton – réhabiliter l’usine de la coopérative agricole régionale des services et cultures industrielles Lalymia Lakhdar-Annaba.
Or, les essais ont permis d’atteindre des résultats dépassant toutes les prévisions.
Outre l’excellence de la qualité de la fibre de coton, les agriculteurs avaient réalisé une production de 30 à 40 quintaux à l’hectare dès la 1re campagne (2004/2005) sur une surface de 30 ha, souligne-t-on.
Oki Faouzi