L’expérience algérienne

C’est à juste titre que l’intitulé du colloque «Pour une Afrique sereine: l’Algérie, une expérience pionnière dans la lutte contre les mines antipersonnel», fait référence à l’expérience de notre pays. «L’Algérie a transformé des champs de mines antipersonnel en espaces de vie et d’espoir», a fait remarquer à ce propos, le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebiga. Des mines antipersonnel ont été posées par l’armée française durant la Guerre de libération nationale, entre 1956 et 1959, sur les frontières algériennes de l’Est (460 km avec la Tunisie) et de l’Ouest (700 km avec le Maroc), constituant des barrages minés, dénommés ligne Challe et ligne Morice.

Ainsi quelque 62.000 hectares sur 1000 km de frontières ont été minés par l’armée française Ces armes destructives – onze millions de mines enfouies sous terre par l’armée coloniale – s’ajoutaient à des lignes électrifiées et à des barbelés, parsemées aux frontières avec le Maroc et la Tunisie. L’armée française voulait isoler et affaiblir les moudjahidine de l’Armée de libération nationale (ALN) à l’intérieur du pays en empêchant leur approvisionnement en armes à partir de l’extérieur.
Après l’indépendance, une des préoccupations prioritaires de l’Algérie était de lancer l’action de déminage. Elle fut menée par l’Armée nationale populaire (ANP, digne héritière de l’ALN), avec l’aide de militaires de l’ex-URSS, dans le cadre d’un accord de coopération accord algéro-soviétique pour le déminage des frontières signé en juin 1963.

L’Algérie est pionnière en matière de déminage assuré par l’ANP et la prise en charge sociale et sanitaire des victimes des mines. Des participants au Colloque ont affirmé que l’Algérie était en mesure de conduire l’action africaine et arabe conjointe dans le domaine de l’élimination de ce fléau. C’est l’avis du directeur général de l’Autorité nationale jordanienne de déminage, Mohamed Brikat, qui a déclaré à l’APS, que «l’Algérie est un modèle, une expérience unique en son genre et un exemple à suivre pour les pays arabes et même étrangers, et nous sommes reconnaissants pour ses énormes et excellentes contributions dans ce domaine». Pour le représentant de la Campagne internationale de lutte contre les mines, Aymen Sarour, également, «l’expérience de l’Algérie, acquise au fil des années, en matière de déminage, d’assistance aux victimes ou de sensibilisation, l’habilité à conduire l’action africaine et arabe conjointe à cet égard». Il estime que l’Algérie peut aider réellement les pays affectés, notamment les pays africains qui font face à des crises. Le directeur du Comité national jordanien de déminage et de réhabilitation a évoqué le fait que l’Algérie «coopère étroitement avec son voisinage africain et arabe.»
L. A.