Lettre ouverte A Son Excellence, Monsieur Le Président de la République

Aux alentours du 18e siècle, les citoyens du village de Boudafel se sont plaints auprès de notre arrière-grand-père Sidi Said Taleb, alors grand marabou de la région de Aïn El Hammam, au sujet des habitants du village d’El Korne Ath Khlef et d’Ikhef Oussamar venant en hordes sauvages piller leur biens (récoltes animaux…) et « agresser » leurs femmes. Sidi Saïd décida de placer deux de ses enfants en « frontières » pour s’interposer aux actions des hordes en questions. Il obligea ainsi les deux villages pilleurs et ceux de Boudafal de céder des parcelles de terres pour ces deux marabous et l’obligation de leurs donner épouses. Depuis lors, la paix fut rétablie. Pour faire un peu d’histoire, on vous amène aux environs de 1857 dans la région d’Icheriden où se sont retranchés des milliers de guerriers sous le commandement de Lala N’soumer (le repli de ces milliers de guerriers était dû à leurs défaite pendant la progression de l’armée française entre Oued Aissi et Fort national). L’armée française donnant l’assaut avec plus de trois divisions et unités autonomes qui ont eu raison de la résistance des guerriers algériens dont la mitraille et les bombes artisanales n’ont pas suffi a arrêter une armée française organisée.
Durant le conflit des jours durants, beaucoup de blessés furent transportés à dos d’ânes au village de Bouagache où les marabous soignaient et bandaient leurs blessures, ceux qui survécurent retournaient aux combats les autres périrent et furent enterrés sur place au niveau de la demeure de notre arrière-grand, père nommé Mouhoub Ouali entre le djamaa et le village Ath Temim. Les tombes étaient visible jusqu’au jour oü des jeunes du village d’El Korne ath khlef ont décidé de terrasser le cimetière avec un engin des travaux public. En 1980 la famille Temime a décidé de faire don d’un terrain aux gens d’El Korne ath khlef afin d’y enterrer leurs morts et suite a cela les habitants de Bouagache ont demandé à Temim Ahcene (alors plus vieux du village Ath Temim) de dévoiler la frontière entre le village de bouagache et celui d’Ath Temim telle qu’elle a été transmise par les ancêtres. Acte établi avec sérénité et entente (la frontière se trouve à 12 mètres du mur de l’habitation de notre ancêtre (que nous avons toujours appelé Djamaa N’Tezgui où résidait Mouhoub Ouali).
Trois jours après, des jeunes du village d’El Korne Ath Khlef, mécontents de la décision prise par les Temim, alors qu’ils sont les propriétaires du terrain, se sont déplacés sans avis et anarchiquement avec un engin « case » en plein jour et en absence des hommes de Bouagache pour niveler et terrasser un stade sur le cimetière et dans le but précis d’installer une aire de jeu à quelques mètres de nos demeures.
Il y a eu profanation d’un cimetière où reposent des dizaines de martyrs en réduisant ce qui reste de leurs os en poussières.
Nous habitants de Bouagache venant par la présente, porter plainte devant qui de droit, y compris le ministère des anciens Moudjahidine, pour irriger une stele commemorative à l’endroit de nos glorieux martyrs. Avant de faire paraitre cet écrit nous l’avons soumis à la lecture des Temim lesquels d’ailleurs ont été horrifiés par ces actes barbares et regrettent que leurs ancêtres aient pu donner une partie de ce terrain aux gens d’El Korne Ath Khlef.
Vive l’Algérie et gloire à nos martyrs.
Collectif du village Bouagache
Si Fodil Youcef
0661235300