Un défi pour l’Algérie !

La lutte contre la corruption

Selon le P-dg du groupe pétrolier algérien M. Hakkar, la lutte contre la corruption «est une nécessité inéluctable et une question de fond»pour Sonatrach, qui a mis en place un «système global de management anti-corruption»chargé de «promouvoir une culture d’éthique dans les différentes transactions et activités de Sonatrach et à ne tolérer aucune forme de corruption».

Une plate-forme numérique (Ikhtar) sera mise à la disposition des travailleurs pour leur permettre de signaler,- dans le respect de la confidentialité,- les agissements et comportements contraires à ce système anti-corruption. Source : https://www.aps.dz/economie/155457-sonatrach-hakkar-signe-la-politique-et-le-code-de-conduite-anti-corruption-au-sein-du-groupe
La corruption n’est pas propre à l’Algérie, mais le plus important est d’avoir une politique efficace, qui s’inscrit dans la durée pour combattre et éradiquer ce phénomène. L’actuel président de la République qui a affiché ses intentions dans ce domaine doit pouvoir compter sur le soutien populaire. Un peuple conscient, uni, déterminé, mobilisé, peut venir à bout de tous les défis et l’exemple de la lutte de libération nationale est là pour le rappeler.
Les mesures prises pour lutter contre la corruption en amont, à titre préventif et en aval pour poursuivre en justice les corrompus et les corrupteurs, gagneraient à être vulgarisées à travers les médias de masse. Les chaînes de TV devraient expliquer – dans un style accessible à tous – comment le citoyen peut dénoncer la corruption, tout en étant protégé par la Loi. Cette protection ne manquera pas d’encourager les citoyens à combattre ce fléau, dont ils sont les premières victimes sur leur lieu de travail, d’habitation et de l’Administration.
Le Président Tebboune, a lui-même, lors d’un Conseil des ministres, «ordonné au Gouvernement de poursuivre la lutte contre toutes formes de corruption et contre les corrupteurs et corrompus», notamment contre ceux qui marchandent «les droits administratifs les plus élémentaires des citoyens, au détriment du service public, d’où l’urgence de châtier les auteurs impliqués de façon directe ou indirecte». Source : https://www.aps.dz/economie/154993-le-president-de-la-republique-ordonne-au-gouvernement-de-poursuivre-la-lutte-contre-toutes-formes-de-corruption
Jusque-là, les procédés et mécanismes mis en place par le Gouvernement contre la corruption, la bureaucratie, n’ont pas réussi à créer une barrière immunitaire contre ces virus. Des fonctionnaires et des entrepreneurs véreux arrivent encore à passer à travers les mailles du filet. Ils trouvent toujours de nouvelles brèches pour contourner ces dispositifs et échapper à la Justice, un corps, qui n’échappe pas non plus à la corruption.
Au sein des organismes étatiques, des entreprises publiques et privées, tout le monde est au courant de certains détournements et malversations mais personne n’ose parler car les travailleurs ne sont pas protégés, puisque les personnes impliquées, sont, en général, les responsables eux-mêmes ou des personnes qu’ils protègent. Les travailleurs honnêtes se taisent par peur de perdre leur emploi en ces temps où le chômage bat son plein et où les places de travail se monnayent par endroits. Les travailleurs qui osent critiquer les comportements immoraux (corruption, malversations, harcèlements) subissent des pressions, se voient rétrograder, priver de travail et poussés à la démission. Certains parmi eux finissent stressés, déprimés, brisés dans leur carrière professionnelle et touchés dans leur dignité.
Même les syndicats – quand ils existent – se taisent et finissent par «manger» et «rentrer dans les rangs». Personne ne dit rien et tout le monde fait semblant de ne rien voir et de ne rien entendre, selon la loi de l’omerta de la Mafia. Plus grave encore, selon une certaine opinion, la corruption est une fatalité contre laquelle on n’y peut rien !

LA LUTTE CONTRE LA CORUPTION NE PEUT
ETRE LA SEULE AFFAIRE DU PRESIDENT
La lutte contre l’argent sale ne peut être la seule affaire du président de la République, mais doit être combattue par toute la société si on veut supprimer les scories d’un Etat défaillant laissé par celui qui ne voulait pas être «un trois quart de Président», qui a concentré tous les pouvoirs et supprimé tous les contre-pouvoirs.
Dans cette lutte anti-corruption, les représentants élus de la population, les syndicats, les associations et les partis politiques, devraient soutenir les actions du Président car il s’agit d’une question d’intérêt national, qui concerne toutes les classes sociales, quelles que soient leurs tendances politiques. La corruption ne profite qu’à une minorité d’exploiteurs algériens et étrangers et détruit in fine, l’Etat national.
Les syndicats doivent dénoncer les malversations dans les entreprises comme cela se faisait par le passé lorsque l’organisation syndicale, l’UGTA, était représentative et puissante, avant d’être récupérée par les oligarques. Les syndicats laminés par les années de corruption et de gel de la vie politique et démocratique sont appelés aujourd’hui à opérer une refondation. Les travailleurs sont appelés à se réapproprier leur organisation syndicale, l’outil de défense de leurs intérêts créée depuis la période coloniale. Le renouveau syndical peut se faire en partant des bases des luttes ouvrières traditionnelles comme les grands complexes industriels, les ports, les mines et les domaines agricoles et les complexe agro-industriels surtout avec le renforcement actuel du secteur agricole. Les ouvriers et les paysans sont les deux classes qui lorsqu’elles sont conscientes de leur rôle dans la société, forment la défense immunitaire d’un pays.
Dans cette refondation nécessaire, les syndicats doivent pouvoir compter sur l’aide des forces patriotiques et démocratiques expérimentées pour se réorganiser et retrouver leurs capacités de mobilisation qui ont accompagné les luttes pour l’indépendance économique du pays. Ces deux classes productrices de richesses ne peuvent être remplacées par le computer ou l’intelligence artificielle car, comme dit le proverbe «science sans conscience n’est que ruine de l’âme».

LE RECUL DE LA VALEUR TRAVAIL
AU PROFIT DE L’ARGENT FACILE
Le recul des syndicats et de la valeur-ravail qu’il soit manuel ou intellectuel au sein de la société, de ces dernières décennies, s’est opéré au profit de l’argent facile coïncidant avec la domination à l’échelle mondiale du capitalisme financier qui a évincé le capitalisme productif, encourageant la corruption, le règne de l’argent et de l’argent sale. Il devient alors urgent de revaloriser la place des travailleurs créateurs des richesses et de leurs syndicats, pas seulement par la hausse des salaires et revenus, mais également par la reconnaissance de leur rôle d’avant-garde dans la lutte pour l’indépendance économique et la souveraineté nationale, questions plus que jamais d’actualité. L’autre mesure à prendre, consiste en l’adoption d’une politique de recrutement des cadres basée sur la méritocratie (contraire de la médiocratie) qui se base sur les connaissances, la compétence, l’expérience, mais aussi le mérite, l’honnêteté, le souci de l’intérêt national et de l’intérêt général. Un tel profil de cadre dirigeant va permettre d’empêcher – ou du moins réduire – en amont, la propagation de ce fléau.
Concernant les hauts cadres et les cadres dirigeants, outre les critères évoqués, ils pourraient bénéficier d’une formation politique, post- universitaire dans une école de Hautes Etudes comprenant des cours théoriques et pratiques en matière de géopolitique et de géostratégie, questions devenues incontournables avec l’évolution du système économique mondial et des relations politiques internationales. Ces cours doivent être dispensés par des experts, dans des instituts, des laboratoires de haut niveau. Pour contrecarrer la domination de l’argent sale et de l’argent devenu la valeur-roi, il est nécessaire de moraliser la société toute entière et de rétablir la place des valeurs positives et des valeurs humaines comme la générosité, l’altruisme, la solidarité, la justice, le respect de l’autre et de la collectivité. On ne peut vaincre la corruption si on ne réhabilite pas ces valeurs qui font partie de notre identité, de notre histoire et de l’histoire de l’Humanité. Il importe donc de changer de paradigme social, en instaurant un autre modèle de société où l’individu peut s’épanouir, avoir des motivations, un idéal, des projets, pour lui mais aussi pour les autres, sa société, son pays et participer à la création d’un monde meilleur, plus juste, plus humain, un monde de paix.

La corruption ou la face cachée
du capitalisme financier mondial
La lutte contre la corruption est aussi à mener au niveau international car la corruption est devenue aujourd’hui une arme de destruction massive, avec des ramifications avec les lobbys financiers étrangers, les multinationales et les magnats de la finance. Les réseaux locaux de corruption sont intégrés dans la stratégie de la politique néo- coloniale de reconquête au niveau des pays en développement (PVD) en Afrique notamment, pour s’accaparer leurs terres, leurs ressources naturelles, leurs richesses, en détruisant au préalable les capacités de défense de ces pays afin de s’accaparer des leviers de commande et de les contrôler.
L’Oligarchie financière cherche à imposer une Gouvernance mondiale et utilise pour cet agenda, la corruption, les Nouvelles technologies, les guerres hybrides, la guerre électronique, l’espionnage économique, les associations, les ONG, les médias, les Arts, les religions etc. Ces guerres profitent au complexe militaro-financier occidental et aux réseaux de corruption liés au trafic d’armes. La corruption et les guerres s’alimentent l’une, l’autre.
Pour lutter efficacement contre la corruption (petite et grande), il importe que les responsables politiques et les dirigeants économiques en Algérie (et en Afrique), soient conscients de tous ces enjeux. Des analystes soutiennent que «les banques et les paradis fiscaux, sont des accélérateurs de la gouvernance néolibérale et des délits politico-financiers». Ainsi, les grandes banques et leurs propriétaires, comme Rockefeller, Rothschild, Morgan, City Group, Goldman Sachs (…) représentent un des pivots du Pouvoir mondial. En outre, ces oligarques disposent de sommes énormes «qui leur permettent d’acheter potentiellement absolument, tout ce qui peut servir leur objectif de puissance: entreprises, médias, biens divers et ce jusqu’à corrompre si besoin est les dirigeants politiques, qui sont susceptibles de se laisser soudoyer». Source: https://www.mondialisation.ca/la-domination-des-banquiers-au-coeur-des-tats/15505 Les oligarques ont également développé un système de lobbying qui touche aussi bien la sphère économique que politique. Au nom de la «bonne gouvernance», ils «privatisent» les instances démocratiques élues par les peuples, en instaurant le dialogue avec les entreprises au détriment des peuples, de leurs représentants. Ces pratiques de lobbying s’étendent également aux mouvements politiques, aux élites et organisations internationales. Toutes ces organisations supranationales et internationales mangent dans la main des mondialistes, ou globalistes, dont l’agenda – réel et non caché – n’est autre que celui de la poursuite de leur domination du monde et du pillage des nations et des peuples souverains. Lire plus in: https://www.mondialisation.ca/linfluence-des-lobbies-sur-la-politique-internationale/13161 On a vu comment le scandale de corruption, du «Marocgate» a éclaboussé l’Union européenne à travers les «pots- de-vin» versés par le Maroc à plusieurs membres de la Commission et du Parlement européen, celui-là même qui s’est arrogé le droit de s’ingérer dans les affaires internes de l’Algérie pour lui dicter sa politique en matière de liberté de la presse et des droits de l’Homme. Cette organisation supranationale européenne est donc très mal placée pour s’ériger en donneur de leçons au moment où à Bruxelles la Présidente de la commission européenne est elle-même directement impliquée dans un scandale de corruption dans l’affaire Pfizer (multinationale américaine du médicament). Cette organisation créée en principe dans le but de «contribuer à la paix et à la sécurité» est aujourd’hui discréditée pour son inféodation à Washington et à l’OTAN, comme on le voit dans sa participation à la guerre en Ukraine, contre un autre pays européen, la Russie, une guerre qui ne sert pas les intérêts des Peuples européens ! A telle enseigne que plusieurs mouvements européens demandent à quitter l’UE et l’OTAN pour retrouver leur indépendance ! Certaines personnalités de l’opposition en France ont même proposé de rejoindre les BRICS !
Les BRICS offrent aujourd’hui une perspective pour l’émergence d’un Nouvel ordre mondial multipolaire, à l’antipode du nouvel ordre mondial global. Ce groupe, BRICS, auquel l’Algérie est candidate avec d’autres pays, travaille à se doter de sa propre monnaie et de sa propre banque qui vont mettre fin à l’hégémonie du dollar, source de la domination occidentale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le dollar et l’euro ne trouveront donc plus beaucoup d’acquéreurs et plus grand monde à corrompre !
(Suite et fin)
Houria Ait Kaci-Journaliste