Forces occultes à la manœuvre L’Empire vers la 3e Guerre mondiale ? (II)

Après avoir brossé le tableau de la mutation de l’Empire britannique du début du XXe siècle en Empire anglo-américano-sioniste mondialisé à l’heure actuelle, nous allons montrer pourquoi le risque de dérapage vers une guerre mondialisée existe aujourd’hui du fait des intérêts ou du travail souterrain de deux fractions de l’Empire.
L’intérêt de rejouer la même séquence historique ayant conduit à la Seconde Guerre mondiale est qu’elle s’est finalement terminée par le long cheminement de l’après-guerre où la puissance économique, fortement concentrée entre les mains d’un groupe restreint déterminé et aux intérêts convergents, a reconstitué son retour à une hégémonie économique, politique, idéologique et médiatique complète malgré le discrédit moral post-Seconde Guerre mondiale et les minces garde-fous constitutionnels pour lutter contre les conflits d’intérêt et les concentrations de pouvoirs, concédés «pour la galerie» (notamment sur le contrôle des médias par les intérêts privés).
Or, bien des signes montrent que les élites compradores sont en train de rejouer à l’identique la séquence historique qui leur a tellement réussi, ainsi qu’à leur portefeuille, jusqu’à la guerre et au «reset» de l’économie mondialisée.
Depuis la grande crise boursière de 2008, nous avons déjà rejoué les premières étapes du même enchaînement : crise financière, puis crise économique, avec une gigantesque paupérisation des classes populaires et moyennes, une concentration monstrueuse et inégalée des richesses et du capital et une montée des tensions dans le monde à l’intérieur des Etats et entre eux. Deux signes majeurs montrent que les ploutocrates ont accéléré la marche vers la guerre mondiale.

La marche vers la guerre
Le premier signe est l’accélération de leur prédation économique à l’intérieur des sociétés occidentales de l’Empire à un niveau similaire à celui pratiqué jadis dans les sociétés colonisées, tout en empêchant l’union des forces populaires contre eux par l’exacerbation jusqu’à l’hystérie des différences sociales. Ce remplacement de la si pertinente lutte des classes de Marx, qui constituait le référent au début du XXe siècle, par la lutte de tous contre tous est le fruit de la manipulation de l’idéologie «woke», appelée aussi «marxisme social». Elle conduit à l’atomisation de la société entre groupes antagonistes : conservateurs contre libéraux, femmes opprimées contre hommes oppresseurs, «blancs» contre minorités ethniques, jeunes contre vieux, salariés contre entrepreneurs, chômeurs contre professions libérales, «ceux qui se lèvent tôt» contre «assistés fraudeurs de l’aide sociale», entre LGBTQ+ et hétérosexuels, entre chrétiens et musulmans, entre habitants des grandes villes et ceux de la «périphérie», entre Etats rouges et Etats bleus, entre propriétaires d’armes à feu et anti, entre vaccinés et non vaccinés, etc. Ainsi, toutes ces revendications importantes mais mineures qui avaient été transcendées par la si dangereuse analyse de Marx servent d’écran de fumée et mène à l’anomie et détourne l’attention de la responsabilité écrasante des oligarques.
Cette stratégie de la tension qui hystérise toutes les sociétés de l’Empire menée de manière coordonnée par les oligarchies compradores mondialisés via leur contrôle des politiciens, des médias et de la violence d’Etat va accélérer la marche vers la guerre qui permettra le «reset» qu’ils appellent de leur vœu.

«Reset» : on efface tout et on recommence
En parallèle, le second signe de l’accélération de la marche vers la guerre est la mise en commun coordonnée des richesses par les oligarques et les ploutocrates au niveau mondial via les fonds d’investissements BlackRock, Vanguard et State Street dont les actifs sous gestion représentent actuellement respectivement 10 000 milliards de dollars pour BlackRock, 7 200 milliards de dollars pour Vanguard et 4 200 milliards pour State Street, soit un quart de la totalité de la capitalisation boursière mondiale.
Ce phénomène est une nouveauté par rapport au siècle dernier.
Ces fonds ont connu une accélération monumentale de leur croissance à la suite de la crise de 2008 et de la politique de l’assouplissement quantitatif (quantitative easing) des Etats occidentaux, notamment de la FED, qui a atteint des sommets lors de la crise du coronavirus de 2020. Les banques centrales ont racheté directement des titres d’entreprises sur les marchés financiers pour assurer la stabilité des marchés boursiers et éviter un effondrement des cours, allant bien au-delà du mandat classique des banques centrales sur les marchés monétaires et bancaires. La FED a même financé l’achat direct d’obligations d’entreprises «à risque» par BlackRock, sans même passer par l’écran des banques comme habituellement.
Via leurs fonds d’investissements, notamment BlackRock, Vanguard et State Street déjà cités (3), les intérêts privés oligarchiques ont acheté frénétiquement les actifs tangibles les plus importants de la planète comme des parts des entreprises les plus importantes de tous les secteurs économiques, notamment industriels, mais aussi des terres agricoles, des mines, des biens immobiliers, des bijoux, des œuvres d’art, etc.
Or, comme la FED «indépendante», la BCE «indépendante» et les grandes banques privées, ces fonds d’investissement privés et les grandes entreprises dans lesquelles ils investissent si généreusement ont tous pour actionnaires directs ou indirects les mêmes oligarques, ce qui signifie que la gigantesque impression d’argent public précédant la crise boursière de 2008 et surtout après celle-ci qui constitue l’essentiel du volume de dettes des Etats n’a in fine servi qu’à enrichir une poignée d’oligarques.
En se penchant sur l’histoire pré et post Seconde Guerre mondiale, l’engrenage dans lequel nous mènent ces oligarques est le suivant : à la faveur d’une grande guerre mondiale, il y aura le fameux «reset» qui permettra d’effacer les dettes des Etats accumulées pour financer les oligarques et de changer de système monétaire et de paradigme économique, sans reddition de comptes pour les responsables de ce hold-up monumental.
Puis, ces oligarques savent que dans le monde post reset, tôt ou tard, l’accaparement inédit dans l’histoire d’actifs tangibles aux quatre coins du monde financé par de l’argent public de notre époque leur permettra de reprendre les rênes du monde, comme ils l’ont fait après la Seconde Guerre mondiale.Il y a comme un cygne noir à l’horizon : les oligarques se font tous construire des abris atomiques privés pour eux et leur famille.

(Suite et fin)
Mohsen Abdelmoumen

Références
1- En référence à Bush Senior qui avait traité les néo-conservateurs, encore éloignés des leviers du pouvoir dans les années 80, de «fous du sous-sol»,
2- Ces armes nucléaires «tactiques» ont néanmoins une puissance plusieurs dizaines de fois supérieures à celles d’Hiroshima, ce qui signifie que le moindre «petit» lâchage de ces bombes déclenchera une guerre nucléaire généralisée.
3- La croissance vertigineuse de BlackRock, Vanguard et State Street les distingue des autres fonds d’investissements et révèle l’empressement des oligarques à opérer des transferts massifs de richesses du public vers leur poche, ainsi que le degré de coordination atteint au sein des oligarques pour la mise en place de tels colosses.