Championnat d’Algérie Une programmation qui déprogramme l’envie d’aller au stade

Qui veut le triturer, le massacrer, le déboussoler, lui enlever son charme ? La trêve est très longue, les joueurs perdent toute ardeur, toute envie de remettre la machine en route.

Le professionnalisme des clubs est menacé par la déprogrammation, les joueurs s’ennuient. Alors, il y aurait bien une ou plusieurs pièces qui feraient défaut jusqu’à briser cette courroie de transmission pour que la mécanique s’arrête. Le football, principale source de revenus des joueurs, connaît une chute vertigineuse. Les clubs pourtant dotés d’une grande économie se retrouveraient, à cette allure, dans l’incapacité de satisfaire les besoins de leurs joueurs.

Les joueurs perdent les repères
Les arbitres sont aussi au chômage, la vente considérable des marchands lors des journées de Championnat ne régresse jamais, du jamais vu ou presque une si longue trêve. A l’exemple de la JS Kabylie qui ne reprendra du service que le 1er juillet, son dernier match remonte au 6 juin, face au Mouloudia d’Alger. «Dans le football de haut niveau, il y a quatre composantes : physique, technique, tactique et mental. La compétition est le cadre dans lequel le joueur est appelé à se développer. Sans compétition, même si vous faites mille entraînements ou disputez des matches amicaux avec des équipes dites grandes, ça ne donnera pas de repères. Ni l’entraînement ni les matches amicaux ne peuvent remplacer une compétition officielle.

Quelle relance pour la reprise ?
D’autres équipes pataugent aussi dans ce triste environnement qui se répercute sur leur plus mauvaise prestation, manque de temps de jeu , «perdent des automatismes, et des repères» quand ils sont en manque de compétition. «Sur le plan psycho-mental, les joueurs sont presque découragés. Le corps a assimilé l’inactivité et vous verrez même que la saison prochaine quand il y aura reprise du Championnat, il sera constaté un manque de rythme», ajoute-t-il, tout en précisant que les joueurs «grandissent aussi par rapport à l’adversité qu’il y a en face. Or pendant des séances d’entraînement, il n’y a pas tout ça».

La LFP perturbée…
Avril 2023, l’instance présidée par Abdelkrim Medouar met en avant, dans son communiqué explicatif, sa nette volonté de «terminer le Championnat dans les délais fixés». «Les matches en question sont maintenus à leurs dates initiales dans le but, indique la LFP dans un communiqué publié sur son site officiel, «de préserver l’éthique sportive et mettre à chances égales tous les clubs dans la course au titre et pour une place qualificative à une des compétitions continentales ainsi que dans la lutte pour le maintien».

La volonté de mettre de l’ordre ? Oui mais…
«Pour ce qui est de la fin de l’actuelle saison, le président de la LFP a présenté toutes les variantes possibles en fonction de la suite du parcours de nos clubs en Coupes africaines».
La communication ferait-elle alors défaut ?
Enfin, le journal électronique «Afrique Football», qui reprend une info d’un journal sportif algérien, estime pour sa part qu’«il y a un manque de maîtrise qui constitue un des facteurs les plus impactants sur le développement de notre football, du Championnat dit professionnel et son attractivité. Les multiples coupures et trêves justifiées ou pas faussent même l’éthique sportive de ce Championnat. Tout comme elles empêchent les techniciens de mettre en place un plan de travail et de récupération. Sans oublier la suspicion et la violence qu’elles créent». Et de poursuivre «aujourd’hui, des équipes sont appelées à rechausser les crampons après un arrêt de 40 jours ! Une éternité dans le sport de haut niveau».

Un exercice pour soigner l’image de la saison prochaine ?
Poursuivant cette analyse, le journal évoque «la santé des joueurs qui est engagée. Les équipes doivent aussi gérer une certaine démobilisation, notamment pour l’écrasante majorité d’entre elles qui se trouvent en difficulté financière et qui ne savent pas comment retenir leurs éléments impayés depuis des mois. De fait, la non maîtrise du calendrier a une part non négligeable dans les contre-performances de nos équipes à l’échelle continentale et régionale, tout comme elle pèse sur le volet financier et l’attractivité de la Ligue 1. Comment valoriser financièrement ce Championnat lorsque les journées sont constamment scissionnées et que la programmation est aussi aléatoire ?» Pour les chroniqueurs, une telle situation devrait servir de base de réflexion à la Ligue de football, pour que la saison prochaine soit totalement différente.

Synthèse H. Hichem