Découverte d’un «Stonehenge des Pays-Bas», vieux de 4.000 ans

Archéologie

Alors que plus de 8.000 personnes se sont réunies ce 21 juin à Stonehenge en Angleterre pour fêter le solstice d’été, le site néolithique a connu le même jour la naissance d’un petit frère, à quelques centaines de kilomètres de là, sur le continent européen. Des archéologues viennent en effet de découvrir près de la ville de Tiel, aux Pays-Bas, au sud-est d’Utrecht, un site archéologique vieux de 4.000 ans qu’ils ont surnommé le «Stonehenge» du plat pays, rapporte le Guardian.
L’endroit, où les fouilles ont commencé en 2017, renfermait un tumulus qui servait de calendrier solaire. Le monticule contenait des trous qui permettaient de faire entrer la lumière du soleil lors du jour le plus long et le plus court de l’année. Des restes d’une soixantaine de personnes, hommes, femmes et enfants, ont également été découverts sur place. «Quelle découverte archéologique spectaculaire!, s’enthousiasme la ville de Tiel sur Facebook. C’est la première fois qu’un tel site est trouvé aux Pays-Bas.» L’archéologue en chef, Cristian van der Linde, ne cache pas non plus son étonnement auprès du radiodiffuseur public néerlandais, la NOS. «C’est quelque chose de très peu néerlandais en fait. Que cela fasse surface maintenant remet vraiment notre patrimoine du Pays-Bas en valeur», souligne le scientifique.
Une perle de verre de Mésopotamie
En étudiant les différences de composition et de couleur de l’argile sur le site, les archéologues ont trouvé trois tumulus, servant tous de lieu de sépulture pendant environ 800 ans. Le plus grand fait 20 mètres de diamètre. «Les gens utilisaient ce calendrier pour déterminer les moments importants, notamment les jours de fête et de récolte», expliquent les scientifiques.
Les découvertes ne s’arrêtent pas là. Une perle de verre a notamment été trouvée dans une des sépultures. «Ce genre de perles n’était pas fabriqué à cette époque aux Pays-Bas, mais plutôt en Mésopotamie et plus tard en Égypte, explique Cristian van der Linde à la NOS. La composition chimique a été examinée à Naturalis [un institut de recherche situé à Leyde, ndlr]. C’est ainsi que nous avons découvert qu’elle provenait de Mésopotamie. […] La perle a donc parcouru une distance de près de 5.000 kilomètres, et ce il y a quatre millénaires.»
Stijn Arnoldussen, professeur de préhistoire tardive à l’Université de Groningue, est également impressionné par ce «Stonehenge». «On sait que les agriculteurs s’intéressent aux positions du soleil depuis l’âge de pierre. Pourtant, il est rare de trouver un tel site aussi complet et cohérent», souligne-t-il.
Qu’advient-il maintenant du site ? Malheureusement, il ne reste plus grand-chose sur place. «Il n’y a plus de pierres. Beaucoup de choses ont disparu […]. Donc pour les gens intéressés, il n’y a tout simplement rien à voir malheureusement», fait savoir Ilse Schuuring, archéologue de la commune de Tiel. L’endroit des fouilles ne restera donc pas présearvé éternellement, comme l’explique Cristian van der Linden. «Le propriétaire du terrain va y construire des hangars.» Le «Stonehenge» des Pays-Bas ne verra donc pas des hordes de druides s’y rendre chaque solstice d’été.
M.T.M.