Des occupations espagnoles et ottomanes à la colonisation française et à la résistance du peuple algérien

Une lutte millénaire pour les libertés

« Bien informés, les Algériens sont des citoyens, mal informés, ils deviennent des sujets ». L’Algérie fête le 5 juillet 2023., 61 années d’indépendance politique. Cependant ce serait une erreur de se limiter qu’à la période récente car l’histoire d’une nation ne se découpe pas en morceaux. Depuis de longs siècles, une conscience nationale algérienne s’est forgée, malgré bon nombre de péripéties tout au long de son histoire. devant remonter de la période des Numides à la période romaine et de la période du kharidjisme à la dynastie des Almohade sans oublier l’occupation espagnole et ottomane.

Les étudiants algériens s’impliquent. Après la création de l’UGEMA, en 1955, par Belaid Abdesselam, Mohamed Seddik Benyahia, Lamine Khène, et Aït Challal, la section locale de Montpellier élit à sa tête Mohamed Khemisti (futur ministre des Affaires étrangères qui fut assassiné durant la période Ben Bella). Des intellectuels français vont aider le FLN comme Maurice Audin qui fut torturé et tué par les services français. Frantz Fanon s’engage auprès de la résistance algérienne. Albert Camus, natif d’Algérie, fut un défenseur des droits des algériens, dans les années 1940, avant de refuser de prendre position pour l’indépendance avec cette phrase célèbre prononcée à Stockholm en 1957 : «Si j’avais à choisir entre la justice et ma mère, je choisirais encore ma mère». Dès 1956, Jean Paul Sartre, et la revue les Temps modernes prennent parti contre l’idée d’une Algérie française et soutiennent le désir d’indépendance du peuple algérien.
La découverte de pétrole dans le sud algérien favorise les convoitises et ainsi est annoncé le plan de développement économique et social dit Plan de Constantine visant à la valorisation de l’ensemble des ressources de l’Algérie, mettant en relief les relations financières entre l’Algérie et la métropole (juin 1955) et les perspectives décennales du développement économique de l’Algérie (mars 1958). Ce plan était surtout destiné à l’affaiblissement politique du Front de Libération National. Les principaux objectifs fixés par ce plan sont la construction de 200.000 logements, permettant d’héberger un million de personnes ; la redistribution de 250.000 hectares de terres agricoles ;le développement de l’irrigation ; la création de 400.000 emplois industriels ; la scolarisation de tous les enfants en âge d’être scolarisés à l’horizon de 1966 ; l’emploi d’une proportion accrue de Français musulmans d’Algérie dans la fonction publique (10%) ; l’alignement des salaires et revenus sur la métropole ainsi qu’une d’industrialisation s’appuyant à la fois sur des aides directes et indirectes aux entreprises privées investissant en Algérie (exemption de certains impôts, subventions à l’investissement à hauteur de 10%), et la mise en valeur des ressources en hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) découvertes dans le Sahara, susceptibles de fournir des ressources d’exportation et une énergie bon marché. Malgré cela, l’indépendance devient irréversible et en 1960 la semaine des barricades à Alger fait 22 morts algériens et des centaines de prisonniers. Lors du discours du 4 juin 1958 à Alger, le général De Gaulle sentait l’indépendance proche par cette fameuse phrase «Je vous ai compris !».
Par la suite, il annonce la tenue du référendum pour l’indépendance de l’Algérie. Suite à cela, nait l’ «Organisation armée secrète (OAS)», également appelée Organisation de l’armée secrète qui était une organisation française politico-militaire clandestine partisane, créée le 11 février 1961 après une rencontre à Madrid entre Jean Jacques Susini et Pierre Lagaillarde où elle émerge à Alger le 16 mars 1961 avec le slogan «L’Algérie est française et le restera». Des attentats violents éclatent qui toucheront également la métropole. C’est ainsi que l’on assistera à la tentative du putsch des généraux contre le général De Gaulle. En 1960, l’ONU annonce le droit à l’autodétermination du peuple algérien. Le côté français organise des pourparlers avec le gouvernement provisoire algérien Plusieurs réunions à l’extérieur du pays vont aboutir aux accords d’Evian.
Le 17 octobre 1961, la nuit noire débute à Paris, appelée aussi la bataille de Paris avec le massacre du 17 octobre 1961. Plusieurs Algériens sont tués en métropole lors d’une manifestation du FLN. Il y aura aussi des milliers d’arrestations au sein des Algériens. Le tournant a été les accords d’Evian qui sont le résultat de négociations entre les représentants de la France et du Front de Libération Nationale, accords signés le 18 mars 1962 à Evian -les Bains (Haute Savoie France) et se traduisent immédiatement par un cessez le feu applicable sur tout le territoire algérien. Du côté algérien, nous avons la délégation du FLN, Krim Belkacem, Saad Dahlab, Benmostefa Benaouda dit Si-Aamar, Lakhder Bentobal, Taïeb Boulahrouf, Mohamed Seddik Ben Yahia, Seghir Mostefaï, Redha Malek, M’Hamed Yazid, Ahmed Boumendjel et Ahmed Francis.
Côté français, il y avait Louis Joxe, Bernard Tricot, Roland Cadet, Yves Roland-Billecart, Claude Chayet, Bruno de Leusse, Vincent Labouret le général Jean Simon, le lieutenant- colonel Hubert de Seguins Pazzis, Robert Buron et Jean de Broglie. Dans la foulée, le CNRA se réunit à Tripoli (Libye) du 27 mai au 5 juin 1962 pour, en principe, entériner les termes des accords d’Evian. L’ordre du jour est rapidement débordé et la conférence adopte, après amendements, un programme de gouvernement préalablement élaboré à Hammamet (Tunisie). Ce document que l’histoire retient sous le nom de programme ou parfois Charte de Tripoli, caractérisé par bon nombre de dissensions internes au sein de la direction, certains acteurs affirmant qu’il n’a jamais été adopté, établit pourtant le régime socialiste comme modèle de développement et impose le parti unique comme système politique. Lors du référendum d’autodétermination de l’Algérie où les électeurs ont eu à se prononcer par ‘’Oui’’ ou par ‘’Non’’ sur la question suivante :« Voulez- vous que l’Algérie devienne un État indépendant, coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962 ,». Le «Oui»’ l’emporte par 99,72 % (5 994 000 sur 6 034 000 votants et 530 000 abstentions).
La France reconnaît l’indépendance de l’Algérie le 3 juillet et celle- ci est proclamée le 5 juillet 1962. Rappelons que de septembre 1958 à janvier 1960 Ferhat Abbas a été président du GPRA, Benyoucef Benkhedda d’août 1961 à juillet 1962, Abderrahmane Farès de juillet 1962 à septembre 1962, président de l’exécutif provisoire algérien et à nouveau Ferhat Abbas du 20 septembre au 25 septembre 1962 président de l’Assemblée nationale constituante (ANC).
Conclusion : l’importance du devoir de mémoire pour préparer l’avenir
Pour clore cette brève analyse historique certainement imparfaite, comment ne pas souligner avec force, l’importance du devoir de mémoire afin de dépasser les faux préjugés, d’établir la vérité afin d’éviter l’instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques.
La jeunesse a besoin de connaître son histoire, très riche, qui ne saurait se limiter à la période du 05 juillet 1962 au 05 juillet 2023. Gloire à tous nos martyrs, qui se sont sacrifiés pour une Algérie prospère, où serait bannie l’injustice, une Algérie fondée sur l’Etat de droit, la démocratie tout en tenant compte de sa riche anthropologie culturelle.

Abderrahmane Mebtoul Pr des universités, dr d’Etat en sciences économique
(Suite et fin)