«Bon gré mal gré, le pétrole est fondamental pour notre avenir !»

Le prétexte climatique des Occidentaux pour s’attaquer aux producteurs de pétrole

L’Arabie saoudite ne fait plus cavalier seule pour faire grimper les cours du pétrole qui commencent à montrer des signes de reprise pour la deuxième séance consécutive, stabilisés à 78 dollars. Certes, l’objectif des 100 dollars le baril reste encore loin, cependant, les pays membres de l’Alliance Opep+ espèrent atteindre ce prix d’ici la fin de l’année, et ce, grâce à l’engagement, d’autres membres du groupe aux côtés des Saoudiens, à savoir, de l’Algérie et de la Russie, à réduire volontairement leurs volumes de production dès le mois d’août prochain en vue de stabiliser davantage le marché pétrolier, pris pour cible par les Occidentaux. Ces derniers se sont déjà attaqués au pétrole russe ainsi qu’aux investissements dans le secteur, provoquant le mécontentement des pays producteurs, qui sont, à leur tour, passés à l’offensive pour protéger leurs intérêts communs et sauver leurs économies dépendantes, majoritairement, des revenus d’hydrocarbures.
Le bras de fer se poursuit entre l’Alliance Opep+ et les consommateurs occidentaux qui tentent, vainement, de s’affranchir des énergies fossiles au profit de l’énergie renouvelable.
Cette transition non seulement coûte chère et surtout avance à un rythme insuffisant pour se débarrasser définitivement des énergies fossiles. Se passer des hydrocarbures implique une mobilisation d’importantes ressources minérales dont certaines sont critiques. A noter que les pays producteurs de pétrole sont, également, de grandes puissances en ressources naturelles (lithium, cobalt, cuivre…).
L’exploitation des ressources naturelles reste un enjeu géopolitique de taille et à l’origine des tensions géopolitiques dans le monde. Chaque partie tente de protéger ses intérêts, quel que soit le contexte. Actuellement, l’Alliance Opep+ œuvre à stabiliser les cours du pétrole à travers le resserrement de l’offre et de ses exportations, en représailles, aux décisions des pays occidentaux qui ont imposé de manière unilatérale le plafonnement des prix du pétrole russe, transporté par voie maritime, menaçant les compagnies pétrolières étrangères, ce qui a déplu aux pays producteurs et consommateurs.
Une démarche contestée par l’Opep qui refuse de céder au chantage des Etats-Unis et de l’Europe, pourtant, première victime de la crise énergétique.
En représailles, le cartel a opté pour la réduction, au préalable, de sa production de pétrole de deux millions bj, surprenant le monde, suivie par une nouvelle baisse supplémentaire de 500.000 bj décidée par l’Arabie saoudite et sept autres personnes. Seulement, l’impact de cette réduction n’a pas eu l’effet souhaité sur les prix qui ont continué leur dégringolade. Les Saoudiens coupe volontairement leur production d’un million bj, suivi un mois plus tard par l’Algérie, ce qui a permis de relancer les cours de l’or noir, soutenus, également, par les craintes de récession économique. Si les Occidentaux tablent sur un repli de la demande face à la montée des investissements dans le renouvelable, l’Opep, quant à elle, estime que «les stocks mondiaux devraient diminuer au même titre que l’offre, ce qui aurait un impact sur les prix, mais aussi sur les gains des compagnies pétrolières». Après une diminution d’environ 10% cette année, à cause d’une politique monétaire américaine stricte, une reprise timide de l’activité économique en Chine et une baisse des exportations d’hydrocarbures, notamment, russe, les prix de l’or noir pourraient retrouver leur niveau d’avant la crise. L’abandon du pétrole en tant qu’énergie de base et fondamentale dans le quotidien est «très difficile», selon l’Opep. «L’Organisation s’efforce toujours d’assurer la stabilité du marché, car des milliards de personnes dépendent du pétrole pour leur vie quotidienne», a déclaré, le 6 juillet courant, le secrétaire général de l’Opep, Haitham al-Ghais, lors du 8ème séminaire international de l’Opep, assurant que «le pétrole était très important pour la planète et que la durabilité devrait être atteinte sans compromettre les besoins des générations futures». Il a estimé, par ailleurs, que «les sources d’énergie renouvelable ne sont pas suffisantes pour atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris», remettant ainsi en question l’attitude ou la politique hostile des Occidentaux à l’encontre des pays producteurs de pétrole qui, eux aussi, sont engagés dans la lutte contre le changement climatique. «La transition énergétique en cours dans le monde devrait être inclusive par nature et que les voix de chacun devraient être prises en considération». Un avis que partage Antonio Oburu Ondo, président de la Conférence de l’Opep en 2023. «La réalité énergétique est que le monde ne peut se passer du pétrole. Le pétrole a été au cœur de notre passé, il est fondamental pour notre avenir et il est au centre de notre présent. Il s’agit d’un produit de base disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Nous ne pouvons pas nous en passer», a-t-il soutenu. Samira Takharboucht