La Chine reconfigure le pouvoir économique mondial et axe sa stratégie sur l’Afrique

Coopération sino-africaine

La puissance et l’impact dans les relations internationales en ce XXIe siècle se mesurent au poids économique et l’exemple est donné par la Chine, qui en quelques décennies représente en 2022 plus de 70% du PIB des BRICS et près de 20% du PIB mondial, préfigurant entre 2023/2030 une profonde reconfiguration du pouvoir économique mondial où contrairement à certaines supputations nous devrions assister à une entente avec les USA pour se partager les zones d’influence.

Qu’en est-il de la coopération avec l’Algérie ? L’Algérie et la Chine entretiennent des relations solides sur le plan politique où avant même l’indépendance de l’Algérie en 1962, Pékin ayant été l’un des premiers à reconnaître le gouvernement provisoire qui partageait avec le régime communiste une culture révolutionnaire, ayant financé et armé pendant des années le FLN via l’Égypte de Nasser, sur le plan international, la Chine et l’Algérie ont des positions complémentaires concernant le règlement des conflits régionaux et les enjeux internationaux. Le 8 novembre 2022, l’Algérie et la Chine ont procédé à la signature du «deuxième plan quinquennal de coopération stratégique globale pour les années 2022-2026 visant, selon le communiqué, à «continuer à intensifier la communication et la coopération entre les deux pays dans tous les domaines, y compris l’économie, le commerce, l’énergie, l’agriculture, la science et la technologie, l’espace, la santé et la communication humaine et culturelle. Mais sur le plan économique, les échanges sont déséquilibrés. La Chine accapare plus de 18% des importations algériennes, suivie de la France (9,72%), l’Allemagne (6,89%), l’Italie (6,25%) et l’Espagne (5,70%). Même le choc pandémique qui a frappé de plein fouet les échanges commerciaux mondiaux n’a pas réussi à enrayer le mouvement haussier des exportations chinoises vers l’Algérie. Selon les statistiques douanières algériennes de 2010 à fin 2020, les exportations de la Chine à destination de l’Algérie ont totalisé environ 76 milliards de dollars. Ainsi la Chine demeurait le principal fournisseur de l’Algérie avec une moyenne annuelle depuis 2013 de 8 milliards de dollars d’exportations vers l’Algérie. Alors que ses importations depuis l’Algérie, constituées essentiellement d’hydrocarbures, se sont chiffrées à seulement 14,793 milliards de dollars, avec donc un déficit commercial de l’Algérie avec la Chine à plus de 61 milliards de dollars. La Chine est le plus grand constructeur en Algérie avec la grande mosquée d’Alger, l’autoroute Est-Ouest et le complexe olympique d’Oran sont autant de projets parmi d’autres réalisés par la Chine en Algérie, encore que le reproche est la faiblesse du transfert technologique. Nous avons des projets toujours en négociation dont l’exploitation du Gara Djebilet contenant des réserves de 3,5 mds tonnes de fer (haute concentration de phosphore), l’entreprise nationale algérienne du fer et de l’acier (Feraal) ayant conclu un protocole d’accord avec un consortium chinois et le projet du port Centre d’El Hamdania qui devait etre financé en partie par Exim Bank of China, d’une capacité de 25,7 millions de tonnes/an et d’un coût d’investissement de prévu entre 5/6 milliards de dollars, la réalisation du futur port en eau profonde était prévue pour durer 7 ans, où les travaux devaient démarrer en 2021 avec une première phase qui devait être sera livrée en 2025. Mais faut être réaliste, les principaux partenaires de l’Algérie étant actuellement l’Europe et accessoirement les USA, PIB Algérie qui était selon le FMI de 163 milliards de dollars en 2021, étant estimé à 190 en 2022 représente , dont sur 6,6 milliards hors hydrocarbures en 2022, 65% sont des dérivées d’hydrocarbures (source APS) environ 1% du PIB chinois, les réserves de change d’environ 63 milliards de dollars fin février 2023 environ 0,2% des réserves chinoises, la part des exportations chinois vers l’Algérie si l’on prend une moyenne de 7/8 milliards de dollars 0,02% et les exportations de l’Algérie vers la Chine si l’on prend un montant optimiste entre 1 et 1,2 milliard de dollars, tendant au sein de la balance commerciale chinoise vers zéro. Aussi, l’Algérie mise, outre le renforcement de la coopération militaire sur la Chine pour des projets structurants lui permettant d’enclencher le processus de développement économique et la création de la richesse et de l’emploi. Le Plan exécutif pour la concrétisation conjointe de l’initiative de la Ceinture et de la Route de la Soie que la Chine a lancé baptisé Belt and Road Initiative (BRI) ayant pour objectif d’améliorer les voies de communication et la coopération à l’échelle transcontinentale, où l’Algérie est partie prenante, est un projet porteur qui pourrait mettre l’Algérie au cœur des enjeux stratégiques

En conclusion, l’Afrique qui est un enjeu stratégique majeur au XXIe siècle, expliquant les rivalités des grandes puissances, dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant mise, outre le renforcement de la coopération avec l’Europe et les USA sur la Chine pour des projets structurants lui permettant d’enclencher le processus de développement économique et la création de la richesse et de l’emploi. Depuis sa création en 2000, le Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) a favorisé la collaboration stratégique, qui s’est traduite par une forte augmentation des initiatives diplomatiques et de coopération où uniquement selon des données publiées par l’administration générale de la douane chinoise pour 2022 les investissements directs chinois en Afrique ont atteint 3,4 milliards de dollars, et les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont atteint un montant de 282 milliards de dollars en 2022, en hausse de 11% par rapport à 2021 et les importations chinoises en provenance d’Afrique ont totalisé 117,51 milliards de dollars, la plupart des exportations chinoises vers l’Afrique étant des produits finis (textile-habillement, machines, électronique, etc.), tandis que les exportations africaines vers la Chine sont dominées par les matières premières comme le pétrole brut, le cuivre, le cobalt et le minerai de fer, d’où un excédent commercial en faveur de la Chine.

Pr des universités, expert international Abderrahmane Mebtoul
(Suite et fin)