La Gauche française : La plus belliqueuse du monde

Cette transmutation conceptuelle résolue, réglementaire à caractère secondaire, de part sa mission statutaire, accomplira-t-elle, sans dommages collatéraux, ni frontaux, la maitrise des projets en matière de faisabilité, d’opportunité, de maturation et enfin son exécution jusqu’à l’ultime phase de post-évaluation ? Quoique l’approche est envisageable, mais, la descendance infrastructure semble encombrante et pesante.Dans une précédente contribution rédigée en avril 2022, au lendemain de la réélection d’Emmanuel Macron, j’avais écrit : « Après la réélection de Macron, sponsorisé et adoubé par le capital transnational, deux France entrent en lice : la France légale, autrement dit légaliste et électoraliste, celle du scrutin financier, et la France légitime, autrement dit populaire et subversive, celle du peuple mutin. La France institutionnelle et la France insurrectionnelle. La France d’en haut et la France d’en bas. La première, asservie aux institutions bourgeoises, est représentée par Mélenchon et son parti de gauche entièrement soumis au capital national, qu’il défend avec patriotisme. En particulier dans ce contexte géopolitique et économique marqué par les tensions inter-impérialistes et la récession. La France Insoumise, en parti nationaliste, ne prône-t-il pas la défense du capital national ? «Pour promouvoir la paix et la coopération, retrouver une voix indépendante, assumer l’indépendance de la France dans le monde», proclame le parti de Mélenchon. L’histoire nous enseigne que la rhétorique chauviniste pacifiste déblaie toujours le champ des futures confrontations guerrières. «Si tu veux la paix, prépare la guerre» est la devise des va-t-en-guerre camouflés en pacifistes. Quand les partisans de Mélenchon proclament «pas d’OTAN, bases dehors», ces artisans de la collaboration de classe ne le font pas au nom de l’internationalisme prolétarien, mais du nationalisme tricolore. Ils ne sont ni contre l’impérialisme de l’État français, ni contre ses guerres capitalistes. En fervents chauvinistes versant dans l’antiaméricanisme primaire, ils veulent bien mobiliser le «peuple français» pour la défense nationale, mais en dehors de l’OTAN. Certes, ils s’opposent à l’OTAN, cette structure militaire américaine, mais c’est pour œuvrer à la restructuration de l’armée française en vue de la doter d’un armement plus important et plus sophistiqué. Dans le contexte d’escalade guerrière actuelle, galvanisés par leur ferveur militariste cocardière, les dirigeants de LFI proposent, dans un esprit de dévouement sacrificiel, le rétablissement du service militaire. En bon soldat à la solde du capital national français, le sergent recruteur Mélenchon, cet avorton du mitterrandisme, interpelle sentencieusement la population : «La France peut et doit se défendre elle-même, en dehors de toute alliance militaire permanente quelle qu’elle soit. Pour cela, la défense doit être l’affaire de la Nation tout entière». Après la militarisation de la société instituée par le pouvoir macronien à la faveur de la pandémie de Covid-19, Mélenchon prône la mobilisation militaire générale de toute la population. Pour la France Insoumise, dirigée d’une main de fer par l’indéboulonnable et irascible oligarque Mélenchon, le prolétariat de France ne constitue qu’une masse moutonnière vouée à servir de chair-à-voter et/ou de chair-à-canon. Pour ce faire, le futur premier ministre autoproclamé compte « Stopper les privatisations des industries d’armement et des missions de défense nationale, puis les réintroduire dans le secteur public. Prioriser l’acquisition de matériel militaire français dans l’armée. Ouvrir la possibilité d’un service militaire comme composante optionnelle du service citoyen obligatoire. Mobiliser l’espace numérique et la réalité spatiale pour installer des systèmes défensifs… Adapter le matériel militaire et l’équipement de nos soldats à la nouvelle donne climatique (le parti de Mélenchon est un partisan de guerres propres, menées chirurgicalement sous le label écologique : note de l’auteur). Lancer un plan d’adaptation des infrastructures militaires vulnérables ». Dans cette période marquée par la débâcle des deux principaux partis historiques de gauche, le PCF et le PS, La France Insoumise (LFI) se pose désormais comme l’unique «force de gauche» alternative. Elle s’érige comme principal pôle d’opposition de gauche. Voire principal pôle d’attraction gauchiste (de distraction marxisante pour les bobos citadins et les islamo-gauchistes banlieusards). Elle proclame être la seule organisation politique capable de lutter contre le «libéralisme», le «pouvoir de l’argent». Contre la politique antisociale du pouvoir macronien. Contre la menace du péril «fasciste» du Rassemblement national. En vérité, le programme de Mélenchon n’est pas original, ni innovateur. C’est une partition programmatique modernisée des fallacieuses alternatives socialisantes modernistes propagées, depuis un siècle, par les formations de gauche réformistes et parlementaires. En tout état de cause, depuis l’amère expérience mitterrandienne initiée en 1981, le prolétariat français est immunisé contre les fausses alternatives de gauche. Force est de constater que, quel que soit le parti de gauche intronisé au pouvoir, il s’applique toujours à poursuivre la même politique antisociale du capital, à aggraver l’exploitation et l’oppression des travailleurs, à détériorer leurs conditions de vie, à réprimer leurs luttes sociales. Et le parti de Mélenchon ne dérogera pas à ce «déterminisme social du capital». La France Insoumise, héritière de la social-démocratie européenne collaborationniste du capital, ne fait que recycler un vieux programme réformiste périmé, censé constituer une alternative au capitalisme. Or, l’histoire nous enseigne que les partis de gauche, socialistes (réformistes) et communistes (staliniens), furent toujours les meilleurs défenseurs du capitalisme (libéral ou d’État). Responsables des massacres de masse des ouvriers, des déclenchements de guerres. (Ne pas oublier que ce fut sous un gouvernement composé de ministres communistes et socialistes que fut perpétré le massacre du 8 Mai 1945 en Algérie. De même, plus tard, ce fut sous la gouvernance de ministres socialistes – dont le plus célèbre s’appelait François Mitterrand – que fut menée la guerre génocidaire contre le peuple algérien en lutte pour l’obtention de son indépendance). En particulier, dans les périodes de crise, d’exacerbation de concurrence économique capitaliste et de tensions guerrières impérialistes, comme celle que nous vivons actuellement. (Pour Mélenchon, dans la guerre actuelle en Ukraine, «il n’y a pas d’autre coupable que Vladimir Poutine», autrement dit, il s’aligne sur le narratif occidental, c’est-à-dire celui de l’OTAN). Si Mélenchon accède au pouvoir, il appliquera le programme du capital national, c’est-à-dire, dans cette période de crise multidimensionnelle, celui de l’économie de guerre, de la guerre économique capitaliste contre le travail, mais également de la guerre impérialiste mondiale menée par le camp atlantiste. Il endossera le rôle de Chef d’État-major de l’armée française impérialiste pour diriger la guerre de libération de l’Europe occidentale «menacée par la Russie». Tel est l’horizon politique capitaliste indépassable proposé par le parti de Mélenchon : celui de la poursuite de l’exploitation et de l’oppression, sous les couleurs de la gauche cocardière. Celui de l’enrégimentement militariste du prolétariat, de son enrôlement dans la future imminente guerre généralisée. Sans nul doute, aujourd’hui, LFI, parti de la gauche du capital, est l’ultime force d’embrigadement idéologique du prolétariat de France. Elle est devenue la force de dilution de la conscience de classe, de la stérilisation du rôle révolutionnaire du prolétariat, par sa politique de dévoiement symbolisée par son programme démagogique d’égalitarisme citoyen «garanti par l’État républicain» (bourgeois et impérialiste) français ». C’était au mois d’avril 2022. Actuellement, sans être aux commandes du pouvoir, la gauche française affiche sa fidélité indéfectible au capital national, son inclination atavique belliciste. Le 13 juillet 2023, le Parlement a adopté définitivement le projet de « loi de programmation militaire » (LPM) qui prévoit, pour 2024-2030, un budget astronomique de 413 milliards d’Euros, en hausse de 40 % par rapport à 2019-2025. Certes, la NUPES a voté contre la LPM (excepté le PS qui, sans surprise, a voté pour la LPM). Cependant, non pas du fait de l’indécence du montant faramineux du budget militaire qui va induire nécessairement l’application d’une politique d’austérité budgétaire objectivée par une attaque frontale contre les conditions de vie du prolétariat, mais en raison des choix du gouvernement Macron. Pour la gauche du capital, l’accroissement du budget de guerre se justifie, mais dans un cadre de renforcement du « contrôle démocratique » des dépenses militaires, assorti d’une réorientation de la « politique de défense nationale ». La gauche est favorable à l’économie de guerre, sous la condition qu’elle soit menée avec la participation offensive des parlementaires. C’est ce que formule le groupe écologiste au Sénat dans son communiqué de presse du 29 juin 2023 : (le groupe écologiste) « salue les progrès du texte lors de son examen parlementaire, notamment en matière de contrôle parlementaire sur l’exécution de la LPM et surtout sur le contrôle des exportations d’armes de la France. Il est parfaitement conscient du besoin impérieux de reconstituer nos stocks stratégiques pour continuer à aider l’Ukraine et ne conteste pas l’effort qu’engage la Nation en faveur de sa Défense ». Globalement, le parti écologiste est favorable à l’augmentation du budget militaire, avec ses conséquences inévitables, la guerre. Mais à condition de mener la guerre de manière propre, c’est-à-dire écologique. Quant au PCF, il ne fustige pas la loi de programmation militaire, mais son orientation atlantiste. Il est également favorable à l’augmentation du budget de l’armée française, à condition de quitter l’OTAN. Pour le PCF, il faut se désengager de l’OTAN « pour se consacrer exclusivement à la défense de la nation et tous les territoires d’outre-mer. Le PCF milite pour que la France se dote d’une armée forte afin de « sécuriser nos zones économiques exclusives », c’est-à-dire défendre l’impérialisme français face aux autres nations impérialistes. « C’est la raison pour laquelle toutes les dépenses permettant à nos armées de disposer des meilleurs matériels, à la pointe des nouvelles technologies et à nos soldats d’être bien équipés, bien formés, mieux entraînés et mieux rémunérés sont pleinement justifiées. Face au contexte de guerre et de tensions internationales, il fallait augmenter le budget des armées, mais certainement pas le doubler ! ». Le parti de la Paix (des cimetières sociales), le parti stalinien français, apporte une nuance importante : augmenter considérablement le budget de la Mort, mais pas le doubler, prône cyniquement le PCF. Pour sa part, le parti mélenchonien, LFI, il soutient le principe d’une défense « souveraine » et « indépendante », hors de l’OTAN et de l’Europe. Le parti mélenchonien nationaliste prône la nationalisation des principaux secteurs industriels au service du militaire, assortie de la suppression du SNU (Service national universel), qu’il envisage remplacer par une conscription citoyenne obligatoire (« Garde nationale citoyenne ») d’une durée de 9 mois. En organisation militariste, LFI veut instaurer une conscription obligatoire à destination des jeunes de 18/25 ans, rémunérés au SMIC, avec comme objectif de les doter d’une « formation militaire initiale au maniement des armes et aux manœuvres et des formations ponctuelles dans d’autres secteurs régaliens (aux côtés des effectifs professionnels de la police, gendarmerie, sécurité civile, pompiers, agents des eaux et forêts, premiers secours) ». Selon LFI, pour assurer une meilleure sécurité nationale, autrement dit défendre l’impérialisme français, cette période de formation militaire pourrait être prolongée sur la base du volontariat. Plus militariste et va-t-en-guerre que la Macronie, la Mélenchonie, dans la continuité de la militarisation de la société, prône ainsi l’enrégimentement de la jeunesse pour défendre la nation et en faire des forces répressives. Assurément, dans cette période de marche forcée vers la guerre généralisée, la gauche française est aux avant-postes pour défendre les intérêts de l’impérialisme tricolore par les armes. La gauche française est coutumière de cette tradition belliqueuse, notamment le PS qui vient de voter la LPM. Voici quelques exemples où la gauche française s’était illustrée par sa participation aux orgies barbares guerrières, par ses appels à l’Union nationale pour mener la guerre impérialiste ou coloniale (Algérie, Vietnam, Madagascar). En 1914, la gauche française a appelé le prolétariat à se faire massacrer (et à massacrer ses frères prolétaires allemands) dans la Première Guerre mondiale. Opération qu’elle réitère lors de la Seconde Guerre mondiale pour défendre le camp impérialiste Allié contre celui de l’Axe. C’est la même gauche française socialiste et stalinienne (SFIO et PCF) qui ordonne et cautionne le massacre du 8 mai 1945 en Algérie colonisée. Pour rappel, c’est un ministre du Parti communiste qui envoie l’aviation massacrer des milliers d’algériens à Sétif. Dans les autres villes d’Algérie, ce sont des milliers d’Algériens qui sont sommairement exécutés par les ministres de gauche sous la gouvernance du général de Gaulle. Pareillement, au cours de la Guerre de Libération de l’Algérie, toute la gauche française participe activement au génocide du peuple algérien, en mobilisant plus deux millions de soldats pour mater et massacrer les résistants. Plus proche de nous, plusieurs opérations militaires ont été menées sous les gouvernements de gauche, notamment sous Mitterrand, lors de la première guerre du Golfe contre l’Irak. Cette semaine, à la faveur du renversement du président nigérien par l’armée, la gauche française est montée au créneau pour fustiger le gouvernement Macron, dénoncé non pas pour l’occupation impérialiste du Niger, mais pour sa pusillanimité en matière de défense des intérêts de la France. Le patron des soumis à l’impérialisme tricolore, Jean-Luc Mélenchon a été le premier à réagir. Il s’est fendu d’un tweet dès le 27 juillet dernier pour sermonner la « désinvolture » et « l’amateurisme à la présidence française » sur les enjeux géopolitiques. Il ne dénonce pas la présence des troupes françaises en Afrique, mais l’absence de débat démocratique au Parlement sur les questions relatives à la politique impérialiste de la France. « On n’a pas voté plus d’une fois depuis huit ans que nous sommes en guerre au Mali », déplorait déjà Jean-Luc Mélenchon en janvier 2022. De leur côté, le chef du groupe Boris Vallaud et la vice-présidente (PS) de l’Assemblée Valérie Rabault demandent dans une missive à la Première ministre de « faire une déclaration suivie d’un débat puis d’un vote sur la stratégie de la France au Sahel », compte tenu de « l’évolution de la situation au Niger » et des « inquiétudes » qu’elle entraîne. Pareillement, il ne s’agit pas d’une remise en cause de la politique impérialiste de la France, mais d’une exhortation patriotique à son renforcement au moyen de la convocation d’un « débat démocratique parlementaire ». Le prolétariat français, tout comme les prolétaires du monde entier, ne doivent pas se faire d’illusion sur la gauche française, incarnée actuellement par la NUPES. Toutes les organisations politiques de la gauche française sont bourgeoises et belliqueuses. Elles défendent toutes l’ordre capitaliste et les intérêts impérialismes tricolores.
Khider Mesloub