L’Algérie demeure le premier fournisseur stratégique de gaz à l’Espagne

Devançant la Russie et les Etats-Unis

L’Algérie maintient sa position incontournable de principal fournisseur de gaz naturel à l’Espagne, malgré le froid diplomatique qui s’est installé depuis plus d’un an entre les deux pays, devançant ainsi la Russie et les Etats-Unis.

Si les exportations globales espagnoles vers l’Algérie ont baissé de plus de 93% durant le premier trimestre 2023, l’Algérie, quant à elle, peu impactée par cette rupture «brutale» garde sa place de premier un fournisseur stratégique du gaz naturel à l’Espagne. C’est ce qu’a affirmé l’opérateur espagnol de gestion des infrastructures énergétiques, Enagás, dans ses données du mois de juillet sur le volume du flux du gaz naturel algérien vers l’Espagne. Cette dernière a acheté au total « 9106 gigawattheures (GWh), selon l’entreprise espagnole de gestion et de contrôle de gazoducs, ce qui a permis, explique -t-elle, de répondre «à 28,7% de la demande mensuelle espagnole».
Ceci confirme, également, que la coopération entre l’Algérie et l’Espagne dans le domaine énergétique n’est pas pour autant affectée par la crise persistante entre les deux pays. Le pays de la Péninsule ibérique n’est pas prêt à s’affranchir du gaz algérien qui constitue une alternative au gaz russe, dont les importations sont en baisse depuis l’instauration d’un embargo sur les hydrocarbures russes. Cette situation a profité à l’Algérie qui, pour renforcer sa position sur le marché européen qu’elle maîtrise bien, décide de porter sa production de gaz naturel à plus de 100 milliards de mètres cubes d’ici la fin 2023. L’Objectif est de couvrir la demande nationale en la matière et rediriger plus de la moitié de cette production à l’exportation.
La Sonatrach s’est engagée à intensifier la recherche et l’exploration afin d’augmenter le nombre de découvertes de nouveaux gisements d’hydrocarbures. Durant le premier trimestre de l’année en cours, la société publique des énergies fossiles a annoncé une découverte supplémentaire de huit nouveaux gisements pétro-gaziers. De quoi attirer la convoitise des pays compagnies pétrolières internationales qui ont enregistré une baisse « significative » de leur rendement au cours du premier trimestre de l’année en cours à cause du repli des cours du pétrole.
Quant aux prix du gaz naturel, ils ont repris des couleurs ces dernières semaines, affectant les prix des carburants et la consommation locale de l’énergie. L’Europe qui connaît une accalmie grâce à la baisse des cours du gaz et du pétrole risque de replonger dans une nouvelle énergétique incertaine, notamment, à l’approche de l’hiver et l’incapacité des pays consommateurs à se passer des énergies fossiles, malgré le repli des investissements dans le secteur des hydrocarbures. L’Algérie a déjà averti contre les conséquences de l’arrêt des investissements dans le secteur des énergies fossiles, bien que le pays ait signé ces deux dernières années d’importants contrats de partage de production avec différents partenaires, européens, américains, russes et chinois. Les compagnies espagnoles lorgnent toujours le marché énergétique algérien, malgré la brouille diplomatique et commerciale entre les deux pays.
Au mois de juin dernier, la Sonatrach a conclu un accord d’hydrocarbures d’une valeur de 800 millions de dollars avec le groupe énergétique indonésien, Pertamina et le groupe espagnol Repsol. Ce dernier vise à préserver ses intérêts et ceux de son pays. L’Espagne a sécurisé sa consommation énergétique grâce, majoritairement, au gaz algérien. «Au cours des sept premiers mois de l’année, l’Algérie a fourni plus de 59 100 GWh à l’Espagne, répondant à 25% de la demande totale jusqu’à juillet 2023. Ce faisant, l’Algérie devance la Russie, qui a fourni 49 909 GWh, couvrant ainsi 21,1% de la demande espagnole de gaz naturel en 2023», selon Enagas.
L’Algérie est classé premier fournisseur d’Espagne en gaz naturel depuis le mois d’avril écoulé avec la livraison de «9824 GWh, représentant 28,3% du total des importations espagnoles de gaz, et marquant une croissance de 8% par rapport à l’année précédente», a expliqué la même source. L’Algérie contribue depuis plus d’un an à aider ses partenaires européens Italie, Espagne, Grèce, Portugal, France à sécuriser leur consommation. La demande en la matière pourrait augmenter à cause des perturbations engagées dans d’importants projets d’investissement dans le secteur gazier dont la réalisation d’un gazoduc que connaît la production gazière norvégienne. Une opportunité pour l’Algérie déjà engagée dans le développement de son réseau de gazoduc pour acheminer du gaz vers l’Europe. Tout dépend en effet de sa proximité géographique avec le Vieux continent.

Samira Takharboucht