Il faut débaptiser l’Algérie salafisée

Obscurantisme

Dans notre précédent article intitulé « Quand une faute de grammaire n’accorde plus aucun gramme de chrétienté », publié le 13 août 2023 dans LNR, nous avions rapporté l’information sur ce prêtre américain contraint à la démission pour avoir baptisé des milliers de croyants avec une formule liturgique erronée. Ce prêtre catholique américain a baptisé des croyants pendant des années en utilisant une mauvaise formulation. Aussi, comme nous l’avions souligné dans notre dernier article, le religieux a dû présenter sa démission et des milliers de baptêmes ont été invalidés. Rappelons que, dans la religion chrétienne, le baptême est le sacrement que l’Eglise administre à un enfant ou à un adulte par le symbolisme de l’eau et au nom de la Trinité afin de l’introduire dans la communauté chrétienne en le purifiant du péché originel. Le baptême s’opère par aspersion (de toute une assemblée), par immersion (du corps), par infusion (en versant de l’eau sur la tête).
Ainsi, pour avoir employé pendant des années le mauvais pronom, en l’espèce le « nous » en lieu et place du « je » consacré par l’institution catholique, lors de ses séances de baptêmes, des milliers de croyants ont perdu leur qualité de chrétiens. En effet, selon la règle épiscopale catholique, le baptême, rite par lequel le nouveau baptisé intègre la communauté de l’Eglise, constitue le premier sacrement. Or, du fait de l’invalidation des baptêmes organisés par le prêtre Andres Arango, l’ensemble des sacrements devront également être réalisés à nouveau.

Si nos aïeux revenaient dans notre Algérie salafisée, ils s’empresseraient de nous renier
Sous notre démentiel ciel enténébré d’obscurantisme, en Algérie, où l’acquisition de statut de musulman, c’est-à-dire l’introduction dans la communauté islamique, ne nécessite aucun baptême ni aucun sacrement, à l’instar du christianisme, ce n’est pas une faute grammaticale coranique qui aura fait rater l’islamisation institutionnelle à marche forcée des Algériens, opérée au lendemain de l’indépendance par un régime plus soucieux de les nourrir de religiosité importée clé en main de l’Orient moyenâgeux que de les alimenter de savoirs scientifiques par la valorisation de leurs potentiels intellectuels, mais tout le système éducatif parasité par un enseignement religieux salafiste, dispensé par un corps professoral au cerveau pétri d’ignorances, pour qui l’apprentissage littéral du Coran prime sur l’acquisition studieuse des connaissances fondées sur le rationalisme. Depuis presque quatre décennies, le système éducatif algérien salafisé poursuit son entreprise de démolissage culturel, de défiguration cultuelle, d’abêtissement éducationnel.
Tout le système éducatif algérien s’applique, avec un esprit de productivité fanatique inégalé, à fabriquer en chaîne des écoliers salafisés. J’allais écrire syphilisés (de syphilis). Car le salafisme, cette infection religieusement transmissible, vérole islamiste contagieuse, cause d’invalidité intellectuelle et de mortalité culturelle, ulcère toute la société algérienne.
Comme le souligne avec amertume Kahina Bencheikh El-Hocine dans son article « L’islamisation gagne à nouveau du terrain en Algérie : les femmes premières victimes », publié dans Algériepatriotique le 9 août 2023 : « La pensée islamiste rigoriste a prospéré et s’est fortifiée au fil des années face à un laxisme déconcertant, à la limite consentant, des pouvoirs publics ». Depuis l’indépendance, le régime, en jouant les apprentis sorciers avec son entreprise de fabrication étatique d’un musulman nourri au salafisme, cette doctrine mortifère, a créé des « Frankenstein » de l’islam, de véritables monstres islamistes, des démons fanatisés, capables de se transformer en assassins, de terroriser la société. De voiler le ciel bleu azur algérien de leurs ténébreux projet de société salafisé.

La femme algérienne emmaillotée par une société patriarcale salafisée
Et, surtout, d’avilir la condition de la femme algérienne. En effet, la femme algérienne est la principale victime de la prolifération de l’islamisme. L’espace de liberté de la femme s’est réduit comme une peau de chagrin. Son être social est complètement décharné. Sa beauté personnelle, autrefois avec noblesse vestimentairement fleurie, est désormais avec obsession religieusement flétrie, avec une lugubre étoffe orientalement travestie. Tel un enfant, la femme algérienne est maintenue sous tutelle. Pour lui rappeler son infériorité et son avilissement, la femme est mise vestimentairement en cage. Elle est emmaillotée par une société patriarcale salafisée qui refuse de se mettre à la page. « Sur la mer, personne ne vous prend en tutelle. C’est le dernier espace au monde où vous êtes responsable », notait l’écrivain Paul Guimard. En Algérie, sur terre comme sur mer (ou entre les deux : à la plage), la femme demeure sous tutelle, privée de son droit de naviguer librement, de diriger son gouvernail à sa guise.
En Algérie où l’islamisme est en vogue, la femme a intérêt à ne pas faire de vagues. La femme algérienne, plongée dans la prostration, est contrainte à la prosternation. Sans aucune possibilité de protestation. L’Algérie salafisée nage à contre-courant. En Algérie, la plage est devenue l’endroit où la femme sans voile est excommuniée. Les maillots de bain féminins sont bannis par les islamistes. Si nos aïeux revenaient dans notre Algérie salafisée, ils s’empresseraient de nous renier tant ils ne reconnaîtraient pas leur islam, leurs observances, leurs rites, leur religion, en un mot : leurs descendants. Et surtout nos femmes, vestimentairement défigurées et socialement infantilisées. Sans nul doute, pour purifier le pays, s’attelleront-ils à la mission salvatrice de salubrité intellectuelle publique par la débaptisation (« désalafisation ») de l’ensemble des Algériens, afin de redorer le blason culturel et cultuel de l’Algérie. Entreprise de déradicalisation, de « désendoctrinement », de « désembrigadement », qui passe par le congédiement de la majorité des professeurs salafistes, ces têtes de pont des pontes des pays du Golfe, ces janissaires du wahhabisme œuvrant à la déstructuration et la déculturation de l’Algérie par l’asservissement intellectuel de ses enfants soumis à la pédagogie du prosternement, ce programme de manipulation mentale et de décervelage. Œuvrant à l’asservissement et à l’avilissement de la femme algérienne, emmaillotée depuis plus de trois décennies par un corset doctrinal salafiste asphyxiant, garrottée par des mœurs orientales antinationales, dévoyée par une contre-culture salafisée nationalement dissolvante.

Khider Mesloub