Le poids économique des BRICS face au G7

Les enjeux géostratégiques et économiques de la réunion en Afrique du Sud des BRICS, du 22 au 24 août 2023

A compter du mardi 22 jusqu’au 24 août 2023, se tiendra une importante rencontre qui sera suivie avec attention par l’ensemble de la communauté internationale et notamment le G7, la tenue du sommet des BRICS en Afrique du Sud qui assure la présidence tournante. Selon son secrétariat, plusieurs pays ont formulé leurs demandes, soit comme observateur, en précisant que le titre d’observateur ne confère aucun pouvoir de décision au niveau de cette organisation.

Les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques populistes, les nouvelles adhésions devraient s’appuyer sur des critères économiques et sociaux objectifs avec un système de pondération, notamment le produit intérieur brut PIB avec une structure diversifiée et des de produits exportables compétitif et à très forte valeur ajoutée, le PIB par tête d’habitant, le niveau des réserves de change et l’indice de développement humain. Pour mesurer le poids actuel des cinq pays des BRICS, il est intéressant de le comparer à partir de ces indicateurs au poids économique du G7, objet de cette contribution.
1.-Le produit intérieur brut aux prix du marché vise à mesurer la richesse créée par tous les agents, privés et publics, sur un territoire national pendant une période donnée. Agrégat clé de la comptabilité nationale, il représente le résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes. mais devant l’éclater par branches pour une appréciation objective. Le G7, totalise un 43.706 milliards de dollars sur Pin mondial de 103.000 milliards de dollars en 2022, soit près de 44% du PIB mondial pour moins d’un milliard d’habitants. Respectivement nous avons : l’Allemagne 4072 milliards de dollars, le Canada 2139, les Etats Unis d’Amérique 25462 , la France 2782, le Royaume Uni 3070, l’Italie 2010 et le Japon 4131 milliards de dollars. Pour le PIB des BRICS ,constitués de cinq Etats, nous avons respectivement : la Chine 17.963,- l’Inde 3.385 – la Russie 2.240, milliards de dollars -le Brésil 1.920 milliards de dollars et l’ Afrique du Sud 406 milliards de dollars. En 2022, le PIB des cinq pays des BRICS est de 25.914 milliards de dollars pour 2022, soit près de 26% du PIB mondial pour une population approchant 3,2 milliards d’habitants ,la Chine représentant en 2022 69,32% du BRICS et près de 18% du PIB mondial.
2.-Le produit intérieur brut par tête d’habitant est un indicateur représentant la valeur du PIB divisé par la population. Il est beaucoup plus pertinent que le PIB global mais n’étant une moyenne ne permettant pas de rendre compte des inégalités revenu et de richesse par couches sociales. Pour les pays du G7 selon les données de la Banque mondiale 2022, nous avons l’Allemagne 63.150 dollars, le Canada 58.400,les Etats Unis d’Amérique 76.399, la France 55.493, le Royaume Uni 54.603, l’Italie 51.865 et le Japon 45.573 dollars par habitant. Pour les cinq pays des BRICS nous avons un autre classement par ordre décroissant ; – Brésil, pour une population de 246 millions et un PIB par tête d’habitant de 16.594 dollars – Russie-une population de 146 millions et un PIB par tête d’habitant de dollars 11.387 dollars –Chine pour une population et un PIB par tête d’habitant de 9605 dollars-Afrique du Sud – pour une population de 66 millions et un PIB par tête d’habitant de 6377 dollars – Inde, pour une population de 1,38 milliard d’habitants en 2021 mais a dépassé la Chine pour 2023 avec 1,4286 milliard d’habitants et un PIB par tête d’habitant de 2036 dollars.
3.-Les réserves de change et le niveau de l’endettement sont une condition nécessaire mais non suffisante, devant provenir du travail et non d’une rente devant transformer cette richesse virtuelle en richesses réelles. Ce niveau est fluctuant de mois en mois pour fin 2022, à février 2023, selon le FMI pour le G7 est le suivant : Allemagne,292 milliards de dollars Canada, 108, Etats-Unis d’Amérique, 37,France, 221, Grande-Bretagne,180, Italie, 224 et le Japon 1226 milliards de dollars. Pour les cinq pays des BRCS, pour la même période nous avons : Chine, 3133,- l’Inde, 572 – la Russie, 574 -le Brésil, 331 et l’Afrique du Sud 61 milliards de dollars
4.-L’IDH selon le rapport du PNUD de 2022, intègre trois facteurs : l’espérance de vie à la naissance ; le niveau d’éducation, et le revenu national brut par habitant. L’IDH se présente sous la forme d’un nombre situé entre zéro et un, ce dernier chiffre symbolisant le niveau le plus élevé. Cet indicateur créé en 1990 est désormais préféré au revenu par habitant qui apparaît aujourd’hui comme trop réducteur pour évaluer le niveau de développement. fonction du développement humain. Pour les pays du G7, nous avons : l’ Allemagne à la 9ème position avec une note de 0,942, le Canada 15ème position avec une note de 0,936, les Etats -Unis d’Amérique à la 21ème positon avec une note de 0,921, la France à la 28ème position avec une note de 0,903, le Royaume Uni à la 18ème position avec une note de 0,929, l’Italie à la 30ème position avec une note de 0,895 et le Japon à la 19ème position avec une note de 0,925. Pour les cinq pays des BRICS par ordre décroissant nous avons : la Russie avec une note de 0,822 à la 52ème position, la Chine avec une note de 0,770 à la 79ème position, le Brésil avec une note de 0,754 à la 87ème position, l’Afrique du Sud avec une note de 0,713 à la 109ème position ; l’Inde à la 132ème position avec une note de 0,633.
5.-Concernant la banque de développement des BRICS qui avait été dotée d’un capital initial de 50 milliards de dollars, capital qui a ensuite été porté à 100 milliards , son objectif vise à s’affranchir des institutions de Bretton Woods mises en place après la guerre (Fonds monétaire international et Banque mondiale). Depuis mars 2023, cette banque est présidée par Dilma Rousseff, ancienne présidente du Brésil..
Cette banque avait été dotée d’un capital initial de 50 milliards de dollars, capital qui a ensuite été porté à 100 milliards de dollars dont la Chine détient plus de 40 % du capital. Les avantages de la Nouvelle Banque de développement tourneraient autour de cinq axes directeurs : c’est sous l’impulsion des BRICS que le G20 a transformé le forum de stabilité financière en conseil de stabilité financière, les BRICS ayant soutenu le rapport sur les G-SIFI pour réduire les risques moraux des institutions financières systématiquement et globalement importants, les fonds de couverture, le shadow banking, les produits dérivés financiers des marchés offshore et les agences de notation ayant été ramenés pour la première fois sous la supervision ; utiliser leurs devises étrangères afin de réduire le risque d’inflation et de rétrécissement de leur réserve de devises étrangères, et de mieux servir leurs économies réelles ; les bénéfices que la banque de développement pourrait tirer de l’investissement dans les économies réelles et dépasseraient largement ceux que les banques centrales pourraient tirer de l’achat de bons du Trésor des pays développés, et l’investissement dans les infrastructures pourrait stimuler la demande intérieure de ces pays, entraînant la croissance économique ; la Nouvelle Banque de développement ferait la promotion de l’usage des monnaies nationales des pays membres, ce qui pourrait promouvoir le commerce intérieur et l’investissement réciproque de ces pays, réduisant ainsi la dépendance au dollar et en dernier lieu , il serait prévu la mise en place d’un mécanisme de paiement durable pour le commerce bilatéral des pays BRICS et l’objectif à moyen et long terme serait la création d’une monnaie commune adossée à l’or, dont les réserves des BRICS sont : Russie 2 327 tonnes, Chine 2 068 t, Inde 795 t, Brésil 130 t, et l’Afrique du Sud 125 t. Cependant il faut être réaliste. Pour le remplacement du dollar et accessoirement de l’euro qui d’ailleurs ne fait pas l’unanimité au sein des BRICS, il faut être réaliste, ce n’est pas pour demain, peut être en 2030 qui sera fonction du poids économique respectif des BRICS, des USA et de l’Europe, car entre 2021/2022, selon les données du FMI du 28 avril 2023, la part du dollar, dans les paiements mondiaux s’élève à environ à 38 %, l’euro faisant jeu égal avec le dollar et la part du dollar dans les réserves de changes mondiales est passée de 71% en 1999, à 58% en 2022,l’euro 20,5%, le yen 5,5%, la livre sterling 5% et le yuan chinois 2,7 %.
En conclusion, aujourd’hui, malgré le poids croissant des BRICS avec une démographie de 3,2 milliards d’habitants, le groupe ne dispose que de 15% des droits de vote à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international. Or, les BRICS accroissent leur part dans le commerce mondial qui a atteint, en 2022, 32.000 milliards de dollars dont la Chine représente 21,5 %, les principaux clients de la Chine pour 2022 étant successivement : les États-Unis avec 16,2 %, l’ASEAN avec 15,8 % et l’Union européenne avec 15,6%. L’action des BRICS a permis de soulever des problèmes jusque-là ignorés par les pays développés dans un esprit dépassé de domination, comme le déséquilibre de l’économie mondiale, qu’il ne peut y avoir de développement global sans le développent et de prospérité de la majorité des pays en voie de développement, proposant de créer un partenariat global fondé sur le dialogue productif par une compréhension mutuelle et une coordination des efforts entre le Nord le Sud afin de résoudre les nombreux défis de notre monde, de favoriser le co-développement, se fondant sur le respect du choix du système politique et économique de chaque nation, tenant compte de son histoire et de son anthropologie. Les BRICS sont pour l’instant un Club non structuré en secrétariat général, et commissions comme le G7, avec des structures politiques et économiques différentes.
Mais son poids économique croissant devrait modifier l’actuelle architecture des relations internationales s’orientant vers un monde multipolaire afin de favoriser un co- développement mondial et lutter contre les inégalités et la pauvreté.

Abderrahmen Mebtoul