L’automédication, une panacée ou un mal social à combattre

Santé

Mais le phénomène remonte à très loin dans le temps et à l’époque de nos grands parents qui vivaient dans le dénuement et dans un espace où il était presque impossible de trouver où se soigner.

Tenez, par exemple, pour se soigner une dent qui vous faisait souffrir, il y avait des remèdes traditionnels qui souvent réussissaient à vous soulager, de vieilles recettes à base de clou de girofle, mais pour vous calmer la dent quelques jours et lorsque le mal persistait, on interrogeait les gens pour savoir qui pouvait donner le meilleur remède. Mais là- dessus les femmes rapportaient les meilleures informations et quelquefois, elles arrivaient à dénicher un guérisseur ou une recette miracle et, à l’époque, toutes les communications passaient de bouche à oreille, étant donné l’inexistence de tout autre moyen d’information. Quand l’extraction d’une dent s’avérait nécessaire, on demandait au coiffeur qui exerçait de multiples fonctions, on avait une totale confiance en lui, on lui demandait aussi de faire les circoncisions et on le sollicitait pour l’arrachage des dents, sinon il y avait le marché en plein air où un arracheur de dents était omniprésent. Ce dernier muni d’une paire de pinces, la même pour tout le monde et il n’y avait ni anesthésie, ni désinfectant. Quand il lui arrivait d’arracher une dent, il recommandait à son patient de se rincer avec de l’eau additionnée de sel et il dissimulait son instrument dans une de ses poches. C’était au patient qu’incombaient les risques d’infection et toute autre suite fâcheuse. Et pour tout autre mal, on procédait de la même façon, faute de mieux.
On raconte qu’une fois, un petit enfant avait une hernie, son père a fait venir un guérisseur qui avait le don de traiter toutes les chirurgies externes avec seulement un tisonnier qu’il chauffait à blanc et qu’il avait appliqué sur l’hernie du petit garçon, d’après des témoins qui avaient assisté à l’opération, il lui avait vidé l’hernie et il lui a appliqué une pommade faite d’un mélange de variété de terres, au bout de quelques jours, l’enfant était guéri. Mais, maintenant avec le progrès et la médecine à la portée de tous, il y a encore des gens qui ne veulent pas se faire examiner par un médecin, préférant se fier à quelqu’un qui a eu à peu près les mêmes problèmes de santé en lui demandant les noms des médicaments dont il s’est servi pour guérir et il achète les mêmes médicaments pour se soigner. Ainsi pour une constipation ou pour une toux persistante, on demande autour de soi si quelqu’un a eu les mêmes maux et ce qu’il a fait pour résorber ces maux, et il procède de la même façon.
Dans l’ancien temps, l’automédication s’expliquait par le vrai désert médical
Avant l’indépendance, on avait du mal pour se soigner et soigner sa progéniture. Dès qu’arrivait la saison estivale, les enfants attrapaient la conjonctivite par contagion et le virus circulait entre les individus de manière effroyable par manque d’hygiène, ce n’est pas tout le monde qui pouvait acheter une savonnette pour s’en servir de désinfectant. Si tous les enfants pouvaient se laver chaque matin avec une savonnette, il n’y aurait pas eu de conjonctivite, mais hélas ! Tous les enfants tombaient malades par manque de soins et d’hygiène.
Dommage pour ces petits enfants qui ont souffert de la conjonctivite et plusieurs fois en été ils ont eu mal aux yeux, alors qu’il aurait suffi d’un tube d’auréomycine ophtalmologique par famille, pour venir à bout de ce fléau. Il y avait aussi une maladie, le paludisme ou malaria qui avait fait des ravages à certaines époques. Elle est combattue par la médecine moderne au moyen de la quinine vendue en pharmacie sous forme de cachets. Ne pouvant pas se procurer de ce médicament en pharmacie par manque de moyen, nos aînés avaient recours à la centaurée, plante médicinale à petites fleurs multicolores que l’on cueille en été dans les régions humides, des bords de ruisseaux. On la donnait aux malades du paludisme à boire le matin à jeun et pendant cinq jours de suite, à raison d’une grande chope à chaque fois de ce liquide amère, après, il était bien guéri. Nos aïeux étaient dans l’obligation de chercher eux-mêmes et dans la nature les remèdes qui pouvaient les guérir des maladies les plus courantes et dans la plupart des cas ils réussissaient. Ils avaient la maîtrise des cataplasmes appliqués sur la tête contre les maux de tête, certaines formes d’évanouissement ou sur le ventre pour soigner une diversité de maux. La médecine de grand-mère ou de grand père était essentiellement fondée sur les vertus thérapeutiques des plantes qu’ils connaissaient parfaitement ; ils ont tiré de ces plantes médicinales le maximum de profits. Et la même thérapie par les plantes dont nos aïeux avaient mémorisé toutes les vertus curatives, a été ressuscitée aujourd’hui pour de multiples soins. A l’ère de la médecine moderne, on a des raisons de croire aux vertus curatives des plantes. Beaucoup d’herboristeries se sont ouvertes pour vendre des plantes médicinales et la plupart des consommateurs apprennent par le biais de l’internet leurs bienfaits pour des tas de maladies.

L’automédication à l’ère de la médecine moderne
La plupart des gens qui souffrent d’un quelconque mal de dent, d’estomac, de tête, ou pour une fièvre dont ils ne connaissent pas la cause, une diarrhée, une constipation, préfèrent se soigner en achetant directement un médicament chez le pharmacien pour espérer avoir un remède efficace pour guérir. Et encore, quand ils ont affaire au pharmacien lui- même qui peut leur délivrer quelque chose qui correspond exactement au mal dont ils souffrent, c’est une chance pour eux, le pharmacien connaissant bien chacun de ses médicaments et ce, pourquoi il est destiné. Mais s’ils ont affaire à un simple vendeur dans une officine, il est à craindre une erreur de compréhension fâcheuse. Ainsi, madame ne peut pas se lever de son lit, sous le prétexte qu’elle a une forte fièvre due à une angine qui la cloue au lit. Madame a un poste mais ne peut pas travailler, elle garde le lit dans l’espoir d’avoir un petit congé. Et au lieu de se lever pour aller passer une visite médicale, elle se contente de charger son mari d’aller lui acheter un médicament chez le pharmacien. Celui-ci, s’il s’agit d’un vrai, et d’après les explications qu’il donne du malade, lui choisit des cachets efficaces. Dès que sa dame en prend un, elle voit sa fièvre disparaitre et ses courbatures se dissiper, puis c’est presque la guérison. Mais dans la plupart des cas, ça ne réussit pas et on demande aux amis s’ils ont eu ce type de maladie, si oui, comment ils ont fait pour s’en sortir. Quelque fois ça marche parce qu’on a rencontré quelqu’un qui a eu la même pathologie et on achète les mêmes médicaments qu’un des siens a utilisés, on tente et ça marche, par miracle sans prescriptions d’un médecin assermenté.
Un jeune homme bien portant s’est fait inviter par un parent pour un repas du soir qui a été magnifique quand tout à coup son attention fut attirée par des petits piments posés sur la table, il en a goûté et ce fut d’un piquant jamais connu, immédiatement le jeune homme but de l’eau pour atténuer la douleur du piquant. Le lendemain matin, il a eu une forte diarrhée qui l’a fait courir toutes les cinq minutes aux toilettes et pour rien, il finit par avoir un mal insupportable. Très vite, il s’est rendu chez un pharmacien à qui il a expliqué ce qui lui était arrivé. Ce dernier lui a tout de suite donné le remède qu’il fallait, des comprimés et il lui a suffi d’en prendre un pour se sentir soulagé. Ainsi, ceux qui ont la phobie du médecin ou qui n’aiment pas subir un examen médical, se contentent de demander autour d’eux pour savoir s’il n’y a pas de cas similaire pour acheter les mêmes médicaments et dans la plupart des cas, ils trouvent quelqu’un comme eux et aux mêmes maux, les mêmes remèdes. Si ça marche, tant mieux, mais s’il y a problème, il faudra chercher encore.

La phitothérapie, quelle aubaine pour ceux qui n’aiment pas aller dans un cabinet médical
Il s’agit d’une médecine alternative qui permet de soigner toutes sortes de maladies par les plantes médicinales. La phitothérapie a pris une ampleur considérable. Et dans chaque grande ville, on a ouvert des herboristeries destinées à la vente de toutes sortes de plantes dont les vertus curatives sont connues ou recommandées. Les problèmes d’insomnie, par exemple sont soignés au moyen de plantes à mélanger. Pour ceux qui souffrent de gaz d’origine digestive, il y a les grains de fenouil mélangés à l’anis étoilé pour se soulager. Des centaines de recettes expérimentées se sont avérées être efficaces pour lutter efficacement contre les maux de tête, les douleurs liées à la mauvaise digestion. Un bon herboriste connait parfaitement les innombrables plantes et leurs effets thérapeutiques et il est capable de vous vendre ce qu’il vous faut contre le mal dont vous souffrez. Si vous êtes déjà allé le consulter, vous devez avoir remarqué les senteurs agréables que dégagent les plantes proposées à la vente.
Nous avons remarqué que la plupart des plantes à vertus curatives sont à la base de nombreux médicaments vendus aussi en pharmacie. Et l’herboriste vend aussi des huiles reconnues efficaces pour des tas de problèmes de santé comme l’huile de menthe, de lentisque, de lin et d’autres qu’on ne connaissait pas et qui sont à usage courant, et le processus continue.
Abed Boumediene