Digitalisation de l’économie, la mutation est encore lente !

La connexion internet en Algérie s’améliore mais reste faible

La crise sanitaire du Covid-19, à l’origine du confinement strict de la population et de l’arrêt partiel de l’activité économique ont révélé l’impérieuse nécessité de l’accès aux nouvelles technologies, notamment, à internet, mais surtout de l’urgence d’accélérer la numérisation de l’économie nationale et de l’administration publique, entre autres.

En effet, le retard technologique de l’Algérie a affaibli l’économie du pays qui tente de s’ouvrir progressivement à l’extérieur et à la concurrence. Les raisons de cette lenteur coupable, s’explique par la bureaucratie, la corruption, le népotisme et le clientélisme… et ça coûte cher à l’Etat. De surcroît, les nouvelles technologies ne sont pas accessibles à tous. L’Algérie devrait accélérer les réformes globales et investir davantage dans la numérisation des services administratifs, des entreprises économiques et des établissements financiers et bancaires… un impératif pour une croissance économique forte, résiliente et créatrice de richesses et d’emplois.
A priori, le développement des startups à travers le soutien des jeunes porteurs de projets figurent parmi les principales priorités de l’Etat qui accorde un intérêt particulier à ce secteur. Néanmoins, des obstacles administratifs, structurels et financiers subsistent toujours. Ces contraintes poussent, d’ailleurs, les talents numériques à quitter le pays à la recherche de nouvelles opportunités ailleurs. Ceci aura de graves conséquences sur l’économie nationale et le développement technologique du pays. L’enjeu est donc considérable. Il est temps d’entrer dans l’ère numérique pour encourager l’innovation, la productivité, la compétitivité, la diversification économique, mais surtout pour lutter contre les crimes financiers et les mauvaises pratiques commerciales. Le développement du e-commerce est devenu en laps de temps un vecteur de croissance incontestable pour les entreprises nationales qui s’efforcent de s’adapter à l’ère numérique, malgré les obstacles (accès à internet, bureaucratie…) rencontrés au quotidien. L’objectif est, certes, de répondre aux besoins des consommateurs qui recherchent de plus en plus la rapidité et la facilité pour acheter des achats sans se déplacer. Ce n’est qu’un exemple de l’importance et de la nécessité de numériser les services commerciaux, financiers et administratifs pour l’économie et la société. Des opportunités significatives à saisir.
Pour accélérer la numérisation de l’économie nationale, il faut mettre un terme à la bureaucratie pour faciliter la circulation de l’information entre les administrations et renforcer la transparence et l’efficacité des services d’administration, d’une part. D’autre part, il est impératif d’augmenter davantage la connexion internet et améliorer le débit ainsi que la couverture de la téléphonie mobile à travers tout le territoire national. Le monde se digitalise très vite et se tourne rapidement vers l’intelligence artificielle. Le numérique est le levier de développement stratégique des petites et moyennes entreprises (PME) appelées à collaborer et à travailler de concert avec les start-ups en pleine croissance. Un autre secteur qui a besoin d’un soutien continu et indéfectible des autorités pour empêcher leur déclin et l’immigration des professionnels numériques. Le Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise (CARE) a alerté, dans sa dernière publication, sur l’impact de ce phénomène sur l’économie nationale et le développement technologique du pays.
Malgré les mesures de soutien prises par l’Etat en faveur des porteurs de projets, l’écosystème des startups est peu propice et incertain, manque d’attractivité, ce qui explique le départ des talents numériques. L’Algérie a besoin de retenir coûte que coûte ces jeunes compétences pour éviter l’hémorragie qui risque d’avoir un impact durable sur l’économie nationale et sur le développement technologique du pays. CARE a recommandé, dans ce cas, de créer des opportunités d’emploi attractives, encourager la collaboration entre les universités et les entreprises nationales et étrangères pour encourager le transfert technologique. Investir dans la recherche et le développement numérique et renforcer l’infrastructure numérique. Ce qui faciliterait aux start-ups de s’adapter à un environnement attractif et propice et d’encourager l’innovation.
Il faut admettre, par ailleurs, que le Gouvernement qui vise dans sa nouvelle vision économique sortir de la logique rentière et d’encourager la production et la diversification économique mise sur les nouvelles technologies car la modernisation et la numérisation numérique accordent une certaine autonomie aux entreprises et aux administrations. Certes, le pays a connu d’importantes avancées dans ce domaine, mais beaucoup reste à faire pour pouvoir rivaliser avec les autres pays en développement. Le processus de numérisation est très long, mais grâce à la volonté des professionnels du secteur et l’aide de l’Etat, certains secteurs, à l’instar de Douanes, du commerce, de la banque, de l’emploi ou encore du bâtiment ont déjà entamé leur transition numérique. Le numérique s’enracine progressivement dans le pays.

Samira Takharboucht