Autrement dit, il est fait d’un mélange de réalité et de fiction

Un roman peut être un mélange d’autobiographie et de construction littéraire

Un roman est une œuvre écrite dans un style particulier et qui exprime des pensées originales. Tout écrivain digne de ce nom doit avoir son propre style pour se démarquer des autres hommes ou femmes de plume.

Pour le contenu, celui qui écrit doit faire preuve d’une grande singularité qui fait de lui un auteur hors catégorie parce qu’il doit savoir aller au-delà de la réalité par des pensées personnelles créatrices d’univers fictifs qui permettent de faire un monde merveilleux qui donne envie de le lire. Il y a des écrivains qui partent d’un simple fait divers à partir duquel, ils bâtissent un chef d’œuvre romanesque de quatre à cinq cents pages en imaginant des personnages nouveaux auxquels on attribue des rôles plus ou moins importants, mais qui donnent l’impression d’être dans le réel. Chez les écrivains algériens, il y a beaucoup d’hommes talentueux qui ont su faire de belles œuvres qui ont su intéresser de nombreux lecteurs, c’est le cas de Mouloud Mammeri, Tahar Djaout, Kateb Yacine, Boualem Benhadouga, Assia Djebbar, Taous Amrouche et de beaucoup d’autres. Quant à Mohammed Dib qui méritait largement le prix Nobel pour ses nombreuses œuvres de grande valeur littéraires reconnues comme telles par les grands hommes de plume de ce monde. Il écrit dans un style que tout le monde peut faire l’effort de comprendre, mais qui a changé en adoptant la démarche du nouveau roman, à partir de son roman « Qui se souvient de la mer » difficile à comprendre, mais écrit dans un style parfait. C’est la cas des œuvres romanesques de Kateb Yacine qui n’a pas écrit dans un style linéaire « Nedjma » et « Le Polygone étoilé », deux œuvres magnifiques qu’on a du mal à comprendre tant il n’y a pas d’ordre chronologique, lorsqu’on lit Nedjma, on n’a pas l’impression d’avancer et à la fin on se retrouve au début du roman. Mais sachez que ses romans sont des chefs d’œuvre de la littérature et que Kateb Yacine est un génie.

Beaucoup d’autobiographie et de construction littéraire
Lorsqu’on atteint le niveau de langue des écrivains, l’écriture de romans devient un jeu. On peut faire un très beau roman à partir d’un sujet clair et précis, tout le reste est de l’écriture littéraire qui se fonde sur l’imagination. Et pour imaginer une suite, il faut avoir travaillé ses qualités naturelles, à savoir l’intelligence, la mémoire, la réflexion et l’imagination qui en découle. Il faut être très imaginatif pour arriver à faire un roman d’une écriture parfaite et originale, son contenu donne à éprouver une intensité émotionnelle et à constater une ingénieuse construction de l’intrigue. C’est un roman bâti autour d’un imaginaire cohérent et qui se caractérise par sa beauté et des personnages à la fois séduisants par leur habileté et complexes par l’accomplissement de leurs multiples actions. On remarque qu’il y’a de l’autobiographie et des constructions fictives, l’un complète l’autre dans tout le roman. Il est difficile de construire une œuvre romanesque si on ne fait pas appel à son expérience personnelle, surtout en ce qui concerne les problèmes psychologiques que l’on a vécus soi-même et pour concrétiser certains aspects de la vie, on a recours à la rédaction littéraire qui nous permet d’inventer des situations avec de nouveaux personnages fictifs qu’on charge d’accomplir des actions, exactement comme dans la vie. On part d’une situation initiale et on enrichit au fur et à mesure jusqu’à ce qu’on arrive en phase finale. Mais que de travail de recherche, depuis la mise en chantier du livre romanesque ! Il faut surtout garder une cohérence pour que le livre ait une forme logique, que les évènements se suivent dans un ordre chronologique et qu’à la lecture, on ait l’impression de lire un roman fait de péripéties formant un ensemble cohérent et que l’histoire et son dénouement donnent l’illusion du réel. Le romancier doit avoir naître d’une imagination fertile qui lui permette de bien suivre la trame de son récit romanesque devant être bien tissé à l’image d’une armure d’œuvre sortant des mains d’un maître tisserand. D’ailleurs le lecteur le plus attentif se rend bien compte du travail de l’écrivain rigoureux qui n’a pas laissé la moindre faille pouvant susciter des critiques. Depuis les origines, beaucoup d’hommes ou de femmes qui ont cherché la perfection dans l’élaboration d’une œuvre romanesque et ne pas arrivés. Dans la dernière génération d’écrivains de chez nous, les uns ont réussi comme Tahar Djaout qui a commencé par faire une licence de mathématiques et qu’il a su la mener à son terme pendant que d’autres de la vieille génération n’ont obtenu que de piètres résultats dans leur travail d’écriture. Djaout a commencé à se faire connaitre par la poésie, il était un bon versificateur comme Mohammed Dib qui avait du journalisme à ses débuts, c’est après qu’il s’est rendu compte qu’il avait la vocation de romancier et les romans de Dib sont les plus beaux, malgré la difficulté qu’on a à les décrypter.

Le même travail de romancier dans les pays étrangers
Le premier qui nous vient à l’esprit est ce fils d’ouvrier Italien, Emile Zola qui a réussi à devenir l’un des meilleurs à lire. Ecrivain atypique qui travaillait sous l’influence d’un médecin psychanalyste qui lui envoyait régulièrement des revues sur la génétique et tous les problèmes psychologiques. De plus, il était l’un des chefs de fil de l’école naturaliste qui voulait appliquer la rigueur scientifique aux romans consacrés essentiellement aux faits humains et sociaux. Il recevait d’un médecin psychanalyste des revues médicales traitant essentiellement des caractère humains qu’il a su mettre en pratique auprès des personnages qu’il a mis en scène dans ses romans qui exposaient de manière évidente les problèmes d’hérédité concernant les passions humaines reposant sur son expérience du vécu romanesque et des enquêtes qu’il a menées minutieusement en parlant des Rougon Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second empire. Sa méthode scientifique conforme au mouvement naturaliste consiste à enquêter sur l’état psychologique de chacun des personnages à mettre en scène. On choisit ensuite les hommes et les femmes devant jouer des rôles dans un roman. Deux personnages de caractère sanguins associés comme couple ou comme collègues de travail ne se supportent pas, ils sont capables d’en venir aux mains ou de s’entretuer.
Dans « Germinal », un des romans les plus connus de Zola et le plus apprécié, met en scène un couple dont le mari et la femme sont choisis pour mettre en évidence la théorie des caractères. Au début du mariage, ça allait très bien puis après la naissance du premier enfant, les situations conflictuelles se sont succédé. Ils travaillaient tous les deux dans la mine, seul et unique emploi possible à l’époque où la bourgeoisie exploitait sans vergogne la classe ouvrière, ils tiraient les plus grands profits en faisant travailler les ouvriers jusqu’à 16 heures par jour, travail de galériens où les ouvriers étaient surexploités à la manière des esclaves. De plus, avec la fatigue du travail, la femme subissaient des sévices du mari, dans le foyer familial perturbé. Sitôt après la naissance du garçon, la femme commençait à recevoir des coups de poing, elle était de caractère sanguin comme son mari qui la répudiait souvent. Des situations qui marquaient l’enfant et qui, en grandissant, devenait un jeune homme violent, conséquence directe de la vie de couple du père et de la mère très perturbée.
Une fois qu’il avait atteint et dépassé ses vingt ans, le jeune fut devenu insupportable. Il s’était fait embaucher par les services des chemins, il aurait pu se stabiliser et se faire une situation meilleure que celle de ses parents, mais son caractère coléreux hérité de son père a fait de lui un homme violent, considérant même la machine qui ne voulait plus marcher comme une personne à qui il donnait des coups pour se soulager, ceci dans autre roman « La Bête humaine. Revenons à Germinal pour retrouver le jeune homme né d’un père qui donnait à la pauvre mère des coups de poing à casser les mâchoires.
Le pauvre jeune homme avait les nerfs à fleur de peau et pour une simple contrariété, il donna un coup de poing à son chef dans les chemins de fer qui lui valut une mise à la porte. Ce jeune violent voyait en chaque homme qu’il rencontrait le visage de son père, il avait envie de frapper chacun de ces hommes. Un roman bâti sur des éléments scientifiques, lui en tant qu’homme qui a beaucoup appris en psychanalyse et psychiatrie qui l’ont beaucoup orienté sur la bonne voie pour élaborer des romans naturalistes, romans très intéressants à lire et où on éprouve un réel plaisir à lire. Tous les livres de Zola sont élaborés à partir d’expériences scientifiques, quand on sait que l’auteur est allé visiter les lieux de travail, comme l’intérieur de la mine. Et c’est pour cela qu’on a l’impression qu’il a été lui-même mineur, la même chose pour « Au Bonheur des dames », où il emploie tous les termes techniques de chaque domaine. Une construction scientifique fondée avant tout sur l’autobiographie et les constructions littéraires. Zola a construit ses romans comme il les a voulus en appliquant à la lettre les théories du naturalisme et de la psychanalyse. Cela a donné des œuvres romanesques faits de réalité et de fiction, d’une lecture agréable.
Boumediene Abed