«Des nouvelles de Cancerland»

L’écrivain américain, Paul Auster, face à la maladie

Depuis plusieurs mois, l’écrivain américain âgé de 76 ans souffre d’un cancer. Son épouse, Siri Hustvedt, a finalement donné des nouvelles de Cancerland, cet étrange environnement où tous deux ont pris place. Et dévoile aussi la publication d’un prochain « petit » roman d’Auster, pour novembre.
La romancière de 68 ans avait fait part de la maladie de son mari, en mars, confiant que son « mari a été diagnostiqué avec un cancer en décembre (2022) après avoir été malade les mois précédents » et a raconté alors « vivre dans un lieu que j’ai nommé «Cancerland ». Elle n’avait alors pas précisé de quel type de cancer Paul Auster souffre ni de son pronostic, alors qu’il était soigné à New York.
«J’ai gardé le silence parce que le territoire de «Cancerland» est déroutant et traître» , indique-t-elle.  Le patient et moi avons avancé en droite ligne sur une route, mais nous avons été retardés et même tourné en rond. Nous n’avons pas encore vu le panneau qui marque la frontière du pays «Vous quittez Cancerland. »
Dans un long post, Siri Hustvedt raconte leur vie commune, pudiquement, par touches allusives, et toute la « population » rencontrée dans ce vaste territoire. « On trouve ici beaucoup de personnes d’âge moyen et d’autres âgées, et bien que nous sachions qu’il y a des enfants, nous ne les voyons pas, car ils sont tenus à l’écart. »
Et de raconter les salles d’attente, les visages sans rides, les corps vigoureux qui « ne trahissent souvent aucun signe de la maladie. Parfois, une jolie casquette recouvre leur calvitie, seul indicateur qu’ils sont frappés ».
Pour eux, confie-t-elle, «c’est pire :  Paul a déjà de nombreuses années derrière lui, l’enfance, la jeunesse, l’âge mûr, et il est maintenant entré dans la vieillesse. Il a écrit de nombreux livres. Un autre roman qu’il a terminé pendant sa maladie, Baumgartner, sera publié en novembre. C’est un petit livre tendre et miraculeux. »
Ce Cancerland est trompeur : on serait à tort tenté de le considérer comme un lieu « ennuyeux, triste et dangereux, où personne ne vit vraiment, mais attend », ce que soient de passer des examens, des résultats, des médicaments, des perfusions. Cela « jusqu’à ce que le patient soit renvoyé au paradis de la vie, ou l’enfer de la mort ». Mais il n’en est rien : ici, dit-elle, on vit sa vie pour combattre. « En observant Paul, j’ai compris à quoi ressemble la grâce face à la pression. Courageux et sans se plaindre, avec son sens de l’humour intact, il a rendu cette période de maladie, qui dure maintenant presque un an, belle, et non laide. »
Paul Auster est l’auteur de plus de trente livres qui ont été traduits dans plus de 40 langues.
C.S.