Souvenirs nostalgiques de Bordj-Menaïel

Boumerdès

Une ville pleine d’histoires et pour en savoir plus, il suffit de se rendre au cimetière de Lala Aïcha et visiter les tombes pour s’apercevoir que chaque défunt a emporté avec lui une panoplie de souvenirs et des richesses non dévoilées. La preuve, la première tombe est celle de Hadj Goumiri père, grand père et fils. Juste à côté, les Amrani Mohamed, Ahcene, Ahmed père et fils : ils sont partis certes mais leurs souvenirs demeurent à l’image de Tahanouti Ali, Goumiri Mustapha et d’autres.Souvent idéalisé, le passé nous réconforte, douloureux, obsédant, il peut aussi nous enfermer, malgré nous dans des rôles inconscients, à nous de dénouer ces liens pour inventer notre existence. Que notre passé soit heureux ou malheureux, il y a un plaisir dans l’action de ses souvenirs, il faut traverser le centre-ville de Bordj-Menaïel pour se rappeler d’anciennes figures de proue de cette charmante et coquette localité, à l’image des Djouab Ali , de Babis Ahmed, L’hadj Amazouz, des Frères Madène, des Toumi, des papas Naili du Montagnard, des Ouriachi Kaci et Djemaa, des Hamidouche plus connu par el Abbassi, des lhadj Selmi, des frères Zemoul, des Kebour, des Moh Meziane, plus connu par Mokhfi, des Amara, des Amrani Moh Belhadj et son frère Hassinette, des Bouchni Rabah, des Baouali, plus connu par El Hadj Toutah, des Bourahla Ami Laid, des Bouarrou Said, des Bournissa Moussa Omar, des Tachert Baba Azzizene, des Hamrioui Hocine, des Naili Amar, des Amrous MoHamed seghir, de la librairie Mendil, du café el Kini du rond-point , du moudjahid Mokdad Ahmed, des Tadjer ami Ahmed le bijoutier, de son frère Omar, des Tamache Ahmed, des Bouchareb Mbarek, des Sahri, des Amazouz , des Achouri , des Matouk, des Freres Dahak, des Cherchouri, des Attalah, des Laradi plus connu par El parisienne, des Rebihi, des Aichaoui, es Chibani des Achouri plus connu par Moh Moussa, deux frères qui s’adonnaient à la vente du lait et dérivés, et tant d’autres qui ne sont plus de ce monde et qui ont marqués notre jeunesse. Le souvenir est le seul paradis dont nous ne pourrons être chassés. Chacun de nous se rappelle son enfance, son adolescence, ses points de repères dans la société, ses débuts scolaires et aussi des camarades de classes qui nous ont quittés et d’autres que l’on a perdus de vue, à l’image des Lafer Abdelaziz, des Amrous Tayeb, des et des personnes que l’on peut admirer que sur les photos de classe. Nos souvenirs nous emprisonnent et c’est toujours avec regret et amertume que nous évoquons notre passé, et c’est pour cela que nous tenterons dans un éclairage d’y répondre, car bien souvent rester prisonnier de son passé est quelque chose de bon et aussi de douloureux, c’est la preuve que certaines choses n’ont pas été réglées et qu’un fort traumatisme n’a pas été digéré à temps.
Il nous tire vers l’arrière et nous empêche d’avancer. Si le travail de l’oubli est toujours difficile à faire, c’est aussi parce qu’il renvoie à la notion de « finitude », de révolu, et par extension, à l’idée d’un mauvais souvenir, mais aussi parce que dans le cas d’une injustice, d’une hogra d’un proche, par exemple, on pense que faire semblant de ne rien voir, de fermer les yeux sur cette dramatique situation, reviendrait à oublier ce que l’on refuse de faire. Inconsciemment, on s’efforce donc de faire survivre cet autre, en restant toujours tourné vers lui dans le passé et aussi se référer au passé permet de se repositionner dans le présent et d’anticiper le futur, quelqu’il soit, heureux ou malheureux souvenir, le passé est toujours un espace dans lequel on se reconnait, une bulle rassurante, alors le risque est de ne plus pouvoir s’en détacher. Des lors, on ampute une part de sa personnalité en restant sur cet acquis et en ne développant pas son potentiel, car renoncer au passé, c’est en faire le deuil, un processus émotionnel qui se déchire en plusieurs phases. D’abord le déni : refuser de croire ce qui a été, ne sera plus, puis la colère monte en nous à en vouloir au temps qui passe.
Ensuite la peur, en se demandant que faut-il faire maintenant ? L’acceptation qui aboutit au renoncement. Certaines personnes refusent d’oublier et qui sont dans l’incapacité à tourner la page et ou se cache une difficulté à rompre. Les souvenirs sont des phénomènes naturelles que Dieu nous a donné, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, elles reviennent à galop dans notre mémoire car on ne peut se libérer du passé nostalgique. Tout le monde s’accorde à dire que c’était mieux avant, pas tout à fait car les nostalgiques s’en souviennent. Le temps poursuit sa course inexorable apportant de grandes mutations dans la société, tous les jours, on entend ça et là, les gens répéter inlassablement : c’était mieux avant chez le quarante ans et plus, la nostalgie prend le dessus : on regrette le temps où la culture, la générosité, la bienveillance, l’entraide faisaient partie de notre société, on fustige les nouvelles technologies qui éloignent les humains des uns et des autres en donnant l’impression de les rapprocher.
Chacun de nous est nostalgique de l’époque ancienne. On sent que la société algérienne a fondamentalement changé sur le plan des valeurs et on le regrette profondément. Sur le plan humain, les gens étaient plus solidaires, il faut admettre que beaucoup de choses du passé nous manquent terriblement. Les gens qui dépassent la quarantaine, qu’ils soient heureux ou malheureux, le passé est toujours un espace dans lequel ils se retrouvent, ils se reconnaissent, mais le passé reserve pas mal de surprise, il y a le bon souvenir et aussi le mauvais souvenir, beaucoup de gens nous ont quitté sans nous dire au revoir, des jeunes et des moins jeunes, des médecins (Makdeche Nasser, Medjouti, des Tafat Bouzid Abdelkrim), des chirurgiens (Des Messaoudi, des Gourari, des Hannachi, spécialistes des poumons), des hommes de lettres, (Cheikh Ali Lahmar, des Amara Ahmed (fondateur du lycée Chafai) des cheikh Aiche, des Derridj Omar, des cadres de l’administration (Mansouri Abdelmadjid), des hommes de foi (cheikh Belkacem, cheikh Ahmed et autres, des Moudjahidine et des moudjahidate, des sportifs, des footballeurs. (Hamadache Said, Amrous Rabah plus connu pâr Bouyete, Tahanouti Ali, des Achour el Annabi, des Rachid Omar, des Amrous Amar, des Amrous Essaid, des Kadem plus connu par Mitiha, des Mustapha Goumiri, des Rabah Allel, des Hamid Goumiri, des Tabet Ali plus connu par Ali el Bondit.
Le monde est-il en train de changer ou de se métamorphoser ? Seul Dieu le Tout-puissant pourra nous en donner la réponse, alors comment expliquer la tristesse qui nous accapare d’entendre que tel ou tel personnage vient de décéder, beaucoup sont partis et d’autres sont en train de quitter ce bas monde, il faudrait que chacun se rende au cimetière de sa localité pour constater de visu les tombes des disparus pour que l’on se rende compte qu’après tout «Akhrate ha moute».
Kouider Djouab