Les filles musulmanes prises en otage par les intégristes laïcards gouvernementaux et islamistes phallocrates (II)

France

Ces dernières années, les Français, pourtant en proie à la dégradation de leurs conditions d’existence, sont abondamment nourris au dogme de la laïcité revendicative et vindicative, complaisamment distillé par leur classe politique et les médias.

Avec cette logique fasciste (je te réprime pour ton bien), l’hypocrisie et le cynisme des autorités françaises dépassent toutes les bornes. Au nom de la démocratie bourgeoise totalitaire, le pouvoir macroniste terrorise les jeunes écolières musulmanes désireuses de s’habiller librement, conformément à leurs convenances personnelles, leurs inclinations culturelles, leurs convictions religieuses.
N’est-ce pas la même logique génocidaire anthropologique qui était invoquée lors de la colonisation de l’Algérie par la France : « on vous colonise pour vous civiliser, y compris par votre extermination physique, sociale, économique, politique. Par votre annihilation culturelle, cultuelle, civilisationnelle. Par la privation de votre liberté personnelle, la négation de votre souveraineté nationale, la confiscation de vos richesses agricoles et fossiles ». Comme l’a déclaré le sociologue Raphaël Liogier, en matière de laïcité, avec le gouvernement Macron, on n’est plus dans la neutralité de l’État, mais la neutralisation (au sens d’étouffement, répression) d’une catégorie de la population, en l’espèce les musulmans, empêchés de vivre culturellement à leur guise, d’arborer librement leur religiosité. Pour rappel, selon le premier article de la loi sur la laïcité de 1905, qui garantit le libre exercice des cultes, la neutralité s’impose aux agents de l’État et non au public. Le public (l’élève) est libre de s’habiller comme il entend. En vérité, ce principe de neutralité des agents de l’État, tout comme cette liberté de port d’habit conforme aux croyances (croix, kippa, et autres symboles religieux), ont été respectés jusqu’à la fin des années 1980. Presque un siècle durant, dans les écoles françaises les élèves de confession chrétienne et judaïque portaient librement, qui une croix ostentatoire, qui une kippa. Il y’avait une réelle bienveillance étatique et publique à l’égard des signes religieux chrétiens et juifs arborés par les écoliers et les étudiants. Cela n’a jamais soulevé ni d’opposition, ni de polémiques.
La première polémique relative aux signes religieux intervient en 1989 (foulards de Creil), le jour où trois élèves de confession musulmane se sont présenté la tête couverte d’un foulard. Aussitôt, la haine larvée antimusulmane s’est emballée, déversée contre toute tentative d’intrusion de tout signe religieux islamique dans l’enceinte de l’école. Ces collégiennes ont été immédiatement exclues du collège. Le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Lionel Jospin, a saisi le Conseil d’État. Cette instance juridique, encore épargnée par l’idéologie ambiante antimusulmane, a rappelé dans sa décision rendue le 27 novembre 1989 le droit des élèves à manifester des convictions religieuses dans l’école. Un autre arrêt du Conseil d’État rendu en novembre 1992, à propos d’une affaire identique au collège Jean-Jaurès de Montfermeil, imposera expressément la réintégration d’élèves exclus pour port du foulard. (Autre époque, autre idéologie : le Conseil d’État saisi en urgence par l’association Action droits des musulmans (ADM) pour obtenir la suspension de la mesure Gabriel Attal a validé l’interdiction du port de l’abaya dans les écoles, collèges et lycées publics dans une décision rendue ce jeudi 7 septembre).
Depuis lors, du fait du port d’habit religieux, la classe politique et les médias accusent les immigrés de refuser l’intégration dans la société française. Apparemment pour les Français, la preuve de l’intégration des Français ou immigrés de confession musulmane s’administre par l’abjuration de leurs convictions religieuses, le déracinement de leur identité culturelle, l’invisibilisation de leur « personnalité confessionnelle », incarnée par l’abstention d’exhibition de tout symbole islamique dans les espaces publics. L’intégration réussie serait celle de l’immigré totalement acculturé, radicalement déraciné. Visiblement, selon la doxa gauloise, le bon immigré doit être le sosie du beauf français : il mange du porc, boit du vin, fume vingt cigarettes par jour, avale des psychotropes pour soutenir le rythme d’exploitation imposée par ses maîtres-patrons-étatiques, absorber des somnifères pour pouvoir dormir la nuit. Et regarder les chaînes de télé xénophobes et bellicistes (CNEWS, LCI). Sans oublier d’ânonner quotidiennement « Nos ancêtres les Gaulois ! ». Et de réciter en permanence le chant chauvin guerrier, hérité d’une époque sanguinaire, l’hymne national, dont un couplet est jugé extrêmement violent et belliciste par nombre de Français humanistes contemporains : « Aux armes, citoyens, formez vos bataillons. Marchons, marchons ! Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! (…) Tout est soldat pour vous combattre. S’ils tombent, nos jeunes héros. La terre en produit de nouveau. Contre vous tout prêts à se battre ! »
Ainsi, tant qu’il s’agissait de symboles cultuels chrétiens et juifs, arborés par des jeunes de toutes origines (Italiens, Espagnols, Portugais), les autorités françaises, et les professeurs en particulier, observaient une neutralité bienveillante à toute épreuve. Mais dès lors que des élèves de confession musulmane de la deuxième génération, à la faveur de la nouvelle conjoncture marquée par l’affirmation politique et sociale des jeunes « beurs », ont cru bon d’afficher également leur appartenance religieuse par le port d’un foulard d’abord, d’un voile ensuite, la classe dirigeante, les médias et la majorité de la population française ont immédiatement condamné l’exhibition de ces signes islamiques dans l’enceinte de l’école. Ainsi, deux poids, deux mesures. Au vrai, les nouvelles lois de 2004, comme celle de 2023, n’ont d’autres motivations que la haine des musulmans, l’aversion de l’islam.
Pour rappel, dans tous les pays européens, le port de signes religieux ou de tenues vestimentaires conformes à des croyances est admis pour tous les élèves à l’école, quel que soit le cycle scolaire.
La France est le seul pays de l’Occident doté d’une législation répressive antimusulmane.
Une chose est certaine, comme l’histoire nous l’enseigne, l’interdiction de toute expression confessionnelle ostensible dans l’espace public conduit, non pas à un reflux du religieux, mais à sa politisation systémique, voire sa radicalisation endémique.
Pour autant, l’abaya est-elle une tenue islamique ? Selon les représentants de plusieurs instances musulmanes, l’abaya n’est pas un vêtement religieux mais une tenue traditionnelle répandue dans certains pays orientaux. En effet, toutes les entités islamiques de France s’accordent pour reconnaître que l’abaya est un simple vêtement culturel et non cultuel. À l’instar de la gandoura, la djellaba, la mlaya, la melhfa, le haïk répandus au Maghreb, de la robe africaine, du boubou, du sari indien. Dont acte. Théoriquement, sur le fondement de cet argument, les islamistes ne doivent pas s’immiscer dans la polémique soulevée par la récente circulaire décrétée par Gabriel Attal. Pourtant, ils n’ont pas manqué d’instrumentaliser et de politiser, à leur tour, cette affaire d’abaya. N’étant pas à une contradiction près, d’un côté ils soutiennent que l’abaya n’est pas une tenue islamique, de l’autre, ils fustigent la circulaire Gabriel Attal pour son caractère jugé islamophobe.
Les jeunes filles françaises et immigrées de confession musulmane sont ainsi prises en otage par ces deux entités fanatisées : les croisés du gouvernement Macron et les islamistes phallocrates. Elles sont prises entre le marteau de la répression laïque gouvernementale et l’enclume de la séquestration religieuse des islamistes.
Les deux instances réactionnaires veulent contrôler le corps des jeunes filles françaises de confession musulmane, au nom de la laïcité pour le gouvernement Macron, en vertu de la charia pour les islamistes. Cette croisade de persécution gouvernementale des jeunes filles musulmanes, doublée d’une inquisition judiciaire tricolore, est justifiée et légitimée au nom de la laïcité. Thème de notre prochain article.
Suite et fin
Khider Mesloub