Les déterminants du cours des hydrocarbures

Energie

Les treize membres de l’OPEP sont l’Algérie, l’Angola, l’Arabie saoudite, le Congo, les Émirats arabes unis, le Gabon, la Guinée équatoriale, l’Iran, l’Irak, le Koweït, Libye, le Nigeria et le Venezuela Les 10 autres pays membres de l’OPEP+ sont l’Azerbaïdjan, le Bahreïn, le Brunéi, le Kazakhstan, la Malaisie, le Mexique, Oman, le Soudan, le Soudan Sud et la Russie principal acteur. Le cours du pétrole le 23 septembre 2023 est coté 93,83 dollars le Brent (88,11 euros) et le Wit américain 90,33 dollars (84,83 euros ).

Le cours du gaz (33% des recettes de Sonatrach) sur le marché de gros PEG pour la période Novembre 2023 est de 43.65 euros le mégawatheure, (cours moyen 1 euro égal 1,0654 dollar le 23/09/2023) comparé avec le point haut du 22/08/2023 où il était de 54,42 euros le mégawatheure soit une baisse de 20%cela représente une baisse de 20%. Selon l’Agence internationale de l’Énergie, l’OPEP représente 34% de la production mondiale et l’OPEP+ compte pour environ 51% de la production mondiale de pétrole . Le cours du pétrole le 20 septembre 2023 à 93,27 dollars le Brent , 89,42 dollars le Wit conte 95,12 dollars le Brent et le Wit 91,49 dollars les 18-19/09/2023. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) et l’OPEP ont revu à la hausse ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole en 2023 qui s’achemine vers 102,2 millions de barils en 2023 contre 99,57 mb/j en 2022). Je recense neuf déterminants du cours dont le pétrole

Premièrement: les facteurs géostratégiques souvent imprévisibles comme cela a été le cas de la guerre en Irak, de l’épidémie du coronavirus , du conflit en Ukraine, ou en cas d’arrêt de certaines canalisations, influant sur la demande, aucun expert sérieux ne pouvant donner des prévisions au delà de deux à trois ans. Les trois piliers qui tirent actuellement la croissance de l’économie mondiale sont la Chine, les USA et l’ Europe qui représentent plus de 60% du PIB mondial. Selon la Banque mondiale la croissance mondiale devrait tomber à 2,1 % en 2023. Entre 2023/2024, le durcissement des conditions financières mondiales notamment avec le relèvement des taux d’intérêt de la FED et de la BCE pour lutter contre l’inflation et la demande extérieure pèseront sur le niveau du cours du pétrole et du gaz naturel. La croissance économique des Etats-Unis pour 2023 est prévue à 1,1% tandis que la croissance chinoise devrait atteindre 5,6% Dans la zone euro, la croissance devrait tomber de 3,5 % en 2022 à 0,4 % en 2023, en raison de l’effet du durcissement de la politique monétaire et de l’augmentation des prix de l’énergie
Deuxièmement: la hausse des prix s’explique également par le fait que l’’AIE pour le quatrième semestre 2023 prévoit une pénurie de l’offre du fait de la faiblesse de l’investissement. Pour la première fois les investissements dans les renouvelables en 2022 ont dépassé ceux des énergies fossiles dont les impacts se feront sentir dans 5 années. A court terme, la production de pétrole des 13 membres l’Opep qui compte l’Arabie saoudite a diminué de 836.000 barils sur un mois pour atteindre une moyenne de 27,31 millions de barils par jour et surtout l’annonce des coupes dans les productions et exportations russes et saoudiennes dont les capacités pour chacun de ces deux pays dépassent 11/12 millions de barils par jour. En effet, la Russie et l’Arabie saoudite ont continué de réduire leur production de pétrole jusqu’à la fin de 2023, l’Arabie saoudite de 1 million de barils par jour (bpj) pour la période d’octobre à décembre 2023, la production du royaume pour les mois d’octobre, de novembre et de décembre 2023 sera d’environ neuf millions de bpj selon son ministère de l’Énergie et la Russie a annoncé sa décision de maintenir la réduction de ses exportations de pétrole de 300 000 barils par jour jusqu’à la fin de l’année 2023.
Troisièmement: un des plus grand producteur mondial grâce au pétrole et gaz de schiste, sont les USA où du côté de l’offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) qui a bouleversé toute la carte énergétique mondiale, étant passé de 5 millions de barils/jour de pétrole plus de 11 millions de barils jour. Les Etats-Unis, importateur par le passé, sont devenus le plus grand producteur de pétrole brut devant l’Arabie saoudite et la Russie. Selon The Telegraph, les Etats-Unis devraient pénétrer fortement le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL) 30 projets sont en cours de réalisation, pesant ainsi sur le marché mondial du GNL. Quatrièmement: L’on doit tenir compte du conflit en Ukraine qui a bouleversé toute la carte énergétique avec la décision du G7 plus l’Australie de plafonner prix du pétrole par voie maritime à 60 dollars le baril et les dérivées à compter de février 2023, ainsi que la décision de la commission européenne de plafonner le prix du gaz à 180 dollars le mégawattheure. Avant le conflit en Ukraine, à travers le North Stream (abandonné) et le South Stream la capacité était de plus de 125 milliards de mètres cubes gazeux pour approvisionner l’Europe, plus de 45% avant les tensions et depuis ces canalisations fonctionnent en sous capacités avec l’annulation du North Stream 2, la demande européenne a fortement baissé en 2022, plus de 46%, expliquant d’ailleurs les tensions énergétiques en Europe, la Russie se tournent actuellement vers l’Asie dont la Chine et l’Inde à des prix préférentiels avec de nouvelles canalisations dont le projet canalisation Sibérie Chine.
Cinquièmement: Il faut prévoir le retour à terme, sur le marché de la Libye, sous réserve d’une stabilisation politique, des réserves de 42 milliards de barils de pétrole et plus de 1500 milliards de mètres cubes gazeux, pour une population ne dépassant pas 6,5 millions d’habitants, pouvant facilement produire plus de 2 millions de barils/jour; l’Irak, pouvant aller vers plus de 7 millions/jour et l’Iran, s’il y a accord sur le nucléaire ayant des réserves de 160 milliards de barils de pétrole lui permettant d’exporter entre 4/5 millions de barils jour, et possédant le deuxième réservoir de gaz traditionnel mondial, plus de 35 000 milliards de mètres cubes gazeux, derrière la Russie
45 000 et avant le Qatar 20 000.
Sixièmement: Les nouvelles découvertes dans le monde en offshore en Méditerranée orientale (20 000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région, et en Afrique dont le Mozambique (plus de 4000 milliards de mètres cubes gazeux) qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique.
Septièmement : Les politiques de la transition énergétique seront déterminantes pour un nouveau modèle de consommation énergétique mondial. D’ici à 2030/2035, les investissements prévus dans le cadre de la transition énergétique USA/ Chine/Europe/Inde dont les énergies renouvelables, l’hydrogène vert, devraient dépasser les 4000 milliards de dollars par an et les grandes compagnies commencent à réorienter progressivement leurs investissements dans ces segments rentables à terme, les industries de la vie pour reprendre l’expression de Jacques Attali, moins polluantes. L’humanité sera confrontée à l’avenir au danger dévastateur du réchauffement climatique car si les Chinois, les Indiens et les Africains avaient le même modèle de consommation énergétique que l’Europe/USA, il faudrait cinq fois la planète, d’où l’urgence d’une transition énergétique maîtrisée. Huitièmement: L’évolution des cotations du dollar et l’euro, toute hausse ou baisse du dollar, pouvant entraîner un écart de 10/15%.
Neuvièmement :Les stocks américains et souvent oubliés les stocks chinois.

En conclusion, les impacts du cours élevé des hydrocarbures ont eu un impact positif sur le cadre macro-financier dont les réserves de change ont clôturé à fin aout 2023 à 85 milliards de dollars et un endettement extérieur faible moins de 3 milliards de dollars. .En 2022, selon les données de la banque d’Algérie , le cours du pétrole a été de 106 dollars en moyenne et le prix du gaz environ 33% des recettes de Sonatrach, a été entre 15/16 dollars donnant une recette de 60 milliards de dollars. Pour une moyenne annuelle de 80 dollars le baril en 2023 et un cours moyen de 10/11 dollars le MBTU, la recette de Sonatrach y compris les dérivées qui ont connu depuis début 2022 à septembre 2023, varierait entre 45/50 milliards de dollars fin 2023. L’Algérie dont les recettes en devises sont pour 2022 d’environ 98% provenant des hydrocarbures avec les dérivées inclus selon les statistiques douanières dans la rubrique hors hydrocarbures pour 67% et pour son équilibre budgétaire, en référence à la loi de finances 2023,a besoin d’un baril de pétrole de 149,2 dollars contre 135 pour l’exercice 2020/2021 et 100/109 pour l’exercice 2019/2020, est attentive donc aux fluctuations du cours de l’énergie sur le marché mondial. Le principal défi de l’Algérie 2023/2025/2030 pays à fortes potentialités, pouvant devenir un pays pivot au sein des espaces méditerranéens et africains sous réserve de profondes réformes est la relance économique. Mais avant tout l’Algérie de 2030, jalouse de son indépendance politique, sera que les algériens voudront qu’elle soit .

Abderrahmane MEBTOUL
Professeur des Universités
Docteur d’Etat 1974
Expert international
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