Le pouvoir macroniste réinstaure le travail obligatoire cher au régime fasciste de Vichy

France

Doucement mais sûrement, dans l’officielle France oligarchique et policière, un nouvel esprit national totalitaire s’instaure. Un ordre national nouveau émerge, fondé sur la trilogie Travail, Patrie, « Famine » (la population est précipitée dans la paupérisation).

Un ordre national nouveau qui rappelle les années noires du régime fasciste de Vichy. Au reste, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, est revenu sur les trois axes de l’agenda de la Macronie, qu’il a résumé, lui, sous le triptyque : Travail, Ordre, Progrès. Par ordre, il faut entendre : Ordre policier, dont on entrevoit tous les jours les progrès répressifs et meurtriers.
« C’est sous le triple signe du Travail, de la Famille et de la Patrie que nous devons aller vers l’ordre nouveau », martelait, en son temps, Pierre Laval, à l’époque du régime fasciste de Vichy. Dès son installation, le régime fasciste de Vichy s’emploie à liquider la Troisième République, pour donner les pleins pouvoirs exécutifs et législatifs au maréchal Pétain. N’est-ce pas le processus auquel on assiste depuis le début de la mandature de la Macronie : la liquidation de la Cinquième République, illustrée par la concentration du pouvoir entre les mains de Macron, dont l’occulte Conseil de défense, instituée instance de gouvernance durant la crise sanitaire, symbolise les dérives totalitaires. Cette dérive s’accélère avec l’usage démesuré du despotique 49.3, dégainé sans arrêt pour passer en force les lois et « réformes » antisociales et anti-ouvrières les plus impopulaires.
Dès son intronisation, le régime fasciste de Vichy, mené par Pétain, décide de valoriser le travail. Le travail apparaît dès lors comme un point central de la propagande du nouveau régime fasciste. En changeant ainsi la devise, les tenants de la Révolution nationale signifient que, pour eux, le travail est, sans jeu de mot, capital, au point d’inciter les Français à donner leur travail dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO). D’entrée de jeu, le régime fasciste de Vichy fustige la paresse répandue par le Front Populaire, accusé d’avoir diminué le temps de travail et instauré les congés payés. La devise du pouvoir de Vichy est « le travail des Français est la ressource suprême de la patrie ». Au reste, le régime s’empare également du 1er mai pour montrer que « le travail est à l’honneur ». Cependant, le travail valorisé par les pétainistes est celui d’une France rurale et traditionnelle. Les deux piliers du travail valorisé sont constitués par l’artisanat et la paysannerie. A contrario, l’ouvrier et le monde de l’usine sont occultés, pour leur dimension jugée subversive et leur inclination à la lutte de classes. Le régime de Pétain fait l’apologie d’un monde du travail pacifié, débarrassé de la lutte des classes. Le travail est présenté comme le creuset de la société française. La propagande pétainiste pousse l’indécence jusqu’à inviter les travailleurs français, expédiés en Allemagne dans le cadre du STO, à être les ambassadeurs de la qualité française. Certaines affiches célèbrent le Travail en donnant le Maréchal Pétain en modèle, dans une certaine forme de culte du chef.
Ironie de l’histoire, au même titre que la France de Vichy reposait sur la défaite militaire et la débâcle économique, donc la ruine des Français, expliquant le recours massif à la propagande par le gouvernement Pétain pour tenter de créer une union nationale factice, le régime de Macron, semblablement, repose sur la défaite morale politique, la débâcle industrielle, donc la ruine des Français, expliquant, non pas le recours à la propagande étatique, de nos jours inopérante du fait de l’existence des réseaux sociaux (véritables contre-pouvoirs médiatiques), mais le recours aux violences policières. La police est l’ultime rempart de la bourgeoisie française sénile et décadente pour maintenir un semblant de « cohésion social ». À l’ère de la Macronie, telle est la trilogie (Travail, Patrie, « Famine ») dramatique gouvernementale dorénavant imposée au peuple français par le général hautain Macron. En digne héritier de Pétain qui avait inauguré son régime vichyssois génocidaire sous les funestes auspices de la Révolution nationale, Macron avait amorcé sa présidence par la publication de son ouvrage-programme, intitulé également Révolution. On présumait que la Révolution prônée serait libérale, libertaire, libertine, mais jamais on aurait soupçonné qu’elle deviendrait nationale et totalitaire. Militairement et policièrement offensive et répressive. Pour rappel, en juin 1940, le Maréchal Pétain, dans un discours moraliste et culpabilisateur, tenant responsable le peuple français lui-même de sa défaite, dénonce les causes des malheurs de la France en ces termes : « Depuis la victoire [de 1918], l’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu’on a servi. On a voulu épargner l’effort ; on rencontre aujourd’hui le malheur. » En résumé, le Maréchal Pétain reproche au peuple français de s’être amolli par sa recherche du bien-être. Dans la même veine, avec une rhétorique quasiment similaire, le 24 août 2022, le promoteur de la collaboration avec la finance génocidaire internationale, Macron, reprend semblable posture moraliste et culpabilisatrice à l’endroit de « son » peuple, incriminé pour sa supposée indolence et son insolente prodigalité. En effet, Macron prend la parole 24 août 2022, en ouverture du Conseil des ministres, dont les premières minutes sont délibérément retransmises en direct pour être regardées par tous les téléspectateurs. En préambule, Macron appelle les Français à se préparer à davantage d’efforts et de sacrifices car « le monde est confronté à une grande bascule » (…) « un grand bouleversement ». (…) « Des grands bouleversements énergétiques, conséquences directes de la guerre en Ukraine et du dérèglement climatique ». Aussi, prévient-il que la France entrera dorénavant dans le nouvel ordre marqué par « la fin de l’abondance », « la fin d’une forme d’insouciance ».
À présent, Macron compte poursuivre son œuvre réactionnaire par la Révolution du travail. Macron, en digne héritier de Pétain qui voulait remettre la France au travail, au lendemain de sa débâcle, pour soutenir l’effort de guerre nazi au service duquel elle œuvrerait dorénavant (comme la France de Macron œuvre actuellement au service de l’OTAN, c’est-à-dire les États-Unis, les maîtres de la vassale Europe), veut remodeler le travail par sa flexibilisation et son extension. Autrement dit, par l’augmentation du temps de travail hebdomadaire et l’allongement de l’exploitation salariée, c’est-à-dire le recul de départ de l’âge de retraite, retraite désormais fixée à 64 ans par la grâce du 49.3 et la Collaboration des syndicats, ces instances d’encadrement des travailleurs.
En 2022, lors de la campagne électorale pour les présidentielles, dans sa « Lettre aux Français », Macron évoquait déjà sa volonté de procéder, une fois réélu, à l’allongement du temps de travail.
« Il n’y a pas d’indépendance sans force économique. Il nous faudra donc travailler plus », avait-il écrit dans sa Lettre. (Cette lettre apporte la preuve de l’hypocrisie des syndicats et des partis de gauche : ces organisations connaissaient depuis longtemps les intentions réformatrices destructives de Macron, et pourtant elles ont appelé à voter pour lui).
Bien évidemment, Travailler plus, mais point gagner plus. Pour preuve : du fait de l’inflation spéculative orchestrée par l’État, les travailleurs et les retraités voient leur pouvoir d’achat s’effondrer. Parmi les mesures envisagées pour contraindre les salariés à travailler plus et plus longtemps, Macron envisage de démanteler les 35 heures, pour leur substituer un système où la durée du travail sera modulable selon les périodes de la vie.
Non seulement les salariés devront travailler plus sans compensation financière, avec des semaines probablement à 50 heures, mais, dorénavant, depuis l’adoption de la réforme des retraites, travailler plus longtemps, jusqu’à 64 ans. En d’autres termes, l’exploitation salariée s’étend en amont et en aval. Les jeunes devront travailler plus. Les seniors devront travailler plus longtemps. Des semaines à 50 heures. Et des carrières professionnelles rallongées à 64 ans. Tel est le régime d’exploitation salarié auquel seront soumis les travailleurs français. Telle est la révolution du travail instaurée par le régime totalitaire macronien, où l’exploitation salariée augmentera en intensité et en extensivité. Le régime de Macron, en cette période d’économie de guerre, donc de militarisme « nécessitant la mobilisation de toutes les forces vives de la nation pour défendre la Patrie menacée par les régimes illibéraux et autoritaires », selon la rhétorique occidentale atlantiste, veut mettre tout le monde au travail. Surtout les chômeurs et les allocataires du RSA, contraints désormais de participer à l’effort de guerre (économique) par leur enrôlement dans les entreprises, pour pouvoir prétendre bénéficier des prestations sociales et des indemnités chômage. En effet, les bénéficiaires du RSA ne pourront plus continuer à percevoir leur allocation sans contrepartie. Pour assurer cette transition vers le travail obligatoire, de sinistre mémoire, le gouvernement Macron a décidé de procéder à une refonte totale (totalitaire) de pôle emploi. Pour commencer, le gouvernement Macron débaptise Pôle emploi, jugé impersonnel et neutre.
Dorénavant, Pôle emploi se nomme France Travail. Qui sonne comme un slogan patriotique, un cri de guerre : France Travail. Voire une injonction péremptoire : « France, travaille » (le jour de gloire est arrivé… Aux armes citoyens (travailleurs), formez vos bataillons (vos équipes), Marchons, oui marchons (travaillons, oui produisons), Qu’un sang impur abreuve nos sillons (Qu’une sueur impure abreuve nos entreprises).
L’entité France Travail va remplacer Pôle emploi à partir de 2024. Ainsi, Pôle emploi va se transformer en France Travail, « afin d’organiser les conditions de la collaboration et de l’efficacité collective, dans le cadre de la gouvernance d’ensemble assurée par l’État, les collectivités et les partenaires sociaux », comme le souligne le rapport rédigé par Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises.
A suivre…
Khider Mesloub

 

 

 

 

 

Avec cette nouvelle organisation, France Travail veut « réduire significativement les emplois non pourvus faute de candidats ». Voilà, tout est dévoilé dans ce passage tiré du rapport cité plus haut. France Travail aura pour mission de fournir la main-d’œuvre aux entreprises déficitaires en matière d’emploi. Y compris par des moyens coercitifs. La nouvelle entité France Travail aura pour vocation de mettre les chômeurs au travail, en particulier dans cette période d’économie de guerre, de militarisme.
Et comment le gouvernement Macron compte-t-il procéder pour « réduire significativement les emplois non pourvus faute de candidats » ? Le nouveau Pôle emploi, France Travail, rendra obligatoire l’inscription, lorsqu’un Français sera en recherche d’emploi, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui (chacun est libre de s’inscrire ou non à Pôle emploi, de travailler ou non. De toute façon, toute personne non inscrite ne perçoit aucune indemnité chômage. Au reste, aujourd’hui, à peine plus d’un chômeur sur trois reçoit une allocation. Sur les 6,5 millions de personnes inscrites à Pôle emploi en décembre 2022, seules 2,6 millions sont indemnisées. Un chiffre qui ne cesse de baisser). Pour ce faire, chaque entreprise et chaque demandeur d’emploi ne communiquera plus qu’avec un seul conseiller, négrier des temps modernes chargé de l’approvisionnement d’esclaves-salariés pour les capitalistes. Pour assurer cette entreprise d’approvisionnement d’esclaves-salariés pour les entreprises, les effectifs des « conseillers » vont être renforcés, ce qui explique le coût de la transformation de Pôle emploi en France Travail. Selon le rapport paru le mercredi 19 avril 2023, ces modifications coûteront entre 2,3 et 2,7 milliards d’euros d’ici à 2026.

Parmi les chantiers de France Travail, figure également la réforme relative à l’accompagnement renforcé des bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active), dans le viseur du gouvernement. Comme le rapporte l’hebdomadaire L’Express, « Le gouvernement veut que les bénéficiaires du RSA répondent à des devoirs, voulus par Emmanuel Macron ». Répondre à quels devoirs ? Les bénéficiaires du RSA devront en contrepartie de leur allocation travailler dans les collectivités ou entreprises. Ainsi, le gouvernement Macron prévoit de conditionner le versement du RSA à la réalisation obligatoire de 15 heures d’activités hebdomadaires, c’est-à-dire 15 heures de travail forcé. Une réforme qui ouvre la porte à ce que cet effort soit demandé à tout inscrit à Pôle Emploi, et pas seulement à un allocataire du RSA.
« Les activités réalisées » (le travail forcé) pourront être de tout type, selon la CGT. « Il est donc à craindre qu’elles ne se fassent uniquement au sein d’entreprises et de collectivités, sans offrir de réel accès à la formation pour les allocataires », souligne la CGT.
Ainsi que le dénonce la CGT, « Avec cette réforme, le gouvernement revient sur le droit fondamental à l’emploi inscrit dans la Constitution de 1946 et glisse de plus en plus du droit à l’emploi vers une obligation de travailler », de sinistre mémoire. « Plutôt que d’embaucher des agents territoriaux, les collectivités concernées pourront donc se reposer sur le travail gratuit des allocataires du RSA, ou pire encore, des entreprises pourraient profiter du financement public (par l’impôt) du RSA pour disposer de main d’œuvre gratuite », dénonce Denis Gravouil, secrétaire général de la FNSAC. Pour la CGT Pôle emploi, « le développement de l’accompagnement intensif, comprenant 15 heures d’activité́ hebdomadaire minimum […], va modifier en profondeur [l’] offre de services et immanquablement accroitre les risques de sanctions et de privation du minimum vital pour survivre pour nombre d’inscrits ».
Comme nous l’avons souligné plus haut, cette mesure de réalisation obligatoire d’activités professionnelles de 15 heures hebdomadaire rappelle le Service du Travail Obligatoire (STO), institué par le gouvernement de Vichy par une loi du 4 septembre 1942 pour répondre aux exigences allemandes de main d’œuvre par la fourniture des travailleurs français. Cette loi a obligé 600 000 Français à partir travailler en Allemagne. Sous le magnanime gouvernement Macron, les Français au chômage n’auront pas besoin, heureusement, de traverser la frontière (Rue) pour aller se faire exploiter gratuitement dans les entreprises. Ils vont pouvoir se faire suer le burnous dans les entreprises françaises, dirigés par des capitalistes français.
La mesure est déjà testée dans 18 départements. Ils sont 40 000 à être suivis par leur conseiller Pôle Emploi. Le gouvernement Macron veut généraliser le dispositif. Dorénavant, les 2 millions de bénéficiaires du RSA devront consacrer 15 heures par semaine à une activité dans une association, collectivité ou entreprise pour pouvoir prétendre bénéficier de l’allocation. Autrement dit, les associations (souvent à but lucratif), les collectivités et les entreprises auront à leur disposition une main-d’œuvre gratuite, corvéable et exploitable à merci. Sinon, les bénéficiaires du RSA pourraient perdre une partie ou l’intégralité de leur allocation, 607 euros aujourd’hui pour une personne seule. C’est-à-dire un minimum de survie. En l’espèce, le gouvernement Macron est incapable de fournir un emploi à la hauteur des compétences de l’allocataire du RSA, ou une véritable formation de reconversion, mais le contraint de s’enrôler obligatoirement dans une collectivité ou entreprise (d’armement ?) pour y travailler gratuitement. Ainsi, le bénéficiaire du RSA devra se plier au parcours imposé par l’Etat et accepter du « travail » non rémunéré pour ne pas se retrouver sans aucune indemnité, et être ainsi condamné à sombrer dans la grande pauvreté.
Au vrai, cette réforme sera une machine de guerre pour contraindre les chômeurs et les bénéficiaires du RSA, pour survivre, à accepter n’importe quel emploi. Et, également, pour entraîner les salaires à la baisse, dans une conjoncture économique marquée par un marché du travail déjà très concurrentiel.
Selon les gouvernants et les patrons, les allocataires du RSA et les chômeurs seraient des « fainéants délibérés et invétérés », qu’ils convient, tels des enfants irresponsables, prendre sévèrement en main pour leur apprendre le goût de l’effort afin de les remettre au travail. Comme le note Pierre-Édouard Magnan, président du Mouvement national des chômeurs et des précaires : « Ça rappelle ce que l’on écrivait des peuples colonisés à la fin du XIXe siècle dans les manuels scolaires. C’est exactement le même type de raisonnement. »
Renforcer les contrôles et les sanctions, imposer des obligations professionnelles par des activités contraintes, tel est l’objectif de la réforme « France Travail ». Une réforme qui, par la généralisation des radiations, vise à forcer les bénéficiaires du RSA à accepter n’importe quel emploi.
Cette réforme du travail vise surtout, pour les capitalistes, dans cette période de crise économique systémique et de baisse tendancielle du taux de profit, à se procurer une main-d’œuvre, sinon gratuitement, au moins à vil prix (les deux). Autrement dit, l’État des riches via ses deux succursales institutionnelles, le gouvernement Macron et le Parlement croupion, dans cette phase de militarisation de la société et de vichysation des esprits, œuvre à mettre à disposition des entreprises ce providentiel « vivier » taillable et corvéable à merci.
Lors de son intronisation au pouvoir le 17 juin 1940, Pétain a déclaré : « Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur ». Aujourd’hui, la bourgeoisie décadente française exhorte chaque prolétaire à faire don de sa personne pour atténuer les malheurs du capitalisme hexagonal, soutenir l’effort de guerre économique conduit par son État via le gouvernement Macron en voie de fascisation.

Khider Mesloub