Le pouvoir macroniste réinstaure le travail obligatoire cher au régime fasciste de Vichy (II)

France

Doucement mais sûrement, dans l’officielle France oligarchique et policière, un nouvel esprit national totalitaire s’instaure. Un ordre national nouveau émerge, fondé sur la trilogie «Travail, Patrie, Famine » (la population est précipitée dans la paupérisation).Dorénavant, Pôle emploi se nomme France Travail. Qui sonne comme un slogan patriotique, un cri de guerre : France Travail. Voire une injonction péremptoire : « France, travaille » (le jour de gloire est arrivé… Aux armes citoyens (travailleurs), formez vos bataillons (vos équipes), Marchons, oui marchons (travaillons, oui produisons), Qu’un sang impur abreuve nos sillons (Qu’une sueur impure abreuve nos entreprises)
L’entité France Travail va remplacer Pôle emploi à partir de 2024. Ainsi, Pôle emploi va se transformer en France Travail, « afin d’organiser les conditions de la collaboration et de l’efficacité collective, dans le cadre de la gouvernance d’ensemble assurée par l’État, les collectivités et les partenaires sociaux », comme le souligne le rapport rédigé par Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises.
Avec cette nouvelle organisation, France Travail veut « réduire significativement les emplois non pourvus faute de candidats ». Voilà, tout est dévoilé dans ce passage tiré du rapport cité plus haut. France Travail aura pour mission de fournir la main-d’œuvre aux entreprises déficitaires en matière d’emploi. Y compris par des moyens coercitifs. La nouvelle entité France Travail aura pour vocation de mettre les chômeurs au travail, en particulier dans cette période d’économie de guerre, de militarisme.
Et comment le gouvernement Macron compte-t-il procéder pour « réduire significativement les emplois non pourvus faute de candidats » ? Le nouveau Pôle emploi, France Travail, rendra obligatoire l’inscription, lorsqu’un Français sera en recherche d’emploi, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui (chacun est libre de s’inscrire ou non à Pôle emploi, de travailler ou non. De toute façon, toute personne non inscrite ne perçoit aucune indemnité chômage. Au reste, aujourd’hui, à peine plus d’un chômeur sur trois reçoit une allocation. Sur les 6,5 millions de personnes inscrites à Pôle emploi en décembre 2022, seules 2,6 millions sont indemnisées. Un chiffre qui ne cesse de baisser). Pour ce faire, chaque entreprise et chaque demandeur d’emploi ne communiquera plus qu’avec un seul conseiller, négrier des temps modernes chargé de l’approvisionnement d’esclaves-salariés pour les capitalistes. Pour assurer cette entreprise d’approvisionnement d’esclaves-salariés pour les entreprises, les effectifs des « conseillers » vont être renforcés, ce qui explique le coût de la transformation de Pôle emploi en France Travail. Selon le rapport paru le mercredi 19 avril 2023, ces modifications coûteront entre 2,3 et 2,7 milliards d’euros d’ici à 2026. Parmi les chantiers de France Travail, figure également la réforme relative à l’accompagnement renforcé des bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active), dans le viseur du gouvernement. Comme le rapporte l’hebdomadaire L’Express, « Le gouvernement veut que les bénéficiaires du RSA répondent à des devoirs, voulus par Emmanuel Macron ». Répondre à quels devoirs ? Les bénéficiaires du RSA devront en contrepartie de leur allocation travailler dans les collectivités ou entreprises. Ainsi, le gouvernement Macron prévoit de conditionner le versement du RSA à la réalisation obligatoire de 15 heures d’activités hebdomadaires, c’est-à-dire 15 heures de travail forcé. Une réforme qui ouvre la porte à ce que cet effort soit demandé à tout inscrit à Pôle Emploi, et pas seulement à un allocataire du RSA.
« Les activités réalisées » (le travail forcé) pourront être de tout type, selon la CGT. « Il est donc à craindre qu’elles ne se fassent uniquement au sein d’entreprises et de collectivités, sans offrir de réel accès à la formation pour les allocataires », souligne la CGT.
Ainsi que le dénonce la CGT, « Avec cette réforme, le gouvernement revient sur le droit fondamental à l’emploi inscrit dans la Constitution de 1946 et glisse de plus en plus du droit à l’emploi vers une obligation de travailler », de sinistre mémoire. « Plutôt que d’embaucher des agents territoriaux, les collectivités concernées pourront donc se reposer sur le travail gratuit des allocataires du RSA, ou pire encore, des entreprises pourraient profiter du financement public (par l’impôt) du RSA pour disposer de main d’œuvre gratuite », dénonce Denis Gravouil, secrétaire général de la FNSAC. Pour la CGT Pôle emploi, « le développement de l’accompagnement intensif, comprenant 15 heures d’activité́ hebdomadaire minimum […], va modifier en profondeur [l’] offre de services et immanquablement accroitre les risques de sanctions et de privation du minimum vital pour survivre pour nombre d’inscrits ». Comme nous l’avons souligné plus haut, cette mesure de réalisation obligatoire d’activités professionnelles de 15 heures hebdomadaire rappelle le Service du Travail Obligatoire (STO), institué par le gouvernement de Vichy par une loi du 4 septembre 1942 pour répondre aux exigences allemandes de main d’œuvre par la fourniture des travailleurs français. Cette loi a obligé 600 000 Français à partir travailler en Allemagne. Sous le magnanime gouvernement Macron, les Français au chômage n’auront pas besoin, heureusement, de traverser la frontière (Rue) pour aller se faire exploiter gratuitement dans les entreprises. Ils vont pouvoir se faire suer le burnous dans les entreprises françaises, dirigés par des capitalistes français.
La mesure est déjà testée dans 18 départements. Ils sont 40 000 à être suivis par leur conseiller Pôle Emploi. Le gouvernement Macron veut généraliser le dispositif. Dorénavant, les 2 millions de bénéficiaires du RSA devront consacrer 15 heures par semaine à une activité dans une association, collectivité ou entreprise pour pouvoir prétendre bénéficier de l’allocation. Autrement dit, les associations (souvent à but lucratif), les collectivités et les entreprises auront à leur disposition une main-d’œuvre gratuite, corvéable et exploitable à merci. Sinon, les bénéficiaires du RSA pourraient perdre une partie ou l’intégralité de leur allocation, 607 euros aujourd’hui pour une personne seule. C’est-à-dire un minimum de survie. En l’espèce, le gouvernement Macron est incapable de fournir un emploi à la hauteur des compétences de l’allocataire du RSA, ou une véritable formation de reconversion, mais le contraint de s’enrôler obligatoirement dans une collectivité ou entreprise (d’armement ?) pour y travailler gratuitement. Ainsi, le bénéficiaire du RSA devra se plier au parcours imposé par l’Etat et accepter du « travail » non rémunéré pour ne pas se retrouver sans aucune indemnité, et être ainsi condamné à sombrer dans la grande pauvreté.
Au vrai, cette réforme sera une machine de guerre pour contraindre les chômeurs et les bénéficiaires du RSA, pour survivre, à accepter n’importe quel emploi. Et, également, pour entraîner les salaires à la baisse, dans une conjoncture économique marquée par un marché du travail déjà très concurrentiel.
Selon les gouvernants et les patrons, les allocataires du RSA et les chômeurs seraient des « fainéants délibérés et invétérés », qu’ils convient, tels des enfants irresponsables, prendre sévèrement en main pour leur apprendre le goût de l’effort afin de les remettre au travail. Comme le note Pierre-Édouard Magnan, président du Mouvement national des chômeurs et des précaires : « Ça rappelle ce que l’on écrivait des peuples colonisés à la fin du XIXe siècle dans les manuels scolaires. C’est exactement le même type de raisonnement. » Renforcer les contrôles et les sanctions, imposer des obligations professionnelles par des activités contraintes, tel est l’objectif de la réforme « France Travail ». Une réforme qui, par la généralisation des radiations, vise à forcer les bénéficiaires du RSA à accepter n’importe quel emploi. Cette réforme du travail vise surtout, pour les capitalistes, dans cette période de crise économique systémique et de baisse tendancielle du taux de profit, à se procurer une main-d’œuvre, sinon gratuitement, au moins à vil prix (les deux). Autrement dit, l’État des riches via ses deux succursales institutionnelles, le gouvernement Macron et le Parlement croupion, dans cette phase de militarisation de la société et de vichysation des esprits, œuvre à mettre à disposition des entreprises ce providentiel « vivier » taillable et corvéable à merci. Lors de son intronisation au pouvoir le 17 juin 1940, Pétain a déclaré : « Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur ». Aujourd’hui, la bourgeoisie décadente française exhorte chaque prolétaire à faire don de sa personne pour atténuer les malheurs du capitalisme hexagonal, soutenir l’effort de guerre économique conduit par son État via le gouvernement Macron en voie de fascisation.
Suite et fin
Khider Mesloub