«Quand on me reconnaît dans une gare, on me demande si je peux battre le train !»

Carl Lewis à RFI

Sur RFI, cette star que tout le monde souhaiterait approcher. «Carl Lewis, parle de ces dix minutes lors des JO d’Atlanta en 1996, dix minutes tellement historique qu’il ne pouvait les oublier, parce qu’elles lui rappellent une autre star capable de le battre en saut en longueur, mais qui avait avait échoué James Beckford en est à son dernier essai, racontait-il, il court, saute, atterrit sur le sable et c’est fini.»

A son tour «Il me reste un saut, mais j’ai gagné avec 8,50 mètres, alors je ne le tente même pas. Je me lance aussitôt dans un tour du stade en courant.»Des souvenirs qui ne s’effacent pas, ils marquent l’athlète à tout jamais «Dans mon pays ! À cet instant, je sais que ce sera la dernière fois. Et tout le stade se lève pour m’applaudir. Pendant dix minutes !» Pour lui «le temps s’est arrêté» et mieux encore, se rappelle-t-il. «Les organisateurs ont attendu que j’ai fini mon tour du stade pour lancer d’autres épreuves. Dix minutes ! Ça, c’était vraiment spécial. Vous avez ces moments dans la vie qui sont uniques, qui ne se reproduisent pas et vous le savez quand vous les vivez. C’était à ce moment-là».

Que choisir aux JO ou championnat
du monde?
Il y a eu cette question qui l’invitait à faire la différence pour un athlète entre les JO et les Championnats du monde ? Comme il fallait s’y attendre, pour un athlète il ne peut y avoir de différence. «J’aime les deux, mais les JO, c’est spécial. Tous les quatre ans, il y a deux jours où tu dois être prêt. Pendant 12 années, je devais être au meilleur durant ces deux jours. C’est extrêmement difficile… Il peut se passer tellement de choses, une maladie, une indigestion, un souci familial, une blessure en marchant pieds nus. Nos meilleurs escrimeurs un Afro-Américain et une jeune femme musulmane.
Sans hésiter il répondit par : «En Amérique, il y a des choses supers et d’autres beaucoup moins. Nous sommes un melting pot. Et malgré tout ce qui se passe ici, chaque année, nos sports intègrent un peu plus de diversité. Par exemple, nos meilleurs escrimeurs sont un Afro-Américain et une jeune femme musulmane. Et cela va continuer, quoi qu’il arrive. Le sport permet cet ascenseur social, il complétera par dire que l’olympisme, c’est aussi l’opposé de la division que l’on voit partout actuellement aux États-Unis. Cela permet aussi de penser aux autres et pas uniquement à soi-même… Même en ne gagnant pas, on peut être à son meilleur. En commençant par battre son record personnel, par exemple. Mais si vous voulez exceller à quelque chose, il faut travailler. Mon conseil : entraînez-vous du lundi au vendredi pour être prêt le samedi. Vous aurez des échecs, vous ferez des erreurs, mais cela fait partie de l’apprentissage. Donc, rêvez grand et vous y arriverez !

65 victoires consécutives sur 10 ans
On lui fait rappeler dans l’entretien qu’en 1981, il était l’homme le plus rapide du monde, il avait au compteur 65 victoires consécutives sur 10 ans en saut en longueur et sa carrière s’étale sur 17 années. Pourquoi s’est il professionnaliser dans ce sport ? Il explique : «On me battant pour la professionnalisation, c’était d’obtenir l’égalité. En grandissant, j’ai suivi la longue carrière de la joueuse de tennis Billie Jean King et du joueur de basket Bill Russel. Je regardais la NBA, la NFL et le baseball et les joueurs étaient tous des professionnels. Alors, je me disais «pourquoi pas nous ? ». Nous aussi, nous travaillons dur. Lors de mes deux derniers JO, j’ai réussi à être considéré comme un pro. Mais cela n’a pas été facile. Les autorités de l’athlétisme et de l’olympisme se sont battues contre la professionnalisation. Mais à partir de 1992, les joueurs de la NBA sont allés aux JO, donc il n’y avait plus de raisons qu’il y ait une différence avec les autres sportifs».
En conclusion il dira : «La professionnalisation a permis aux athlètes des carrières plus longues ! Cela permet aux athlètes une meilleure reconnaissance, plutôt que d’être la star d’un jour… Chaque JO intègre de nouveaux sports. En 1969, ma mère et mon père ont lancé un club d’athlétisme pour les filles. Ma mère, enseignante, voulait que les filles soient sur les pistes de courses, mais elle n’a essuyé que des refus.
Du coup, elle a créé son club. J’avais 8 ans. On a passé nos étés avec mes frères et ma sœur à y jouer, à regarder les autres s’entraîner et s’améliorer. Sans ce club, je suis sûr que je ne serai pas là aujourd’hui.»
Aujourd’hui, vous courez toujours ? «Quand on me reconnaît dans une gare, on me demande si je peux battre le
train ! J’ai couru pendant 18 ans. Maintenant, je ne cours plus. Entre nous, je n’aime pas courir… plus de 200 mètres. Mais à 62 ans, je fais beaucoup de vélo, je fais des exercices. Mais l’âge, mon Dieu, quel challenge ! Je cours tellement lentement quand je fais de la distance. C’est comme un guépard… à trois jambes.»
Une synthèse de H. Hichem