Une mauvaise programmation pour accueillir la nouvelle équipe de la FAF ?

Violence dans le football

,Ils avaient osé programmer la rencontre MC Alger – ES Sétif à Dar el Beïda, au stade Omar Benrabah, qui ne pouvait contenir à peine 7.000 places, alors que le MCA, à lui seul, aurait bénéficié de 7.000 billets dès jeudi en l’espace de quelques minutes au stade Omar-Hamadi de Bologhine (l’ESS n’aurait eu droit qu’à 500 tickets).

Osons nous interroger, les responsables de cette programmation pouvaient-ils ignorer ce qui pourrait se produire à la sortie du stade de Dar el Beïda, ce vendredi 6 octobre 2023 avec une rencontre dont le club MCA, à lui occuperait à l’aise toutes les tribunes ?

Des supporters de l’ESS dès l’aube à Dar el Beïda
Des témoins rapportent et confirmés par un média que les supporters de l’ESS sont notamment arrivés dans la ville vers les coups de 8h du matin, dont certains étaient arrivés à l’aube, chantant haut et fort avec l’utilisation de fumières et explosifs dans les rues de la ville, ces supporters n’ont pas arrêté ces festivités et ont continué le boucan jusqu’au début du match vers les coups de 16h. Les fans de Sétif ont bien entendu été rejoints très tôt durant la matinée par les fidèles du MCA. Des bagarres entre les deux camps ont éclaté et les deux se sont, par moment, pris à la population locale, interrompant un enterrement qui avait lieu dans le quartier, et dérangeant même pour la prière du vendredi dans la mosquée, pas très loin du stade. A noter que des actes de violence ont éclaté et il fallait l’intervention des forces de l’ordre appelées en renfort pour disperser les supporters qui ont pris d’assaut la plupart des quartiers et commerces. Cette situation a fait réagir une nouvelle fois les habitants de la commune qui ont sollicité les autorités locales pour que de telles rencontres ne soient plus programmées dans ce stade.

Les commerces n’ont pas été épargnés
Qui mieux que la Ligue de football professionnel pour connaître les risques de telles rencontres ? Vous avez des actes qui sont de plus en plus violents et cette violence est aussi présente dans le football de façon récurrente, les habitants de cette ville ne s’attendaient pas à une telle ampleur.

Des débordements violents s’attaquant même aux commerces
Un jeune s’abritant dans une cage d’escalier, nous déclare : «Il n’y a pas besoin de nouvelles lois, de nouveaux outils, on a toutes les caméras pour les identifier et les clubs sont volontaires pour se mobiliser dans la lutte contre ce phénomène, et il est temps que judiciairement, des interdictions de stades doivent être votées contre ces hooligans et je peux vous garantir qu’elles seront prononcées à leurs égards, je n’ai aucun doute là-dessus».

Des impressions à chaud
Un cadre, rencontré sur les lieux, nous dira : «Nous avons l’impression que tout cela est bien orchestré et que cela ne pouvait être qu’une manière de souhaiter la bienvenu à la nouvelle équipe de Walid Sadi». La seconde question qui bouillonne dans les esprits des sportifs, commerçants et habitants de cette paisible ville, est de savoir pourquoi la LFP persiste à programmer des rencontres dans ce petit stade, alors que le week-end passé, il y avait un risque de violence en programmant le match phare MCA -MCEB, qui s’est achevé fort heureusement sans incident…

C’est une organisation
silencieuse
Le Directeur général du CS Constantine, n’a-t-il pas, lors de la présentation du bilan de Lyamine Boygherara qui a été «limoge», dénoncé ce phénomène en allant jusqu’à parler d’une organisation silencieuse qui n’a pas de nom qui s’attaque au football national ? Une organisation, dira-t-il, à qui il manque un agrément. Cette violence qui se manifeste par des rixes entre bandes rivales de supporters qui prend le même train que le départ de la nouvelle saison risque de de gagner d’autres régions du pays si des dispositions draconiennes ne sont pas prises.

Paroles de présidents de clubs
Le président du Doyen, Hakim Hadj Redjem, avait prédit que la rencontre allait virer au cauchemar. Il craignait que le même scénario allait être revu et non corrigé que celui vécu par des supporters, en l’occurrence l’enfer du samedi dernier avec les fortes chaleurs et l’absence d’eau pour étancher leur soif. Le bosse du Mouloudia dira «Nous regrettons vivement que les supporters aient suivi la rencontre MCA – MCEB dans des conditions difficiles ». Hakim Hadj Redjem reconnaît que les supporters n’ont pas été mis dans les meilleures conditions lors de cette affiche contre le MCEB. Un autre cadre du MCEB fera la même réflexion, mais sous un autre angle plus sportif «nous n’avons pas le droit de penser qu’à nos supporters, mais à tous les supporters de toutes les équipes. Ils ont droit à des conditions meilleures partout, dans tous les stades, ce sont nos enfants qu’il va falloir extraire et protéger des actes de violences pour leur permettre de ne pas s’exciter et exploser à la fin de chaque rencontre».

Le point de vue d’un universitaire
Said Ziane, professeur d’université, psychopédagogue université Alger 2, dans une contribution à l’analyse la violence dans les stades de football en Algérie, a tenté, en 2008, de cerner les facteurs qui contribuent à la survenue de la violence dans les stades de football. «L’enquête a porté sur 100 supporters, d’une équipe de la première division et la passation du questionnaire a été effectuée durant les le mois de février et mars de l’année 2008. L’enquête révèle que les supporters sont fragilisés sur de nombreux aspects. Ils appartiennent à la tranche d’âge des 14-27 ans et se distinguent par un niveau d’instruction élémentaire. Sur le plan psychosociologique, ils se caractérisent par le fait qu’ils appartiennent à des groupes organisés, aux comportements violents. Les résultats obtenus confirment des éléments mis en avant dans d’autres recherches relatives à l’hooliganisme, notamment celles mettant en avant la thèse d’un déterminisme social entraînant des actes de violences. La connaissance des caractéristiques des supporters violents permettra aux responsables et à la fédération de football une meilleure visibilité des stratégies à adopter pour prendre en charge la violence des supporters dans les stades en Algérie.

En résumé
N’est-il pas urgent de lancer une importante concertation sur le comment éradiquer ce phénomène, en associant toutes les parties sans exclusion. L’espoir est permis avec la nouvelle FAF qui s’est enrichie d’un nouveau vocabulaire, celui de l’optimisme et de la modernisation dans le football. Alors, pas de temps à perdre, ce phénomène doit figurer dans le canevas des actions urgentes à mener pour éviter à ce que les autres chantiers ne fassent du sur place.
H. Hichem