L’offensive du Hamas fait bondir le pétrole de 4%

La géopolitique vient à nouveau au secours du marché pétrolier

L’attaque surprise du Hamas contre Israël et la riposte de l’entité sioniste sur la bande de Ghaza ont fait grimper les prix du pétrole de plus de 3 dollars. Un baril de Brent s’échangeait, hier matin, à plus de 87 dollars, effaçant ainsi les pertes d’une semaine.

Ils ont bondi de 4% et pourraient connaître de nouveaux sommets dans les jours à venir en raison des risques de perturbation de l’approvisionnement du marché mondial en la matière depuis cette région stratégique. Le pétrole n’est pas le seul à profiter de cette situation, l’or, valeur refuge a, également, saisi la montée de l’aversion des investisseurs au risque pour consolider ses gains, faisant craindre le pire sur le marché des matières premières. Cette situation fait craindre une déroute financière avec une inflation galopante et une hausse interminable des taux d’intérêt, ce qui pourrait affecter les prévisions et les résultats financiers des entreprises qui s’apprêtent à publier leur bilan à l’approche de la fin de l’année financière 2023.
L’offensive spectaculaire du Hamas, lancée il y a trois jours sur Israël, pourrait remettre les compteurs à zéro. L’or et le pétrole ont remonté en flèche. La hausse des cours de l’or noir devrait se poursuivre selon Goldman Sachs qui table sur un «Brent 100 dollars d’ici juin 2024», notant que cette crise au Proche-Orient réduirait les probabilités, entre autres, d’une augmentation de la production pétrolière saoudienne après des mois de baisses consécutives de ses extractions pour soutenir les prix du pétrole. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a appelé la semaine dernière au maintien de cette stratégie jusqu’à la fin de l’année 2023 et table dans son rapport mensuel publié, hier, sur une reprise de la demande mondiale de pétrole qui devrait atteindre 116 Mbj d’ici 2045. Pour le secrétaire général de l’Opep, Haitham Al Gahais, il n’y aura pas de répit dans la demande de pétrole et la hausse de la demande devrait se poursuivre d’ici 2045. Malgré l’incertitude et les craintes sur la demande en raison du repli de l’activité industrielle dans plusieurs pays développés, affectant la valeur de l’or noir, l’Opep maintient ses prévisions de la demande à la hausse pour la décennie à venir. La nouvelle montée des tensions redoutée au Proche-Orient risque de perturber l’approvisionnement en pétrole depuis la région.
«Ce qui est très déterminant pour les marchés est de savoir si le conflit reste contenu ou s’étend à d’autres régions, en particulier à l’Arabie saoudite», selon les analystes chez Australia and New Zealand Banking Group Limited (ANZ), Brian Martin et Daniel Hynes cités par le site spécialisé, leprixdubaril.com.
Selon eux, les cours du pétrole sont déjà élevés avant le déclenchement de cette attaque, conséquence directe des baisses supplémentaires et volontaires depuis le mois de juin passé des quotas de production de l’Arabie saoudite et de la Russie.
Les analystes financiers et les économistes craignent une hausse inattendue, à l’approche de l’hiver, des prix de l’énergie, et par conséquent un retour en force de l’inflation qui s’est déjà enracinée dans l’économie depuis 2022. Les entreprises économiques, notamment, industrielles occidentales ne pourraient supporter une nouvelle flambée des cours de l’or noir et des prix de l’énergie, ce qui a affecté la reconstruction de leurs marges ainsi que leur plan d’investissement. En tout état de cause, la hausse des cours du pétrole soutient l’activité économique des pays producteurs d’hydrocarbures. La semaine dernière, lors de la réunion technique du groupe, le ministère saoudien de l’Énergie a confirmé la poursuite de cette mesure jusqu’à fin 2023.

14.000 milliards de dollars d’investissement pour combler la demande
L’Opep table sur une hausse des cours de l’or noir, affirmant que «la demande avait le potentiel d’être encore plus élevée». La fin du pétrole n’est pas pour demain. «Ce qui est clair, c’est que le monde continuera à avoir besoin de davantage d’énergie dans les décennies à venir», a-t-il indiqué dans le rapport de l’Opep, expliquant que «la demande ne pourra être comblée qu’au prix d’investissements pétroliers d’ici 2045, estimés à 14.000 milliards de dollars – environ 610 milliards de dollars en moyenne par an».
«Il est vital que ceux-ci soient réalisés, c’est bénéfique à la fois pour les producteurs et les consommateurs», a-t-il averti, mettant en garde contre l’impact négatif de l’arrêt de financement des projets d’investissement dans le secteur des hydrocarbures par les gouvernements occidentaux.
«Les appels à arrêter les investissements dans de nouveaux projets sont malavisés et pourraient conduire au chaos énergétique et économique», a-t-il mis en garde pour la énième fois, soulignant l’impact sur la lutte contre le changement climatique et la neutralité carbone.
L’Opep qui tente de stabiliser le marché pétrolier adopte, selon son rapport, «une approche réaliste de la demande énergétique car il n’existe pas de solution unique pour répondre à la croissance mondiale des besoins en énergie», affirmant que le cartel prône l’utilisation des technologies pour soutenir la politique de décarbonations estimant que «des solutions sont prônées par les pétroliers mais qui sont encore loin de la maturité».
Samira Takharboucht