2,7 millions de barils par jour de moins en 2024, annonce l’Opep+

Le pétrole se fait de plus en plus rare sur le marché mondial

L’Opep+ est déjà passé à l’action en annonçant une nouvelle diminution de ses volumes de livraisons de pétrole prévue pour l’année 2024, ils seront à l’ordre de 2,7 millions de barils par jour au premier trimestre de l’année prochaine, de quoi rendre les prix sur le marché mondial en ébullition. Une stratégie bien réfléchie, une décision entièrement élaborée et une perspective parfaitement déterminée en coordination entre les pays de l’Opep+, dont l’objectif principal est de stabiliser les prix de pétrole en 2024 dans une conjoncture géopolitique mondiale incertaine.

C’est décidé et c’est même annoncé officiellement, hier, par Alexandre Novak, premier ministre russe, lors d’une déclaration faite sur la télévision publique russe, « les pays de l’Opep+ ont décidé de réduire leurs livraisons de pétrole de 2,7 millions de barils par jour (bpj) au premier trimestre 2024, dont un million de barils par jour reviendra à l’Arabie saoudite, 500.000 à la Russie, 211.000 pour l’Irak, 163.000 pour les Émirats arabes unis, 135.000 pour le Koweït, 82.000 pour le Kazakhstan, 52.000 pour l’Algérie et enfin 42.000 pour Oman », annonce-t-il.
Selon le premier ministre russe, « des décisions supplémentaires ont été prises par certains pays de l’Opep+ sur des diminutions volontaires de livraisons et d’extraction de brut d’un montant de plus de 2 millions de barils par jour, ce qui va contribuer pleinement au maintien de la stabilisation des prix sur le marché mondial », a précisé Alexandre Novak.
A son tour et membre de l’Opep+, l’Algérie et par la voix de son ministère de l’Énergie et des Mines a annoncé « une réduction volontaire supplémentaire de 52.000 barils/jour, à compter du 1er janvier 2024 jusqu’à fin mars prochain, dans le cadre des efforts visant à soutenir la stabilité du marché en coordination avec les pays membres du groupe Opep+ », lit-on dans un communiqué rendu public, avant-hier jeudi, par le ministère de l’Énergie et des Mines.
La production de l’Algérie passera désormais à 908.000 barils/jour durant le premier trimestre de l’année 2024, selon le département ministériel qui a souligné que ces quantités supplémentaires de réduction « seront progressivement rétablies en fonction de la situation du marché ». « Cette décision s’ajoute à la précédente réduction volontaire de 48.000 barils/jour, annoncée par l’Algérie en avril 2023, en vigueur jusqu’à fin décembre 2024 », rappelle le ministère à travers son bulletin d’information. Cette réduction volontaire supplémentaire s’inscrit dans le cadre « du renforcement des efforts de précaution déployés par l’Opep+ en vue de soutenir la stabilité et l’équilibre des marchés pétroliers », selon la même source.

Le grand engagement de l’Opep+
Alors que la précédente réduction arrive à son terme en décembre prochain, les pays de l’Opep+, réunis avant-hier par la technique de la visioconférence, parmi-eux le représentant de l’Algérie, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, ont estimé, décidé et adopté à la fois une nouvelle reconduction des volumes de livraison du pétrole sur le marché mondial prévue pour le début de l’année 2024. Les raisons de cette nouvelle diminution sont nombreuses, évaluent les ministres des pays de l’Opep+.
Ainsi, les pays de l’Opep+ se sont accordés, lors de leur 36e réunion ministérielle, tenue avant-hier par visioconférence, à poursuivre la série de diminution de la production pétrolière jusqu’à fin décembre 2024, conformément aux niveaux convenus en juin 2023, afin de soutenir les prix de l’or noir sur le marché. Représentant l’Algérie lors de cette réunion, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, et aux côtés de ses homologues des pays membres de cette organisation, a articulé que « la conjoncture économique mondiale demeure incertaine quant à son évolution à court terme, notamment en raison d’une croissance atone dans les pays industrialisés, une inflation encore élevée ainsi qu’un rebond modéré de la croissance économique dans de nombreux pays émergents », a rapporté avant-hier un communiqué du ministère de l’Energie et des Mines.
« Même si la demande mondiale de pétrole se maintient pour le moment à des niveaux relativement appréciables grâce à l’essor du secteur des transports et de la pétrochimie, les incertitudes qui pèsent sur la croissance économique de nombreuses régions sont de nature à contenir son accroissement au cours des prochains mois », ont évalué les ministres chargés du pétrole des pays de l’Opep+.
Au terme des discussions, il est apparu de manière évidente que les décisions prises, collectivement et individuellement volontaire, pour ajuster la production des pays de l’Opep+ au cours de cette année, « ont été bénéfiques et ont démontré leur efficacité pour atteindre l’équilibre et la stabilité du marché », estiment les représentants des pays de l’Opep+. Ainsi, « les 23 pays de l’Opep+ ont décidé de réaffirmer leurs engagements de réduction de leur production pour l’ensemble de l’année 2024, conformément aux niveaux convenus lors de la 35e réunion ministérielle du 4 juin 2023 », a rapporté, de son côté, le ministère de l’Energie et des Mines dans son communiqué datant d’avant-hier.
« De manière préventive et en coordination avec plusieurs membres de l’Opep+, l’Algérie a décidé de procéder à une réduction volontaire et additionnelle de sa production de pétrole brut de 52.000 b/j entre le 1er janvier et le 31 mars 2024, portant ainsi son offre à 908.000 b/j au cours de cette période », précise le communiqué du ministère.

Brésil, l’invité stratégique de l’Opep+
Lors de la 36e réunion ministérielle, tenue avant-hier 30 novembre par visioconférence, les pays de l’Opep+ ont convié le Brésil à rejoindre leur alliance qui, aujourd’hui, est composée de treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l’Arabie Saoudite, et de dix partenaires menés par la Russie, c’est ce qu’a annoncé le cartel, avant-hier, dans un communiqué final à l’issue de la réunion.
Une invitation stratégique. Selon ledit communiqué, le Brésil « rejoindra la Charte de coopération OPEP+ à partir de janvier 2024». Le ministre brésilien de l’Énergie, Alexandre Silveira, qui était présent à cette réunion, a souligné l’importance de ce moment pour le Brésil. « C’est un moment historique pour le Brésil, qui ouvre un nouveau chapitre du dialogue et de la coopération internationale sur l’énergie », a-t-il salué lors de la rencontre. Bien que le ministre Silveira ait exprimé son désir de rejoindre ce groupe et de travailler avec ses 23 membres, le ministère de l’Énergie a déclaré dans un communiqué que le ministre « analysait la question ».
L’arrivée du Brésil au sein de l’Opep+ va donner une autre dimension, beaucoup plus forte sur les plans géopolitique et géostratégique, pour l’alliance. Fondée en 1960, l’Opep a élargi son influence en 2016 en formant l’alliance Opep+ avec dix autres pays, dont la Russie, dans le but de soutenir les prix du marché face aux défis posés par la concurrence américaine.
Le Brésil est le plus important producteur d’Amérique latine. Avec une production de brut atteignant 3,7 millions de barils par jour en septembre, il a enregistré une augmentation impressionnante de près de 17% en un an, atteignant ainsi un niveau record, selon les données du groupe Argus. Si le Brésil décide de rallier l’Opep+, cela va donner un élan pour la rente pétrolière des pays membres et, sans aucun doute, va permettre une totale domination de cette alliance sur le marché mondial.
Contrôler les prix de l’or noir c’est sécuriser l’avenir. En ce qui nous concerne, nous en Algérie, la stratégie de l’État est d’arriver à un prix du pétrole stable et acceptable pour tout le monde.
Premier pays à avoir réussi à nationaliser son industrie d’hydrocarbures le 24 février 1971 et devenant un membre de l’organisation de l’Opep en 1969, l’Algérie joue un rôle essentiel et reste un membre important et stratégique de l’Opep+.
En diversifiant sa production énergétique, en découvrant de nouveaux gisements de gaz et de pétrole, en exploitant diverses ressources énergétiques et minières, en lançant de grands usines de fabrication du gaz naturel liquéfié (GNL), de fer, de l’hydrogène vert, bleu et blanc, et en allant vers la production des nouvelles énergies et les énergies renouvelables et solaires, l’Algérie va droit au but pour devenir un grand et immense pays producteur de l’énergie, de l’énergie renouvelables et solaires dans le monde.
Sofiane Abi