Bouchekriou s’en va, Farouk Dehili arrive

Sélection nationale de handball

La Fédération algérienne de handball désigne l’Algérien Farouk Dehili (50 ans), sélectionneur national senior hommes, le 39e depuis l’indépendance, et ce, en remplacement de Salah Bouchekriou, qui a été démis de ses fonctions.

Sa mission : préparer la coupe d’Afrique des nations, prévue du 17 au 27 janvier en Egypte où les «Verts» évolueront dans le groupe C, en compagnie du Maroc, du Gabon et de la Libye. Pour rappel, l’équipe sacrée en Egypte se qualifie directement aux Jeux olympiques JO-2024 de Paris, alors que le finaliste disputera un tournoi qualificatif en mars prochain. Les cinq premiers de la CAN-2024 représenteront le continent africain au mondial 2025 prévu en Croatie, Danemark et Norvège.
Dans une interview accordée au journal «La Gazette du fennec» Daoud Amirouche, ancien gardien de la sélection en ses années glorieuses, dressa un état des lieux de cette discipline avec un œil d’aguerri.

Des regrets, des déceptions
et des leçons pour l’avenir
D’abord, il évoque le train de vie sportif de cette équipe nationale qui a «livré un Mondial très compliqué (6 défaites et 1 victoire) en terminant à l’avant-dernière place». Pour lui, cette fourchette du classement était attendue, et ce, au regard de plusieurs paramètres. D’abord, il regrette l’installation de Bendjemil par le ministère de la Jeunesse et des Sports à la tête d’un directoire, certes un grand joueur, mais il lui manquait cette touche d’expérience dans la gestion. « Depuis l’installation du directoire au mois d’octobre, les échecs se sont succédé avec les U18, U20, les seniors dames sans oublier cette humiliation des seniors garçons aux Jeux Méditerranéens-2022 d’Oran ainsi que cette 5e place au Championnat d’Afrique 2022. Pour ce qui est du Mondial, je n’ai pas vu l’homogénéité et la grinta qui caractérisent le handball algérien», devait-il-décrire.

La formation, la clé de la réussite
Un point désole tout le monde, en l’occurrence celui de la coupe du Monde qui est « passé sous silence » en n’oubliant pas de compléter son constat par celui du bilan qui n’honore pas la discipline en terminant à l’avant-dernière place. «La sélection va très mal depuis plusieurs années maintenant. Même des équipes de seconde catégorie comme le Gabon et la RD Congo nous posent des problèmes». Les causes ? Il les explique : «On n’a plus de grands joueurs. On ne forme plus en Algérie. Et même si on ramène les meilleurs entraîneurs, ils vont être confrontés aux mêmes difficultés et il n’aura pas l’embarras du choix». Un motif qui découle de l’absence de formation en Algérie. Plus loin, «il estime que le défilé des entraîneurs souvent inconnus au moment où les grandes équipes recrutent d’ex-internationaux et diplômés. Et c’est eux qui sont les mieux placés pour transmettre le savoir s’agissant de la discipline».

Le hand exige du professionnalisme
Évoquant le passage de « L’entraîneur Rabah Gherbi, à la tête des Verts, celui dira qu’il a repris la sélection dans une passe très compliquée avec une Fédération à la dérive et en proie à des scandales et des problèmes de gestion ». Pour cet ex international, la réussite d’une équipe nationale passe obligatoirement par «Un sélectionneur chevronné, en plus celui qui a travaillé dans de grands clubs Ce n’est pas facile de gérer un groupe de handballeurs de haut niveau. La grande erreur qu’il a faite c’est qu’il a travaillé tout seul. Je pense qu’il aurait dû composer un staff d’anciens joueurs pour l’épauler dans sa mission et essayer de trouver des solutions».

Un étranger n’apportera pas de solutions…
Sur un autre chapitre, Daoud, est formel : «ce n’est certainement pas un étranger qui nous donnera des solutions ». Il faut des professionnels qui connaissent la mentalité algérienne et le niveau du sport dans notre pays. Je persiste et signe que ce n’est pas un étranger qui nous donnera des solutions ».

Des leçons à tirer
Dans cet entretien, il regrette que le pays «depuis la qualification de l’équipe nationale aux Jeux olympiques d’Atlanta 1996, à ce jour, l’Algérie n’a plus participé aux Jeux olympiques. Je vous dis ça parce qu’il y a un travail en amont qui doit se faire dans ce sens. Regardez le président de la Fédération tunisienne de handball, à qui je tire chapeau d’ailleurs. Il a obtenu l’organisation de la CAN-2028, qualificative aux JO-2028. Cela veut dire qu’on devra attendre jusqu’à 2032 pour essayer d’organiser une CAN qualificative aux Olympiades. On va potentiellement manquer deux autres JO. Aussi, il y aura des Coupes d’Afrique et des Coupes arabes en Tunisie. Ils ont aussi des U15 et U17 qui préparent les prochains Jeux Méditerranéens. Nous, à ce jour, on n’a pas d’équipe. Et je l’ai tellement crié sur tous les toits qu’ils ont fini par créer des sélections chapeautées par des entraîneurs inconnus au bataillon. »

La prochaine CAN ?
« Avec qui ? Où sont ces jeunes pour rajeunir ? Le problème c’est que les sélections africaines progressent. Je pense au Cap-Vert, la Guinée et aussi le Maroc qui nous a battus au Mondial. Il y a beaucoup de nos internationaux qui vont arrêter car ils dépassent les 32 ans. Même Berkous va faire 34 ans. Heureusement qu’il évolue à l’étranger et on peut encore tirer quelque chose de lui ».

Synthèse de H. Hichem