Les enjeux de la gouvernance du Président Tebboune

A une année de la fin du mandat

Le Président Abdelmadjid
Tebboune a été élu en décembre 2019 dans des conditions très difficiles que nous connaissons bien, en plein soulèvement populaire avec le Hirak et avec un pays déstabilisé au bord de l’effondrement. Les conditions de son élection étaient tout sauf ordinaires. Certaines forces ne voulaient pas de lui et ont voulu saboter son élection en espérant placer à la tête de l’Etat algérien un autre candidat, l’ancien ministre Azzedine Mihoubi, fidèle serviteur des Emirats arabes unis.

La situation était rendue particulièrement explosive par l’alliance objective de l’oligarchie compradore liée aux intérêts étrangers et une opposition irresponsable composée d’aventuriers sans parcours politique ni culture d’Etat. Cette opposition de pacotille, alliance des forces antinationales liée aux intérêts étrangers et à leurs officines réclamait une période de transition qui, dans le contexte actuel, aurait immanquablement conduit l’Algérie à l’effondrement.
Toutes ces forces participaient à la régression, voire à l’anéantissement de la patrie. Nous nous souvenons de ces images aujourd’hui balayées, celles de l’enterrement de celui qui avait négocié les Accords d’Evian, le regretté Redha Malek, où Abdelmadjid Tebboune, alors Premier ministre, était dénigré par les forces extraconstitutionnelles constituées des gangsters en col blanc qui avaient fait main basse sur l’Algérie et qui sont aujourd’hui en prison. De cette séquence où les vautours ricanaient en plein deuil, nous sommes passés par la Covid qui a atteint le Président fraîchement élu, et aujourd’hui, le Président Tebboune a rendu à l’Algérie sa place dans le concert des nations en axant sa présidence sur la préservation de l’Etat national, sur sa stabilité et sur sa souveraineté.
La présidence de Tebboune est marquée par une volonté politique de rupture avec le règne calamiteux du clan Bouteflika. On remarque que le Président a initié bien des nouveautés, dont les rencontres avec la presse, le discours annuel à la nation, l’octroi des allocations de chômage, la réduction de la facture de l’importation et le désir d’une dynamique de production destinée à l’exportation.
En effet, il n’est pas normal que notre économie dépende uniquement des hydrocarbures, et le Président Tebboune demande que des efforts soient faits pour produire et exporter parce qu’un pays qui ne produit pas, notamment sa nourriture, n’est pas maître de son destin. Il faut, pour cela, renforcer le secteur public et exiger du secteur privé qu’il soit producteur de richesses en vue d’exportation pour sortir de la dépendance totale des hydrocarbures et qui s’inscrive dans l’effort national de développement. Par contre, le privé qui pratique la surfacturation, l’évasion fiscale et l’informel doit être combattu sans pitié, car ces gens participent à la destruction du pays.
Un deuxième mandat du Président Tebboune serait donc une manière de concrétiser le canevas de ce qu’il a ébauché, et qui se base sur le caractère social de l’Etat algérien auquel il tient beaucoup et qui est l’émanation de l’appel du 1er Novembre.
On voit par ailleurs le même schéma se produire dans la plupart des pays, puisque Al Sissi vient d’être réélu, que Xi Jinping a été réélu lui aussi, que Vladimir Poutine se représente pour un autre mandat, ainsi que Joe Biden malgré le fait que celui-ci soit dans un état qui ne lui permet pas de se diriger lui-même.
Le contexte géopolitique mondial actuel exige une stabilité à la tête des Etats et n’autorise pas l’aventurisme.
En effet, le monde vit un équilibre très fragile illustré par la guerre en Ukraine et le génocide commis à Ghaza par l’entité sioniste criminelle d’Israël qui agit en toute impunité avec les conséquences que l’on voit actuellement en Mer Rouge, et ces conflits sanglants risquent à tout moment d’embraser la planète en allant vers une guerre totale.
Rappelons que le Président Tebboune s’inscrit dans la tradition qui veut que l’Algérie soit toujours du côté des peuples opprimés et que sous sa présidence, l’Etat algérien a demandé à ce que les dirigeants israéliens criminels soient traduits devant la justice.
De nombreux avocats ont esté l’entité sioniste d’Israël au Tribunal pénal international pour crimes contre l’humanité. Rappelons aussi la position inébranlable de l’Algérie dans son soutien au peuple palestinien puisqu’elle a réuni les différentes factions de la résistance palestinienne à Alger bien avant le 7 octobre 2023. De même, l’Algérie soutient le Front Polisario et la résistance sahraouie contre l’occupation infâme du Maroc.
Sur le plan international, soulignons le fait que le Président Tebboune a été reçu avec honneur par le Président Poutine en juin dernier, lors de sa visite d’Etat en Russie où il était invité au Forum économique de Saint-Pétersbourg, et par le président Xi Jinping en juillet pour une autre visite d’Etat en République Populaire de Chine. Ces deux géants du monde multipolaire ont accueilli l’Algérie comme un partenaire et un allié stratégique et si, par ailleurs, certains ont critiqué le fait que l’Algérie n’avait pas rejoint les BRICS comme espéré, nous leur répondons que l’on a vu des pays endettés et recevant l’aide du FMI rejoindre ces BRICS alors que l’Algérie n’a aucune dette et détenait 85 milliards de dollars de réserves de change fin août 2023 par rapport aux 60.9 milliards fin décembre 2022.
Le Président Tebboune a du reste déclaré que le dossier des BRICS était clos. Et c’est tant mieux, car que pourrait faire l’Algérie dans une organisation hétéroclite sans ligne politique claire où figurent des Etats antagonistes comme la Chine et l’Inde et les Emirats arabes unis qui ne cherchent qu’à nous déstabiliser ou encore l’Argentine désormais livrée à un partisan enragé de l’entité sioniste d’Israël ? L’Algérie doit se consacrer aux relations bilatérales basées sur un partenariat «gagnant-gagnant».

Les intérêts de l’Algérie avant tout
Concernant la souveraineté nationale, un pays sans armée n’est rien, à plus forte raison quand ce pays, comme l’Algérie, présente une superficie de 2,382 millions km² aux richesses innombrables dans un environnement hostile, avec un Maroc agressif aux velléités expansionnistes et larbin de l’entité sioniste d’Israël, avec une Tunisie faible, une Libye instable partagée par des bandes rivales et un Sahel parcouru par les groupes terroristes, et à présent un Mali qui joue les fiers-à-bras actionné par les Emirats, l’entité sioniste, la France et leur vassal marocain. Cette configuration fait de l’Algérie une cible permanente, et le Président Tebboune l’a bien compris.
L’Armée algérienne est la colonne vertébrale du pays et les services de renseignement algériens restent très efficaces bien que ces derniers aient subi des attaques violentes à la fois de la part des cercles anti-nationaux, du néo-colonialisme français et de l’impérialisme US, n’en déplaise aux salonnards de tous bords, partisans acharnés de la «démocratie», des «droits de l’Homme» et de la «liberté d’expression» qui n’existent que dans les contes pour les naïfs ou les hypocrites cyniques. Ghaza a tordu le cou une bonne fois pour toutes à ces fadaises.
Il est aussi à noter que si l’Armée est bien présente et fait son travail de protection, le fait politique en Algérie n’a pas réussi à sortir des oubliettes et est totalement absent de la vie publique.
Il est nécessaire de soutenir notre Armée qui défend seule notre souveraineté nationale en poussant vers une refondation politique. Effectivement, un renouveau politique s’impose avec des partis cohérents et représentatifs organisés sous forme de familles politiques dotées de véritables projets, en même temps qu’une nouvelle dynamique au niveau des associations.
Le peuple algérien doit s’organiser et participer à la vie politique de son pays en
perdant cette mentalité de locataire démissionnaire. Seront bien sûr exclus tous ceux qui ont trahi leur pays et qui ont servi des agendas étrangers, en les frappant d’indignité nationale et d’inéligibilité. Il serait impératif aussi de les déchoir de la nationalité algérienne, puisqu’ils ont fait le choix de servir d’autres intérêts que ceux de l’Algérie.
Sans l’appui d’un peuple, aucun homme politique, si capable soit-il, ne réussira. L’une des missions stratégiques du Président consiste à renforcer l’Etat national, de neutraliser les forces antinationales compradores liées à des intérêts étrangers qui n’ont pas encore été repérées et qui continuent à faire du travail de sape. Quant au peuple, il doit construire avec ses propres mains le pays dans lequel il veut vivre. Staline disait : «On ne peut pas se permettre d’être arriérés sinon les charognards nous dévorerons».
Feu le Président Boumédiène l’avait bien compris puisqu’il a industrialisé le pays, lui qui avait dit qu’il voulait «un Etat qui ne disparaît pas avec la disparition des hommes».
Le Président Tebboune est sur ses traces, comme on le voit avec la mine de Gara Djebilet inaugurée récemment. C’est un exemple qui nous donne l’espoir de voir d’autres réalisations de ce type dans l’optique de l’industrialisation du pays. Notre économie pourrait d’ailleurs s’inspirer de l’industrialisation militaire qui obtient d’excellents résultats et qui est un modèle à suivre.
Il est essentiel également de restaurer ce que la mafia oligarchique a détruit. Pour ce faire, il est impératif que l’entourage du Président soit constitué de conseillers compétents qui maîtrisent les dossiers et qui suivent ce qui se passe dans le monde, et ce ne sont pas les compétences qui manquent en Algérie.
Donner de l’espoir est peut-être l’un des éléments essentiels sur lequel devrait reposer le second mandat du Président
Tebboune, surtout à la jeunesse algérienne. Un pays que la jeunesse fuit est un pays destiné à disparaître.
Il faut donc convaincre la jeunesse à rester en lui donnant l’espoir d’une vie meilleure. Un autre sujet important concerne les Algériens de l’étranger dont l’expérience acquise ailleurs pourrait être très bénéfique, et surtout éviter de les voir comme des citoyens de seconde zone.
Au contraire, une telle immigration pourrait être une mine d’or sur le plan du soft power et du lobbying en Europe ou aux Etats-Unis, etc. en plus de la valeur ajoutée qu’ils apporteraient dans le développement national. Nous sommes tous d’accord pour servir notre pays et l’Algérie a tout à gagner d’avoir une telle immigration. Cette vision pourrait constituer un atout inestimable car un lobby algérien serait incontestablement une plus-value.
Il est évident que les lois contraignantes à l’égard de notre immigration sont une erreur politique.
Rappelons d’où vient le Mouvement national algérien qui est né en France dans le monde ouvrier et la CGT, souvenons-nous de la rencontre d’Abdelkader Hadj Ali et de Ho Chi Minh, de l’Etoile nord-africaine et du PPA-MTLD… toute cette épopée commencée dans le mouvement ouvrier à l’extérieur.
Le soutien critique au Président est plus que vital dans ces moments marqués par l’instabilité régionale. Le fait que le Président Tebboune défende le secteur public et le caractère social de l’Etat algérien consacré par l’Appel du 1er Novembre est un atout majeur, et même s’il y a des manquements, l’erreur est humaine et rien n’est parfait sur cette Terre.