Mettre en relief les dimensions historiques et culturelles de l’identité nationale

Fête de Yennayer

Des chercheurs en histoire et patrimoine amazighs ont souligné, mercredi à Alger, l’importance de célébrer le Nouvel An amazigh «Yennayer» qui offre l’occasion de mettre en relief cette composante essentielle du patrimoine algérien et une dimension importante de l’identité culturelle nationale.

Lors d’une conférence intitulée «Yennayer, lecture dans les dimensions historique et culturelle de l’identité algérienne», organisée au Cercle national de l’Armée à Beni Messous par le Haut-commissariat à l’amazighité (HCA), dans le cadre des célébrations officielles du Nouvel An amazigh 2974, les participants ont appelé à «mettre en relief les différents éléments de la célébration de l’an amazigh, en vue de les transmettre aux prochaines générations et de les conserver en tant que legs commun et symbole dans la mémoire collective».
A cet égard, le chercheur en histoire antique, Mohamed Elhadi Harech a indiqué que «le calendrier amazigh est ancien et profondément enraciné dans l’histoire de l’humanité, étant lié à la terre et à l’agriculture en Afrique du Nord», ajoutant que «la célébration de Yennayer qui coïncide avec le Nouvel An amazigh se veut une pratique sociale qui exprime l’allégresse et la joie pour la réussite de l’opération labours-semailles».
L’enseignant de la pensée contemporaine à l’Université de Batna, Hadj Ahmed Ouhamna Douag a affirmé que « tamazight est une composante essentielle de l’identité algérienne et un patrimoine commun en Afrique du Nord », insistant sur l’importance de la célébration du Nouvel An amazigh «Yannayer», un legs qu’il faut «transmettre aux prochaines générations avec ses valeurs culturelles et son patrimoine immatériel représentant les us et coutumes».
Pour lui, tamazight «est un réceptacle culturel et historique et un élément rassembleur de l’identité et de la nation algérienne aux côtés de l’Islam et de la langue arabe», soulignant que la célébration de Yennayer vise à «rétablir des valeurs ancrées dont la consolidation des relations sociales, le renforcement des liens entre les gens et le sentiment de fierté et l’attachement aux us et coutumes séculaires, en devenant un rendez-vous annuel consacrant l’identité culturelle nationale».
Au Cercle national de l’Armée à Beni Messous, le programme officiel du HCA pour la célébration du Nouvel An amazigh (Yennayer 2024/2974), correspondant au 12 janvier, a été ouvert sous le slogan «Yennayer, trésor culturel authentique et un élément rassembleur pour le développement durable».

Rencontre sur la profondeur historique, anthropologique et sociale de Yennayer
Une rencontre sur la profondeur historique, anthropologique et sociale de Yennayer et son rapport avec le développement durable, a été animée mercredi à Alger, par des chercheurs et universitaires.
Accueillie à la bibliothèque du Palais de la Culture Moufdi-Zakaria sous le thème de «Yennayer, un des fondements de l’identité nationale», la rencontre a été animée par, l’enseignant chercheur à l’université Alger 2, Mohamed El Hadi Harèche, l’archéologue et chercheur dans le patrimoine amazigh, Hamid Bilek, et l’enseignant chercheur à l’université de Sétif, Mahfoud Khaled.
La rencontre a d’abord sollicité le savoir et les connaissances du professeur Mohamed El Hadi Harèche qui a développé sur, «Yennayer : le calendrier agraire amazigh», rappelant «la singularité du système de division du temps dans le calendrier amazigh, basé sur le rapport avec le travail de la terre», qu’il a comparé à d’autres modèles de calendriers antiques.
«Yennayer : la préservation du patrimoine et le développement durable», thème choisi par l’archéologue et chercheur Hamid Bilek qui, après avoir rappelé les «méthodes de déculturation» utilisées par la colonisation, a souligné la nécessité d’impliquer «des plumes expertes et académiciennes» algériennes dans l’écriture de l’histoire.
Hamid Bilek a ensuite appelé à l’«actualisation de Yennayer, en adaptant, entre autre, les rites anciens qui accompagnaient, jusque-là, les joies de cette fête algérienne du Nouvel An amazigh à des formes de célébrations plus contemporaines et en rapport avec des situations de la vie actuelle, citant pour cela l’exemple du trépied qu’on changeait à chaque fête de Yennayer, un rite qui pourrait être remplacé par la vérification et le contrôle de toutes les conduites de gaz afin d’éviter la fatalité des accidents domestiques provoqués par monoxyde de carbone.
L’enseignant chercheur, Mahfoud Khaled est, quant à lui, intervenu pour évoquer les «anciens penseurs amazighs» à l’époque de la colonisation romaine et qui ont «contribué au progrès de l’humanité».
La Bibliothèque du Palais de la Culture Moufdi-Zakaria a tracé, du 10 au 13 janvier, un programme varié de célébration de «Yennayer 2974», comprenant notamment, des conférences, une exposition de produits locaux et industries artisanales, de contes, de déclamation de poésies et de chants, ainsi qu’une pièce de théâtre pour enfants.
R.C