Accords d’aide financière «au cas par cas»

L’Etat ne veut plus garder sous perfusions des entreprises publiques déficitaires

Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, a reconnu, avant-hier, lors d’une visite de travail effectuée dans la wilaya de Tipasa, que «le mode d’organisation actuel de certaines entreprises et leur méthode de travail ne leur permettent pas de répondre aux besoins du marché, ni de faire face aux difficultés».

Ces entreprises bénéficient, pourtant, annuellement de l’aide de l’Etat qui promet, toutefois, de continuer à les aider, malgré leurs résultats négatifs, mais sous certaines conditions. En plus des mesures antérieures prises par l’Etat pour soutenir ces entreprises, d’autres mesures nécessaires seront prises, mais cette aide se fera «au cas par cas et selon les spécificités de l’activité de chaque entreprise», a précisé le ministre.
L’examen et l’évaluation de la situation financière des entreprises économiques publiques ou des complexes industriels se poursuivaient afin de pouvoir apporter la solution adéquate à leurs problèmes récurrents qui entravent leur développement, affectant la croissance économique nationale.
Le soutien de l’Etat à ces entreprises se fera désormais selon les spécificités de chacune d’entre elles.
L’accompagnement financier de ces entreprises, autrefois fleurons de l’économie nationale qui croulent aujourd’hui sous les déficits, a été conditionné par les autorités, par la modernisation de leur mode de gestion et de gouvernance. L’Etat refuse de reproduire les erreurs des années passées marquées par des dysfonctionnements importants et une mauvaise gestion qui a coûté cher au Trésor public. Des dizaines d’entreprises publiques tirent la langue ces dernières années et peinent à se redresser, cumulant des résultats déficitaires, alors qu’elles sont censées générer des bénéfices aux caisses de l’Etat, à leur tour devenues déficitaires. L’Algérie vise dans sa nouvelle vision stratégique sur la relance de son économie misant sur l’investissement, mais aussi sur l’ensemble de ses entreprises, publiques et privées. Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique ne cesse de répéter aux investisseurs et entrepreneurs algériens d’améliorer leur mode de gestion et d’améliorer leur productivité et performance. La mauvaise gouvernance des entreprises publiques par le passé est vue aujourd’hui comme une maladie qui n’a pas cessé de se métastaser. Le Gouvernement, actuellement, tente de traiter l’origine de cette maladie et d’apporter des solutions adéquates et qui répondent aux objectifs de l’Etat. Ce dernier s’est engagé depuis plus de trois ans à adapter les méthodes de soutien aux entreprises ou complexes industriels afin de les réanimer et qu’ils puissent rivaliser et défendre l’économie nationale.

Des entreprises budgétivores
La Cour des comptes a critiqué en 2023 la mauvaise gestion ainsi que la performance économique de certaines entreprises publiques qualifiant leurs rendements de maigres comparés aux sommes dépensées par l’Etat pour soutenir leurs activités. Malheureusement, certaines entreprises publiques sont déficitaires de façons chroniques bien qu’elles bénéficient de nombreux avantages et subventions publiques, d’où l’urgence de la réforme et restructuration en profondeur de ces entreprises. Pour sauver ces entreprises, des décisions rigoureuses et audacieuses devraient être prises. C’est ce qu’a laissé entendre M. Aoun en assurant que l’aide de l’Etat destinées aux entreprises publiques se fera «au cas par cas selon les spécificités de l’activité de l’entreprise».
Il a cité un exemple d’entreprise, avec le soutien de l’Etat et l’amélioration de son mode de gestion, réussirait à se redresser grâce à la mise en valeur entre autres de son potentiel humain. Il s’agit du Groupe public de construction et de réparation navale ‘’Ecorep’’ de Bouharoun, qui «a réussi son redressement après d’immenses difficultés financières auxquelles il a été confronté ces dernières années, grâce au plan de relance efficace élaboré par ses gestionnaires», a-t-il souligné, réaffirmant le soutien continu de l’Etat à ce groupe qui «dispose de grandes capacités». Il a appelé ses responsables à redoubler d’efforts, car «ses produits sont bien positionnés sur le marché local».

L’Etat cherche des bénéfices à la hauteur de ses engagements
Le ministre promet de poursuivre ses efforts en vue de relancer le tissu industriel national afin de créer de la richesse (recettes), de la devise (exportation) et des emplois. L’Etat refuse ainsi de garder sous perfusion toutes les entreprises publiques en difficultés et insiste sur l’impératif de moderniser leurs modes de gestion et de redoubler d’efforts afin de se remettre sur pied sous peine de disparaître et de déposer leur bilan… dans le pire des cas.
L’Etat cherche des résultats positifs à la hauteur de ses engagements. D’importantes aides directes et indirectes ont été accordées (assouplissement fiscal, avantages financiers…), ces dernières années, aux entreprises publiques déficitaires. Ces entreprises pourraient, également, chercher des partenaires nationaux ou étrangers pour trouver des financements et poursuivre leurs projets d’investissement. Pour rappel, l’avant-projet de loi relative au partenariat public privé a été examiné au début de l’année par le Gouvernement.
Samira Takharboucht