La seule chose qui reste de notre maison détruite, c’est la clé

Ghaza

La journaliste Mariam Abu Duqqa évoque sa maison de Ghaza, détruite par les Israéliens. Avec sa famille, elle vivait dans une maison de trois étages avec six appartements accueillant de nombreux membres de sa famille, des proches et des voisins.Tout n’est plus que décombres et gravats. Mme Abu Daqqa continue de rendre compte du chaos qui règne à Gaza, bien que plus de 120 de ses collègues aient été pris pour cible et tués depuis le 7 octobre, le plus grand crime de l’histoire de l’humanité. «Cette petite clé que j’ai dans la main, c’était la clé de chez moi», dit-elle à la caméra, encore sous le choc. «C’est ce qui reste de notre maison, la clé d’une maison qui n’existe plus», se désole-t-elle d’un air absent. «Notre maison était visée depuis longtemps, et a finalement été frappée et démolie», dit-elle en retraçant les étapes du moment où elle s’est effondrée et comment ils s’en sont sortis. «Notre maison se trouvait dans un bâtiment de trois étages, avec six appartements, nos réserves au sous-sol où nous gardions le reste de nos affaires, des meubles anciens, des tables, des chaises, du bric-à-brac et d’autres objets dont nous pensions que nous pourrions avoir besoin un jour. Tout est trop tard, maintenant.
Il ne reste plus rien, nous avons été bombardés, tout a été détruit, s’est volatilisé. Tout ce qui reste, c’est cette clé, la clé des souvenirs, de l’enfance, de la maison de famille, de nos rires oubliés et de nos moments de bonheur», raconte Mariam rêveuse. «Depuis le jour où j’ai vu notre maison détruite, je n’ai cessé de penser, tous les jours, à la façon dont nous allions vivre après la guerre, à l’endroit où nous allions vivre, ici ou ailleurs, à quel endroit, dans quel quartier de la ville…
Des pensées idiotes mais bien réelles, car tout ce qui nous appartenait est détruit, les appartements ont disparu et ce qui tenait encore debout n’est plus qu’un tas de débris et un champ de ruines. Je ne pense même pas que nous puissions trouver une maison à louer. Y penser est pénible et douloureux, mon esprit est habité par un effrayant personnage qui hurle dans un coin de ma tête.
Qui va reconstruire nos maisons et toutes les autres ? Je me dis qu’il faudra travailler dur pour gagner de quoi reconstruire notre maison, mais que feront les autres ? La grande majorité des habitants de Gaza a quitté sa maison à la hâte, juste avec la clé…».n