Le 7ème Sommet du GECF, plus qu’une simple rencontre !

Les priorités sont claires dès le 1er jour

C’est le jour J : l’Algérie accueille aujourd’hui 29 février 2024, la 7ème édition du Sommet du Forum des pays exportateurs du gaz (FPEG) ou GECF en anglais, qui rassemblera les 12 membres du Groupe (l’Algérie, la Bolivie, l’Égypte, la Guinée équatoriale, l’Iran, la Libye, le Nigeria, le Qatar, les Emirats Arabes Unis (EAU), la Russie, Trinité-et-Tobago et le Venezuela) en vue d’examiner les changements intervenus, ces deux dernières années, sur le marché gazier qui ont affecté négativement les prix du gaz et tenter, à l’occasion, de mettre en œuvre des actions communes bénéfiques pour gérer l’instabilité des prix.  La coopération et les intérêts communs du Groupe sont au menu des discussions et des débats. Le Sommet se déroulera sur trois jours et devrait s’achever samedi sur un «accord commun inédit».
A l’occasion, le cartel devrait se montrer plus «solidaire et uni» pour faire face aux défis actuels et futurs. Surprendre le monde avec la mise en place de mécanismes d’entente ou de coopération communs afin de pouvoir enfin faire du GECF une force de régulation de ce marché et avoir un rôle similaire à celui de l’Organisation des pays producteurs du pétrole (Opep) qui exerce une véritable influence sur le marché pétrolier. C’est peut-être l’occasion de déterrer l’idée de création de «l’Opep du gaz». Une idée qui contrarierait encore les pays consommateurs du gaz, notamment, les Européens.

Au nom de l’intérêt
commun du Forum
Cependant, pour relancer l’idée de création d’une «Opep du gaz», il faudrait, tout d’abord, s’entendre sur la mise en place de mécanismes de contrôle des prix du gaz à l’international qui font face actuellement à une grande volatilité sur le marché causée par les politiques et réglementations diverses mises en œuvre par les gouvernements européens pour soutenir les énergies renouvelables et limiter l’investissement dans les énergies fossiles. Le GECF devra faire de gros efforts pour faire face à ces décisions et à la baisse des cours du gaz qui profite aux pays européens qui achètent massivement d’importantes quantités de gaz pour remplir leurs réserves, afin de pouvoir influencer la variation du prix du gaz sur le marché.
Le cartel devra profiter de l’accroissement de la part du gaz naturel liquéfié (GNL) dans le commerce mondial pour s’imposer comme acteur clé dans la transition énergétique.
Tirer profit de la conjoncture actuelle qui pourrait rebattre les cartes en faveur d’une collaboration accrue entre les membres du Groupe, qui compte les plus grands producteurs de gaz naturel au monde, à savoir, l’Algérie, la Russie, le Qatar, les EAU, le Nigeria… et qui occupent des positions stratégiques qui leur permettent d’expédier leurs marchandises vers l’Asie, l’Afrique ou l’Europe qui importe la plus grande partie de ses besoins de gaz de l’Algérie et du Qatar, mais aussi de Russie, et ce, malgré les restrictions occidentales imposées à ce pays suite à son invasion surprise de l’Ukraine en 2022.
Une guerre qui a profité aux autres pays producteurs de gaz naturel, particulièrement, l’Algérie et le Qatar qui ont signé, ces deux dernières années, plusieurs accords de vente et d’achat de gaz. L’Algérie, devenue de ce fait, un fournisseur énergétique fiable de l’Europe. Pour garder sa place, elle a décidé d’augmenter «le plateau de sa production gazière de plus de 10 milliards m3 sur les quatre prochaines années», avait indiqué au début du mois de février courant, Youcef Khanfar, le directeur central des nouvelles ressources de Sonatrach, affirmant que «l’Algérie pourrait atteindre les 150 milliards de m3 de production brute de gaz à l’horizon 2025, si tous les gisements en production aujourd’hui et ceux en développement sont bien exploités».
Le Qatar, quant à lui, veut également rehausser sa production de gaz et compte aussi élever la capacité de production du pays de GNL à «142 millions de tonnes par an d’ici 2030», selon les médias étrangers. La Russie qui exporte encore du gaz naturel et du GNL vers l’Europe prévoit, également, d’augmenter ses capacités de production en la matière. Idem pour les autres membres du Groupe, prêts à investir davantage dans le développement de leur industrie gazière, mais aussi dans le renouvelable. Mais le GECF doit s’entendre sur les prix du gaz pour pouvoir profiter de cette dynamique et maîtriser le marché du GNL en pleine expansion.
C’est ce qu’a laissé entendre, l’expert russe en énergie, Igor Yushkov, dans un entretien accordé à l’Agence presse service (APS), venu assister au Sommet du GECF, organisé à Alger. Pour lui, la stabilité actuelle du marché mondial du gaz est conjoncturelle, et il n’exclut, d’ailleurs pas «l’arrivée d’une nouvelle vague de changements dans un avenir proche, comme des ruptures de livraisons gazières qui pourraient se produire, et entraînerait une nouvelle hausse des prix, notamment en Europe. En Asie, surtout en Chine, il pourrait y avoir également une hausse de la consommation».
Cependant, la priorité du sommet est d’œuvrer à stabiliser le marché, et pour ce faire, le GECG pourrait «prendre des actions commune», a-t-il soutenu, estimant que les pays membres doivent aussi réfléchir au développement du GNL, un marché prédominé par les Etats-Unis, le Canada et le Qatar. Le 7ème Sommet du GECF à Alger sera décisif sur le sujet.
Samira Takharboucht