Les enfants d’antan, de bons citoyens

Education

Il s’agit des jeunes des générations passées qui ont mené une vie dure à un âge où on a besoin d’épanouissement.

On s’adresse surtout aux jeunes de maintenant qui ont besoin de savoir comment vivaient les anciens et comment ils arrivaient à réussir, à devenir des sages. Tout le monde était responsable de l’éducation des enfants : les parents, les maîtres d’école, les voisins. Ce qui a fait dire à un homme de culture africain que l’éducation d’un enfant est l’affaire de tout un village.

L’éducation par les exemples
On allait à l’école souvent mal chaussés, mal nourris et très mal habillés, mais ces enfants apprenaient au maximum pour peu que l’enseignement fût de qualité. Les instituteurs étaient souvent dévoués et s’adonnaient pleinement à leur tâche. Il y avait des enfants qui faisaient des kilomètres pour arriver à l’école.
D’après des témoignages, la classe commençait toujours par une leçon de morale, à partir d’une situation concrète, une histoire, une anecdote pour faire comprendre des notions abstraites comme la générosité, la solidarité, l’interdiction, la fraternité, l’union. Chaque jour, avant le calcul, la lecture, l’histoire, la géographie, on enseignait un de ces principes, par exemple le respect des parents, on raconte aux enfants une histoire : un jour un père mal habillé est rentré dans une école pour voir son garçon. Tout le monde a vu rentrer l’homme et dialoguer avec son fils. Ce dernier regagna sa classe aussi est qu’il avait fini de parler avec son père. Et comme il avait honte de lui, il a déclaré à ses camarades qu’il n’était qu’un voisin envoyé par ses parents. La moralité qui en déroule est qu’il ne faut jamais avoir honte des siens quels qu’ils soient. Une autre fois, un maître a raconté une légende sur les méfaits de l’alcool.
Devant des petits enfants il dit qu’un jour un brave musulman a vu en rêve le diable (que Dieu le maudisse) qui lui demande impérativement d’accomplir l’une des trois actions : frappe ton père, tue ta sœur ou bois du vin. « Frapper son père » dit le brave musulman, c’est un sacrilège. Tuer sa sœur est un crime affreux, je boirai du vin. En buvant du vin, il a perdu la raison : il a frappé son père et il a tué sa sœur. C’est un enseignement qui assagi les enfants et les pousser à redoubler d’ardeur dans toutes les matières. Ces enfants d’antan apprenaient à réussir au mérite, aussi ils travaillaient avec acharnement pour réussir.

Une vie dure qui préparait à devenir de bons citoyens
Il n’y avait pas de gaz, pas d’électricité, pas de commodités à la maison où les enfants étaient alignés dans le même lit pour dormir. Il fallait pour apprendre sa leçon se contenter de la faible lueur de la lampe à pétrole ou de la lampe à huile. Et telle a été la vie d’enfance et d’adolescence de Mouloud Feraoun qui disait, quand il lui arrivait de veiller de se rapprocher le plus possible de la faible lueur pour voir les lignes. C’était un enfant de pauvre qui a lutté pour devenir instituteur de haut niveau. Feraoun lisait beaucoup en empruntant des livres partout où les trouvait. Son niveau était tel qu’il avait rivalisé avec les plus grands écrivains français alors que lui, il avait d’abord appris le français, langue étrangère pour lui avant qu’elle devienne sa langue d’écriture et quelle écriture ! Une belle qui n’a jamais d’égale. Dans l’ancien temps, tous les enfants étaient pauvres exceptés les fils de commerçants, d’artisans, ou de rares fonctionnaires comme les fils d’instituteurs. Un vieillard nous a raconté sa vie d’enfance très pénible. En plus de l’école coranique et de l’école d’enseignement général, il gadait les brebis. Plus tard, il avait été obligé d’abandonner la 2ème école parce que les maîtres le punissaient pour ses retards répétés. Matin à l’aube, et soir, il lui fallait aller à l’école coranique et gare à lui s’il lui arrivait de s’absenter. Dans la journée il devait emmener paître ses brebis, alors où fallait-il placer l’autre école. L’instituteur finit par apprendre le sort malheureux du garçon à peine âgé de 10 ans. Il convoqua son père qu’il mit en garde : « Ton fils ne travaille pas à l’école, il y vient quand il a fini de faire paître les brebis. Ou tu fais de lui un berger à plein temps, ou tu le laisses venir normalement à l’école. Choisis de toute urgence », lui a dit le sage maître. Ainsi se passait la vie des jeunes garçons, quant aux filles, elles étaient exploitées à outrance ; elles n’ont jamais profité d’un répit. Mais la vie était dure pour les parents et les enfants leur apportaient une précieuse aide.
Rares les enfants qui, comme Feraoun réussissaient car on ne pouvait pas échapper aux corvées : celles du moulin de l’eau, des travaux des champs. Mon père artisan, mais il gagnait juste de quoi vivre et j’avais le malheur d’être le seul garçon de la famille. Mon père m’appelait pour l’aider dans l’atelier, il me confiait des tâches longues et difficiles. Il fallait le satisfaire pour ensuite aller au cours en me mettant bien en tête l’idée de réussir et j’ai réussi à rentrer à l’université malgré toutes ces difficultés. Pour les enfants de la campagne, on demandait de travailler dans les champs au moment des récoltes. Ceux qui réussissaient acquéraient une expérience précoce de la vie. Ils vivaient difficilement mais ils avaient cette chance de pouvoir maîtriser les difficultés quand ils atteignaient l’âge adulte.

Abed Boumediene