On n’arrive pas à dissocier la poésie de la musique et de la chanson de rythme

Esthétique musicale et thérapie de la prose

La poésie est un genre littéraire fondé sur l’esthétique des mots et du rythme. Elle a toutes les qualités qu’ont les autres genres littéraires par le pouvoir de transmettre des messages, relever le niveau de langue, initier les passionnés de poésie à l’esthétique du langage, apprendre à décrypter la langue poétique en essayant de comprendre chaque vers rimé. On ne lit pas un poème comme on lit un texte en prose tant le vocabulaire peut avoir de multiple connotations et qu’il convient d’en tenir compte pour la compréhension du thème.

Ajoutez à tout ça l’analyse des forme verbales qui contribue à saisir les quelques affinités de la langue poétique. Et les liens de la poésie avec la musique et la chanson de rythme sont tout à fait naturels pour ne pas dire étroitement liés. La musique se construit sur des paroles poétiques, on ne peut pas créer une musique uniquement sur des sons musicaux tant il y’ a toujours un fond de paroles harmonieusement liés sous forme de poème bien rythmé, bien rimé et sa construction est parfaitement adapté à la musique agréable à entendre tant sa mélodie nous charme les oreilles comme la mélodie de la poésie qui satisfait la sensibilité parce qu’elle est faite d’une suite de mots ou de phrases belles à entendre. Il en est de même de la chanson rythmé à l’image des paroles composées adroitement par le parolier qui est le spécialiste de la combinaison des paroles conçues pour produire une chanson rythmée agréablement. Il arrive dans une chanson moderne qu’une parole répétée comme un refrain surtout dans une chanson bien rythmé pour le plaisir des sens et qui réponde bien au charme de la jeunesse qui a le plus besoin de se défouler.

Parmi les grands musiciens sortis des plus grandes écoles
Amal Brahim Djelloul en est une figure de proue et qui a émerveillé par sa voix musicale des publics de grands mélomanes qui apprécient l’œuvre musicale et le chanteur qui l’exécutent avec le plus grand charme. Amal chante admirablement de vieilles chansons anonymes en leur inventant un rythme ou un air qui leur sied bien malgré le fait qu’il s’agit de textes anonymes qui remontent aux temps anciens, donc qu’elle n’a pas composés et à qui elle donne un bon coup de jeune qui les change complètement tout en étant reconnaissables. « Ay alkhir inou » chante un évènement heureux, la naissance d’un garçon. Sans accompagnement instrumentale, sa voix suffit comme musique d’un charme inouï. On souhaiterait voir sa musique tant elle est belle. Pourtant l’air est celui d’une opérette offrant un spectacle qui se suffit à lui-même. Amal est une musicienne qui a vécu avec la musique en tant que spécialiste en la matière qui connait parfaitement les grands musiciens du monde et parmi les plus célèbres et elle est arrivée au stade des inventions musicales et pourquoi pas au même titre que Beethoven et d’autres du même rang. Ayant atteint la célébrité d’Iguerbouchen, elle a chanté en duo avec Idir « Al khir inou », une chanson très ancienne et qui a failli tomber dans l’oubli, pour deux voix d’artiste sans accompagnement instrumentale, le texte versifié suffit à lui seul en s’adaptant admirablement à ces deux voix musicales. Nous avons là deux artistes qui ont bien travaillé leurs voix pour donner le meilleur d’eux-mêmes à charmer les oreilles de tous ceux qui aiment les voix de vrais artistes. Il faut parler de l’une des premières chansons d’Idir qui a fait le tour du monde pour son originalité par la mélodie, la musique et les paroles, c’est « Vava Inouva », un chef d’œuvre artistique traduite ensuite dans la plupart des langues du monde. Tous ceux qui en ont été émerveillé ont apprécié aussi bien la musique que les paroles qui les ont bercés vraiment. L’auteur, Idir, n’a fait qu’arranger un conte de grand –mère, il l’a modernisé pour être adapté à la chanson moderne. Quand on est artiste, on est capable de toutes les transformations. Il faut parler également du mérite des esclaves noirs qui à l’ère de l’esclavage ont travaillé comme des galériens dans les plantations de coton des Blancs qui traitaient les esclaves inhumainement en leur faisant faire quotidiennement le maximum d’heures de travail sous la menace d’une cravache. Pour se soutenir dans ces longues journées de calvaire, ces noirs ont inventé le Blues qu’ils fredonnaient à l’insu des patrons européens. C’est un genre musical qu’ils ont inventé dans les champs de coton. Ce qu’ils chantaient étaient des complaintes qui exprimaient leurs souffrances durant des années qui leur paraissaient longues.
Le Blues est caractérisé par une formule harmonique constante et un rythme à quatre temps dont le style a influencé le Jazz. C’était donc de la musique et des paroles que les noirs marmonnaient pour ne pas éveiller l’attention du maître. Mais, ce qui a été interdit durant l’esclavage est devenu un genre libre et modernisé au moyen d’instruments musicaux, après l’abolition de l’esclavage.

La poésie a un côté kinésithérapeute indiscutable
Elle a le pouvoir magique d’exprimer beaucoup de choses en peu de mots, de séduire tous ceux qui sont très sensibles à la beauté du texte. La poésie est belle par ses mots choisis pour leurs sonorités qui leur ajoute du charme qui s’ajoute à la rime pour former un ensemble harmonieux comme le texte poétique servant de support pour une musique. La musique est un moyen d’expression et les sons musicaux correspondent au mouvement syllabique des mots. C’est exactement comme la chanson qu’on entend sous forme de sons musicaux et de mots formant les vers chantés car, à quelques exceptions, la chanson est avant tout des paroles composant les vers d’un poème. Les instruments de musique traduisent exactement le rythme d’une chanson, de n’importe quelle chanson. Ceux qui composent des chansons sont avant des spécialistes de la poésie et les textes à chanter sont avant des poèmes. Et la chanson est faite pour plaire au public. Les mélomanes adorent la musique instrumentale et chantée. Mais les paroles seules peuvent fasciner irrésistiblement certaines catégories de personnes, les chansons exercent une séduction telle qu’ils ne peuvent pas s’en passer, c’est tout à fait naturel lorsque celui qui fait de la poésie orale a une voix musicale. Depuis la nuit des temps, il y a eu des chanteurs sans accompagnement musical parce leurs paroles plaisent à ceux qui se donnent la peine d’écouter. Certains se souviennent de ce que leurs parents ou grands parents leur racontaient, à savoir qu’en Algérie, il y avait à des époques anciennes « les meddah » itinérants, sorte de personnages qui avaient mémorisé toute la poésie d’expression orale qu’ils récitaient sur les places publiques à la grande joie de tous les présents qui n’espéraient pas les voir passer inopinément et quand ils venaient, c’était un événement heureux qu’on ressentait comme une thérapie. Ces meddah chantaient ou déclamaient des poèmes, sans accompagnement instrumentale, mais c’était beau à entendre parce que les vers brossaient un tableau de l’histoire du pays ou de la région. C’était un plaisir que de l’entendre parler ou chanter dans une voix charmante, celle de quelqu’un qui possédaient parfaitement la langue et qu’on considérait comme un cours de langue tant la diction était parfaite que tout le monde se donnait la peine de retenir. Déjà, à l’époque on considérait sa poésie comme une thérapie tellement c’était beau et enrichissant. On voit que ce qui est vrai pour la poésie, l’est aussi pour la musique qu’on aime le plus et qui à l’entendre fait beaucoup de bien. Ceci est vrai pour les déprimés, les névrosés qui ont du mal à se débarrasser de leurs pathologies et à qui la musique est une thérapie qui les guérit de leur mal. Cela fait penser aux médecins psychiatres spécialistes en matière de psychothérapie et qui utilisent pour soigner leurs patients de la musique choisie pour sa mélodie, son rythme qui à force de les entendre peuvent aider les malades à retrouver et de manière définitive leur aplomb, c’est ce qu’on appelle la musicothérapie, c’est-à-dire la musique comme thérapie. C’est pourquoi certains déséquilibrés parcourent quelquefois des kilomètres pour entendre la musique qu’ils aiment, celles du tam- tam et de la cornemuse, et des fois ils rentrent dans la danse malgré eux. Il s’agit là de déprimés qui ont soif de défoulement et pour peu qu’ils entendent une musique au loin, ils y vont immédiatement et quelle aubaine pour eux. Par ailleurs on revient à la poésie pour dire qu’elle est aussi une vitamine d’émotion, c’est là son côté kinésithérapeute. Elle a un pouvoir insoupçonné de remettre d’aplomb ceux qui souffrent d’une carence de belles paroles agencées sous forme de poèmes bien rimés et rythmés. Ainsi, il y a des gens qui adorent entendre chanter, ou d’écouter la musique ou d’entendre déclamer des vers bien rimés et rythmés, c’est leur nature et on ne doit pas aller contre la nature.
Boumediene Abed