Elle est même infaillible !

L’école de la vie n’a point de vacancesé

Quand on parle de l’école, on pense à celle qu’on a fréquentée étant petit enfant pour acquérir les rudiments de langage et de calcul. On peut penser aussi à une école de formation universitaire ou professionnelle. Mais l’école de la vie, rares sont ceux qui y pensent et qui est pourtant infaillible pour chacun.
L’école de la vie est partout, elle est à la maison, dans la rue, chez l’épicier ou dans un cabinet de médecin ou d’avocat et partout où vous allez, elle vous poursuit. C’est la vraie école qui vous apprend à bien vous comporter, à obtenir quelque chose des autres poliment et en s’acquittant du prix des denrées achetées. L’école de la vie vous apprend également à marcher sur la voie publique et dans le respect des règles, considérant que ceux qui marchent à vos côtés vous sont totalement étrangers, qu’il y a des hommes, des femmes, beaucoup d’enfants qui se croisent et vont dans tous les sens sans se saluer parce qu’ils ne se connaissent pas.
De plus, dans la société, il faut faire comme tout le monde, marcher dans le respect des normes, c’est-à-dire des principes universels de moralité que chacun doit toujours respecter sous peine de rappel à l’ordre. Et cela commence à l’enfance où au cours de laquelle les garçons et les filles qui quittent le milieu familial, découvrent le milieu social avant le milieu scolaire avec tout ce que représentent comme aléas. Ces milieux nouveaux, il faut apprendre à les subir intelligemment pour éviter d’être perpétuellement ciblé et vivre sa vie, autant que possible, sans être perturbé parce que la vie sociale et scolaire est pleine d’embûches à surmonter. La vie est faite de différences et le monde des enfants est largement représentatif de cette différence. En allant à l’école, l’enfant rencontre d’autres enfants différents par leurs visages et leurs comportements et la nature veut qu’il y ait des enfants tranquilles, sournois, taquins, moqueurs, méchants, c’est pourquoi on dit qu’il faut de tout pour faire un monde.

L’école de la vie commence à l’école
On rentre à l’école pour apprendre les fondamentaux : compter, lire, écrire. Et dès la première année, le maître doit s’évertuer à ce que chaque enfant n’ait pas de lacunes qui l’empêchent de poursuivre le cycle. Le petit enfant, s’il est perturbé, et qu’il n’arrive pas à suivre, paie cher les lacunes. Celles-ci peuvent être la cause de redoublement, de retard dans l’apprentissage par rapport aux autres, d’où la nécessité d’avoir recours aux cours de soutien si les moyens financiers le permettent. Il vous est sans doute arrivé de voir le vendredi des enfants passer avec le sac sur le dos, c’est pour aller suivre des cours payants, à condition que les parents aient la capacité de payer. C’est devenu presque une obligation pour des enfants qui n’ont pas de résultats suffisants à l’école. Et au fur et à mesure que l’enfant grandit, il découvre, d’abord le monde des enfants de tous âges et qui est comparable à celui des adultes. Pour les écoliers qui sortent des écoles, se bagarrent souvent pour des bagatelles. Et c’est comme cela la vie de tous les jeunes, ils sortent souvent comme des moutons qu’on emmène paître, il y en a qui s’insultent, d’autres jurent de se retrouver dehors pour une empoignade, mais la majorité vont individuellement à la maison ou par petits groupes. Plus tard, ils découvrent la société qui n’est aussi simple qu’on le pense. Il y a d’abord l’épicier chez qui on fait souvent les achats du quotidien, puis les gens du quartier, parmi eux, il y a des bons et des mauvais, les parents les connaissent bien et mettent en garde les enfants. Ce proverbe africain s’applique très bien à chez nous, il dit que « pour éduquer un enfant, il faut tout un village », et c’est d’autant plus vrai chez nous que les membres de chaque famille vivant dans le voisinage immédiat, exercent une influence sur chacun des jeunes appelés à devenir des adultes, après avoir suivi les recommandations des parents. Et si les enfants passent une bonne partie de la journée à la maison, ils ont largement le temps de faire leurs devoirs de classe et d’écouter les consignes des parents qui les envoient souvent acheter et ils découvrent les manières de chaque commerçant comme ils ont appris à connaître le langage des enseignants et les enfants en restent marqués à vie. On se souvient le plus de ceux qui, dans la 1ère année vous a dit : « tu es un âne », et on lui tient rancune toute la vie. C’est tout cela qui va modeler l’enfant qui ne tarde pas à devenir adolescent puis adulte.

L’école de la vie vous poursuit jusqu’à la fin de vos jours
Les anciens, rompus à la sagesse humaine et à l’école de la vie, disaient qu’il ne faut jamais dire de quelqu’un qu’il est parfait pour ses qualités morales, parce que tant qu’il est en vie, il peut toujours commettre les pires bêtises. Cette pensée est formulée sous forme d’adage populaire. L’école de la vie vous enseigne beaucoup sur la société et les individus qui la composent et qui sont capables de vous surprendre vraiment par leur comportement. Les uns sont d’apparence calme et ils sont réellement calmes, d’autres au contraire se comportent ainsi alors qu’ils sont hypocrites et n’hésitent pas si les circonstances leur sont favorables de vous faire de sales coups. Votre cheminement dans la vie vous les fait découvrir, à force de sonder, on finit par connaitre les bons et les mauvais. Il faut savoir d’après J. J. Rousseau, que l’homme nait bon, sain de corps et d’esprit, et s’il devient mauvais, c’est à cause de la société. On apprend à connaitre les individus en faisant l’expérience par la fréquentation ou par la fonction qu’on exerce. Une fois une femme vient chez un marchand de légumes et fruits, elle achète pour plus de 4500 dinars de fruits qu’elle a bien choisis méticuleusement parmi les meilleurs et une fois les sacs pleins, elle dit au marchand qu’elle allait revenir pour le payer, que son porte monnaie se trouvait dans la voiture qu’elle avait parquée juste derrière son lieu de vente. La dame bien habillée et qui inspirait confiance était partie en emportant les fruits impayés. Quant au marchand, il était déconcerté « jamais je n’aurais cru qu’une femme, paraissant pourtant sérieuse, allait me faire un coup pareil, à partir de maintenant je vais devoir me méfier de tout le monde. D’ailleurs, on peut faire une encyclopédie en 7 volumes sur ce genre de coup amer.

On ne connait jamais assez la société à laquelle on appartient
L’école de la vie fait appel à des auteurs universellement connus pour mieux comprendre la société et ce qui être dit est valable pour toutes les sociétés du monde. Le grand philosophe Nietzche a parlé du phénomène de société dans une de ses œuvres critiques « Ainsi parlait Zarathoustra » où il met en scène un personnage éponyme de l’œuvre, outré par les manières révoltantes de la société composite qu’il a jugé nécessaire de fuir. Ce qu’il a fait sans tarder pour aller vivre seul dans une montagne où il s’est mis à vivre à la manière de Robinson Crusoé, il y a vécu pendant un an au terme duquel il a fini par comprendre que la place de l’homme est dans la société, et il a fini par avoir la conviction que l’homme doit vivre avec ses semblables et qu’il est comme le soleil qui, du matin au soir réchauffe les autres. Etre seul, dans le pire isolement, a fini par lui faire comprendre qu’il n’y a pas de vie meilleure qu’une vie humaine en société plutôt qu’une vie de sauvage comme un ermite.
Le célèbre dramaturge ayant appartenu à la période du classicisme, Molière s’est très bien intéressé à la société de son époque d’où il s’est inspiré pour écrire un théâtre entièrement versifié, traduit dans toutes les langues sous prétexte de n’avoir traité que de thèmes universels qui ne choque aucune société et sous aucune religion. Ce théâtre consistant en des comédies sociales, plus d’une trentaine entièrement versifiées, peut être joué partout parce qu’il met en scène tous les caractères sociaux qui se disputent sans cesse pour inconvenances, écart de mentalité, querelles de langage sans fondement. Celle qui doit nous intéresser pour le moment, c’est « Le Misanthrope », et être misanthrope c’est détester les hommes parce que la plupart sont hypocrites et sont capables de tout, trompeurs, menteurs et ces défauts met en colère le personnage principal qui excédé, jure d’aller vivre seul dans un désert pour avoir la paix. Il est le contraire d’un autre personnage secondaire, le Philanthrope qui, lui, s’accommode bien de maux sociaux et de tous les caractères.
Le Philanthrope prend les hommes comme ils sont, vit avec toutes sortes de caractères parce qu’il n’y a pas d’autre manière de vivre, mais le philanthrope est plus malin, faisant tout pour se servir, en faisant croire à chaque catégorie humaine qu’il l’aime alors qu’il ne se montre pas sous son vrai visage contrairement au Misanthrope qui, lui, crie sous tous les toits sa colère contre les vicieux, méchants, hypocrites et d’autres qui sont complaisants envers les plus mauvais. Ces deux œuvres de grande valeur entrent de plein pied à l’école de la vie, elles servent à montrer que toutes les sociétés du monde se valent, et qu’il faut avoir l’intelligence de les supporter comme elles sont car il n’y a pas d’autre manière de vivre, il faut s’éduquer soi –même pour les supporter, on ne peut pas éduquer une société et qu’il faut l’accepter telle qu’elle est.
Boumediene Abed