Les Chouhada reviennent en mars

Fête de la Victoire

L’Algérie a été promise par l’Istiklal qui devint réalité. Nous sommes au mois de mars, et le 19 mars, c’est le Jour de la Victoire. Un proverbe attribué à ce mois avec un terme que je n’ose pas répéter, car c’est le mois des Chouhada de la Révolution. Ce mois est historique avec une particularité exceptionnel et je l’attribue à l’istiklal de l’Algérie. Car un certain 19 mars 1962, à midi, prend officiellement effet un cessez-le-feu qui met fin à huit ans de guerre en Algérie, après cent trente-deux ans de colonisation.

La veille, le gouvernement français a cédé au gouvernement provisoire de la République algérienne(GPRA) ses pouvoirs sur l’ensemble du territoire de l’Algérie. L’annonce du cessez-le-feu a été faite par feu M. Benyoucef Benkhedda, président du GPRA. (Que Dieu l’accueille dans son Vaste paradis).
La grandeur ou la discrétion ne peuvent déguiser la réalité. L’Algérie est certes libre mais le tribut de cette liberté a été des plus lourds. Plus d’un millions et demi d’hommes et femmes ont fait le don de leur vie. Il est triste de constater aujourd’hui et dans un passé récent que ce sacrifice suprême soit banalisé au point où les jeunes confondent entre les martyrs de la révolution et certaines personnalités sportives, culturelles et autres qui ont émergé dans un certain temps. Et ne comptez sûrement pas avoir les bonnes réponses si poursuivez votre listing des noms des martyrs. Il faut se référer aux interviews et sondages effectués par certaines chaines de télévisons.
Mais à qui incombe la faute ? Certainement pas aux jeunes. Est-ce de leur faute si personne n’a pris le soin d’attirer leur attention sur certains fait de la révolution ? A-t-on pris le temps de leur dire que le mois de mars n’est pas seulement le mois où le cessez-le-feu a été signé où les négociations portant sur les accords d’Evian ont abouti (19 mars 1962).
En effet, mars marquera à jamais le mois ou plusieurs dirigeants, et pas des moindres de la libération nationale, ont trouvé la mort. Les circonstances, elles diffèrent, l’Histoire rétablira peut-être un jour toute la vérité.
Un an après et jour pour jour, le 5 mars 1958, le colonel Si Lakhhdar, de son vrai nom Mokrani Rabah, alors commandant adjoint de la Wilaya IV est tombé sous les balles ennemies lors de la bataille de Boulegroune dans la wilaya de Médéa.
L’avocat des nationalistes, Ali Boumendjel a été arrêté le 9 février 1957, il est torturé puis assassiné le 23 mars 1957 sur ordre du commandant Paul Aussaresses promu ultérieurement général des services spéciaux. Soixante- quatre (64 ans) après sa disparition, l’interrogation n’a rien de trivial, selon Malika Rahal, auteure d’une affaire française, une histoire algérienne, remarquable livre sur ce dirigeant politique.
Le 29 mars 1959, un coup très dur est porté au moral des troupes après la mort des colonels Amirouche et Si Haoues en compagnie de 70 moudjahidines dans la bataille de Djebel Thameur près de Boussaada. Ces compagnons d’armes se rendaient en Tunisie ou devait se tenir une réunion des responsables. Les circonstances exactes de leurs morts n’ont jamais été connues d’où le nombre supputations. Toutefois, on ne saurait occulter le rôle joué par les deux colonels dont le premier (Amirouchede son vrai nom Aït Hammouda) avait sous son commandement l’un des plus importants bastions de la lutte armée, à savoir la région de la Soummam. Le second (Si Haoues) de son vrai nom Ahmed Ben Abderrezak avait réussi à implanter l’ALN dans le sud algérien qui deviendra la Wilaya VI.
Le 27 mars 1960, l’Algérie en quête de son indépendance allait perdre le colonel Lotfi (de son vrai nom Boudghene Benaali). Il était le plus jeune colonel de la Révolution. Il n’avait que 26 ans. Il est tombé dans le Djebel Béchar à une vingtaine de kilomètres de la ville .
Par ailleurs, la Révolution algérienne a également connu la perte de figures intellectuelles, telles que les écrivains Mouloud Feraoun et Ahmed Réda Houhou. Mouloud Feraoun a été assassiné par l’OAS le 15 mars 1962, alors que Ahmed Redha Houhou a été assassiné le 29 mars 1956, à Constantine par la «Main rouge». (4)
L’avocat des nationalistes et militant politique Ali Boumendjel a été arrêté le 9 février 1957, il est torturé puis assassiné le 23 mars 1957 sur ordre du commandant Paul Aussaresses, promu ultérieurement général des services spéciaux, en pleine Bataille d’Alger. Soixante-quatre ans après sa disparition, l’interrogation n’a rien de triviale, selon Malika Rahal, auteure de «Une affaire française, «Une histoire algérienne», remarquable livre sur ce dirigeant politique. (4)
Drôle de coïncidence ; c’est encore le 2 mars 2021 que l’Etat français a reconnu,enfin sa responsabilité dans l’assassinat du militant nationaliste Ali Boumendjel, le 23 mars 1957.
Mais le peuple algérien demande que cette reconnaissance sois généralisée à l’ensemble des familles algériennes qui attendent la vérité sur leurs enfants chouhadas, disparus, torturés puis assassinés à travers tout le territoire algérien.
Pour un devoir de mémoire, il est temps pour les historiens algériens de conjuguer tous leurs efforts pour écrire notre vraie histoire algérienne.
Pour terminer, ma ville natale, Jijel a eu aussi ces chouhadas durant le mois de mars pendant la Révolution. (5)
Abdi Ali : 06/03/1958-Abdi Ahmed 06/03/1958 -Kimouche Hocine : 15/03/1958-Abdi Mohamed 26/03/1958 -Lehtihet Chérif : 27/03/1959-Bourouh Messaoud : 06/03/1960 -Bouchemella Ferhat : 06/03/1960.-Abdi Boudjemââ : 28/03/1961 -Kezane Mohamed : 06/03/1962 -Mestar Ahmed : 06/03/1962.
Dieu a glorifié les Martyrs dans le Saint Coran. «Et ne dites pas de ceux qui sont tués dans le sentier d’Allah qu’ils sont morts. Au contraire ils sont vivants, mais vous en êtes inconscients.» Sourate 2 : Al-Baquara h (6) «Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier d’Allah, soient morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus.» Sourate 3 : Al-Imran (7)
Ce sont là quelques noms que l’histoire retiendra. Mais l’histoire retiendra aussi tous sans noms qui ont participés au recouvrement de l’indépendance .
Il ne faut pas se tromper ni tromper les générations futures, à savoir que la victoire finale n’est pas le fruit uniquement de quelques hommes ou femmes. Elle est l’aboutissement de la volonté de tout un peuple. Cela, nul n’a le droit de l’oublier.
Ce peuple qui a tant résisté et souffert, qui a tout offert et sacrifié, ses biens, ses enfants, sa paix, juste pour vivre la vie ses convictions. Etions-nous à la hauteur de la promesse faite à nos glorieux chouhadas dont l’objectif fondamental était « La restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ». (8)
Le jugement se fera par le peuple à travers l’histoire, et surtout par la justice Divine. « Gloire à nos martyrs ! ».

«Que Dieu les accueille dans son vaste paradis.»

Mr Hadji Yacine

Source :
*Maitre Larbi Roula : L’Algérie par L’ISTIKLAL (Imprimerie Nouvelle .1962) ( 1) *Renaud de Rochebrune, Benjamin Stora :La Guerre d’Algérie vue par les Algériens.Des origines à la bataille d’Alger (2). * Général Paul Aussaresses : Je n’ai pas tout dit (3)
*Le Forum de la mémoire d’Emoudjahid du 14/03/202 Batisé le mois de Victoire (4) *Archives de la Wilaya de Jijel :Tiré de la liste des Chouhadas (5)
*Coran :Sourate 2 Al-Baqarah (La Vache) Verset : 154 (6)
*Coran :Sourate 3 Al-Imran (La Famille d’Imran) Verset : 169 (7)
*Plateforme du congrès de la Soummam (8)