Entame de la procédure de classification du vieux Ksar El Boukhari

Médéa

Une procédure de classification du vieux ksar, ancien noyau urbain de la ville de Ksar-El-Boukhari, sud de Médéa, en secteur sauvegardé, a été entamée récemment par la direction de la culture et des arts en prévision de son examen par la commission nationale des biens culturels, a-t-on appris samedi auprès de cette direction. Trois groupes de travail ont été installés dans le sillage de cette démarche, l’un s’occupe du volet historique et chapeauté par l’écrivain Said Benzerga, natif de la ville de Ksar-El-Boukhari et à laquelle il a consacré une de ses œuvres, en l’occurrence «Ksar-El-Boukhari, cité soleil», alors que le second groupe de travail est dirigé par l’universitaire Samira Haoui et l’architecte Farid Oussama et prend en charge l’aspect urbanistique et architectural de la vielle ville, a expliqué la directrice de la culture, Salima Gaoua.
Le troisième groupe de travail est conduit par un représentant de l’assemblée populaire communale (APC) de Ksar-El-Boukhari et auquel il a été confié la mission d’élaborer un inventaire des biens qui forment le vieux ksar et leurs nature juridique afin de pouvoir identifier les actions à entreprendre dans le cadre de cette procédure, a-t-elle dit.
Plusieurs rencontres ont eu lieu avec des universitaires, chercheurs, membres d’association activant dans le domaine de la culture et du patrimoine, et des élus locaux en vue de la préparation d’un dossier de classement qui sera transmis à la commission nationale des biens culturels pour examen, a-t-elle confié.
Le vieux Ksar a été édifié par Mohamed El-Boukhari qui a donné son nom à la ville qui a été façonnée par des siècles d’histoire, marquée par le passage et les œuvres de grandes figures spirituelles. Elle a été émaillée de grandes épopées, à l’image de la résistance populaire conduite par la tribu des Ouled Sidi Cheikh et El Hadj El Berkani, bras droit de l’Emir Abdelkader, note l’écrivain Said Benzerga. Toutes ces épopées ont été racontées par d’illustres écrivains et artistes européens, parmi lesquels Guy de Maupassant, Henri Maltussen, Eugène Fromentin et Eugène Delacroix. D’innombrables récits furent consacrés à cette ville aux couleurs ocres, bâtie autour de la zaouia de Sidi El Boukhari, offrant de larges perspectives sur les vastes étendues steppiques ceinturées par l’atlas tellien et les hauts plateaux, poursuit l’auteur.
Ibn Khaldoun a réservé à cette ville de longs écrits dans ses récits de voyage, Eugène Fromentin, dans son livre «Un été au Sahara», a mis en exergue la beauté des lieux et ses mystères, Henri Maltussen a décrit une «terre africaine renfermant une multitude de senteurs et de secrets, que Dieu a créée pour les mystiques et les philosophes», alors que Guy de Maupassant la dépeinte comme une «ville rebelle où toutes les révoltes se font et se défont à l’heure des Boukhari», nom qui désigne les habitants de cette ville, poursuit Benzerga.
L’emplacement stratégique de Kasr-El-Boukhari fera d’elle un carrefour commercial qui attira commerçants, artisans et citoyens venus du sud, principalement de la vallée du Mzab, en quête de quiétude et de nouvelles opportunités d’affaires. Grace la présence de sources d’eau, l’activité agricole (la culture de céréales) et l’élevage ovin et caprins va se développer et contribuer à son essor socio-économique.
Dans la perspective du classement du Vieux Ksar en secteur sauvegardé, la direction de la culture et des arts a commencé depuis peu une opération de restauration qui a touché «Masdjed El-Atik», ancien lieu de culte musulman édifié au milieu du 18e siècle.
L’opération compte cibler prochainement un autre vestige historique, en l’occurrence la zaouia du «Cheikh El-Moussoum» datant du 19e siècle et qui a servi de centre de rayonnement culturel et religieux pendant des décades, a souligné Mme Gaoua.
APS