Faut-il blâmer l’administration ou le citoyen ?

Boumerdès

Cessez de vous moquer des honnêtes citoyens qui ne voient pas le bout du tunnel au sujet de la régularisation des constructions. A qui incombe la faute ? Des dossiers de régularisation ont été déposés au niveau de l’institution étatique depuis plus de quatorze longues années et ils n’ont pas fait l’objet d’étude par les responsables concernés. Qui faut-il blâmer ?

L’administration ou le citoyen dans pareille circonstance ? De qui se moque-t-on ? Pour ceux qui ne le savent pas, chaque dossier de régularisation est établi par un architecte qui lui établit des plans architecturaux sur site en divers exemplaires et qui, en dernier lieu, sera déposé au service technique de l’APC. Et une équipe vient constater l’exactitude des lieux pour en fin de compte transmettre le dossier au niveau de la daïra où une commission mixte APC – daïra les étudiera.
On n’arrive pas à expliquer cette loi car les contraintes sur le terrain sont beaucoup plus importantes qu’on peut l’imaginer, on a laissé faire et l’Etat a complètement abandonné durant plus de trente années le suivi et le contrôle de l’urbanisme et aujourd’hui, on demande aux citoyens de régulariser leurs situations et de se mettre en conformité avant août 2016, selon la loi 08-15, alors que nous sommes en 2024.
En effet, des années ont passé du délai fixé par autrefois Monsieur Abdelmadjid Tebboune, actuel président de la République en exercice, qui était ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, pour la régularisation de la situation des bâtisses non finies et illicites. Si l’opération de régularisation est lancée en 2008 et si le ministère de tutelle met la pression sur les propriétaires depuis quelques mois, malheureusement, le travail sur le terrain n’avance pas à cause de la lenteur et des lourdeurs bureaucratiques.
Encore une fois, l’administration est pointée du doigt et parmi les fausses notes de cette loi, on signale la mauvaise communication des autorités. Comment expliquer que des dossiers de régularisation déposés en 2012 au niveau des daïras de la wilaya de Boumerdès n’ont pas été pris en charge aussi rapidement et comment cette décision est-elle applicable en deux mois ? Des citoyens ont déposé leur dossier et n’ont pas eu de réponse jusqu’à ce jour. Pourquoi ne s’attaque-t-on pas à l’administration qui bloque les dossiers et pénalise les citoyens ? Aux APC de Bordj-Menaïel, de Zemmouri, qui ont reçu des milliers de dossiers de régularisation et d’après des échos parvenus, très peu de dossiers ont été traités par l’ex- chef de daïra (promu SG dans une wilaya puis wali dans la wilaya des ponts suspendus, laissant derrière lui un legs immense pour son successeur qui, lui, est en train de faire bouger les choses au ralenti.
Le nombre de constructions inachevées est tellement énorme que l’Etat n’a plus les moyens de tout contrôler. Faut-il démolir toutes les bâtisses, toutes les habitations ? Ce n’est pas possible. Cette situation est quasiment impossible. Les contraintes sur le terrain sont beaucoup plus importantes que l’on peut imaginer, car l’Etat a complètement abandonné durant plus de quarante ans le suivi et le contrôle de ce secteur, le citoyen s’est retrouvé seul face à une administration qui parfois ne connaît rien et qui n’a jamais appliqué la rigueur sur le terrain. On a fait des lois, mais qui n’ont finalement pas été appliquées parce qu’il n’y a jamais eu de suivi. A qui la faute ? L’ administration algérienne, qui est pointée du doigt par les citoyens ou encore les walis, les chefs de daïra qui ont fait un ratage monumental de la loi 08-15 qui n’a pas été prise en considération et que le phénomène des bâtisses non conformes a pris beaucoup d’ampleur durant plusieurs années car actuellement, il ne s’agit plus de constructions isolées à régulariser mais de cités toutes complètes.
On a construit dans des terrains squattés, des villas, des maisons sur quatre étages, on a complètement négligé le point de vue de l’urbanisme. Côté crise et paix sociale en Algérie, en pleine crise économique et sociale, il n’est pas donc nécessaire pour l’Etat de s’aventurer à appliquer cette décision qui menace la paix sociale à travers les démolitions de maisons. Et si le ministre de l’Urbanisme le fait, ce serait une erreur fatale en particulier avec la crise du logement actuelle, puisque jusqu’à régularisation, le citoyen ne peut faire aucune transaction de vente, location, héritage. Alors pourquoi le ministre de l’Urbanisme n’instruit-il pas les services étatiques à régulariser la situation des citoyens qui ont déposé leurs dossiers depuis plusieurs années ? Pourquoi ne pas confier ce problème aux architectes qui, eux seuls, sont habilités à donner des certificats de conformité. De toutes les manières, il y a un problème d’anarchie, d’injustice au sein de notre administration qui est très lourde et lente à régler le problème de la régularisation des bâtisses selon la loi 08-15 de 2008.
Aussi, il est à noter que des dossiers de régularisation ont été retournés à l’APC puis transmis à la DUC de Boumerdès concernant les propriétaires des deux zones d’activités de Bordj-Menaïel. Les chefs de daïra partants ne sont jamais parvenus à régler ce problème, alors que ces derniers possèdent tous des actes de propriétés.
La bureaucratie, le non Etat de droit, l’injustice et autres sont à l’origine de tous les retards et dysfonctionnements enregistrés ces dernières décennies dans la gestion des affaires du pays. L’administration algérienne gangrenée en profondeur par la bureaucratie, en lit naturel pour la corruption, a permis à l’oligarchie de faire main basse sur l’ensemble des institutions de l’Etat.

Kouider Djouab