La pression, problème de société culpabilisante

Rapports sociaux

La pression est partout et elle est de tous les temps. Sur le plan familial, un enfant peut faire pression sur ses parents en leur demandant de lui acheter un vêtement qu’il a vu sur ses camarades ou un jouet vendu quelque part à un prix qu’ils trouvent exorbitant. L’enfant crie, fait des scènes insupportables devant ses parents qui persistent à refuser mais qui finissent par céder à l’enfant gâté malgré leurs difficultés à joindre les deux bouts. La pression n’est pas agréable pour celui qui la subit parfois au détriment de sa santé. Une dame fait des frites chaque matin à son mari, alors que l’épouse a beaucoup d’autres taches ingrates à accomplir en un laps de temps court : faire la toilette et le petit déjeuner à chacun de ses enfants qui vont en classe, préparer à manger de bon matin pour que le repas soit prêt pour onze heures afin que les petits qui rentrent de l’école affamés puissent trouver à manger. Quand il s’agit d’une dame qui ne sait pas dire « non » à tous les caprices, c’est le calvaire. Il existe des endroits où la femme de ménage qui trime pour astiquer les lieux fait aussi la popote à l’insu de ceux qui mangent. Normalement, celle qui s’occupe de la serpillière pour faire un travail épuisant, n’a pas à éplucher les pommes de terre et à s’occuper d’un tas d’ingrédients pour cuisiner le déjeuner à un ensemble d’ouvriers, le soir elle doit être épuisée. Il arrive que quelqu’un profite de la bonté d’un jeune garçon qu’il a embauché pour de menus travaux fatigants. Une fois, une famille a confié leur fils à un commerçant moyennant un salaire qui devait être versé aux parents, il était logé et nourri mais était au service de ce maître du matin au soir. Il le secondait dans la vente et lorsqu’il arrivait qu’une denrée manque, c’était le garçon qui devait aller vite la chercher chez d’autres commerçants, pour ne pas perdre le client.

La pression existe partout, elle est universelle
Exercer une pression sur quelqu’un est quelque chose de banal et il y a de la pression dans tous les milieux et dans tous les pays. Cela peut se faire même à l’école quand un maître voulant punir ses élèves, exige d’eux de faire un travail colossal à remettre pour être noté et en un temps limité. Il les surveille pour qu’il n’y ait pas de relâchement et qu’il ne perde pas la face, le travail demandé doit être fait comme il leur a été demandé, c’est une règle de discipline à respecter et c’est une manière de faire qui entre dans une pédagogie efficace, obliger les enfants à faire bien et vite, cela peut être bon un certain temps, mais pas tout le temps. Toute activité que l’on veut fructueuse demande de la réflexion, du raisonnement, du temps et de la patience. Dans le cas contraire, c’est du remplissage inefficace et on en connait les résultats. Il existe une autre forme de pression qui consiste à donner à apprendre par cœur. C’est une bonne méthode mais à condition que l’on comprenne le contenu de ce qu’on apprend par cœur. C’est anti pédagogique mais il n’empêche que c’est une bonne méthode pour apprendre les langues prônée par les anciens qui pensaient juste en donnant à apprendre par cœur une pièce de théâtre classique, c’est-à-dire en vers mesurés, rimés, et formés d’un certain nombre de syllabes. On a cité le nom d’un jeune élève Algérien qui à sa sortie de l’ancienne medersa d’Alger, avait en tête une affaire de 28000 vers en arabe et en français. Et monsieur Ben Cheneb, auteur d’un livre de 1000 pages de proverbes et légendes algériens, a été professeur d’arabe dans la même médersa. Mais, de notre temps, demander aux jeunes d’apprendre par cœur, pour le lendemain, un long poème en arabe d’Al Manfalluti ou d’Ibn Zaidoun, c’est une forme de pression que l’on trouverait exagérée. Le même sentiment de colère se manifeste chez eux lorsqu’on leur demande de lire une œuvre romanesque et c’est pourtant dans leur intérêt. La pression est dans tous les milieux, n’importe qui peut faire pression sur un autre pour accomplir une tâche, alors qu’il a d’autres chats à fouetter.
R.C.